

Arrivée au Mexique en 1998, Nathalie Braux n'en est jamais repartie. Compositrice et musicienne, elle est à l'origine du groupe Sherele, d'inspiration Klezmer, et enseigne également au lycée franco-mexicain de Guadalajara.
Nathalie Braux lors d'un concert à l'Alliance française de Guadalajara avec son groupe Sherele. (Photo Sara Pz)
C'est l'envie d'impulser un changement dans sa vie qui a mené Nathalie Braux au Mexique. A 40 ans, après avoir repris des études en musicologie à la Sorbonne et le DEUG en poche, elle quitte Paris en 1998 pour Guadalajara où elle a quelques connaissances de l'université. "Je ne savais pas du tout que j'allais rester", déclare-t-elle, mais ce sont finalement la qualité de vie qu'elle juge meilleure qu'en France et surtout les ouvertures professionnelles qui l'ont convaincue que sa place était ici. "Quand tu viens de Paris, Guadalajara est une ville où il ne se passait pas grand chose culturellement parlant, se souvient Nathalie. Mais je crois que c'est justement ce manque qui fait qu'on peut prendre une place plus facilement quand on en a envie de jouer de la musique."
Mille autres vies avant une carrière musicale
Après une double formation en Histoire de l'Art à l'Ecole du Louvre et en Histoire à l'Université Paris I, Nathalie pratique bien des activités : éducatrice, professeur d'histoire-géographie, puis d'anglais, passe une année à la Nouvelle-Orléans avant de rentrer en France avec la certitude qu'elle ferait de la musique sa profession. "J'ai fait tous ces métiers car je ne savais pas encore que je voulais être musicienne", explique-t-elle. Mais encore aujourd'hui cette multi-instrumentiste concède que sa formation et son goût pour l'histoire de l'art la poursuivent : "Tout est lié, quand je compose une musique pour une pièce de théâtre, je me fais un film, je pense au film que ce serait pour moi, je pense tout de suite à une couleur, un espace."

La musique est entrée dans la vie de Nathalie de manière plutôt conventionnelle : "Dans une famille bourgeoise, les leçons de piano il n'y a rien de plus commun", sourit-elle. Ce n'est que jeune adulte qu'elle décide de se mettre à la clarinette puis au saxophone en parallèle de ses études. La musicienne a toujours eu un goût prononcé pour le jazz et la musique juive. A Paris, elle joue dans divers groupes de jazz, de musique Klezmer, la musique traditionnelle des juifs ashkénazes, et rejoint un atelier de musique roumaine. "Je ne suis pas juive, mais c'est une musique que j'ai toujours aimée, que je trouve très émouvante", confie Nathalie. C'est d'ailleurs elle qui est à l'origine de la formation de Sherele à Guadalajara, son groupe d'inspiration Klezmer, dans lequel elle joue de la clarinette, du saxophone et de l'accordéon depuis peu.
Une réelle affection pour la culture mexicaine
"J'aime la langue, la nourriture et surtout les gens de ce pays, leur spontanéité, poursuit-elle. Dans la vie du quotidien, il y a ici une familiarité qui est très agréable". Nathalie confesse admirer le stoïcisme des Mexicains face aux difficultés de l'existence : "Les gens vivent dans une sorte de crise permanente et pourtant ils ne se plaignent pas. Ici, je me suis vue avec des gens dans des adversités terribles et pourtant tout le monde savait en rire. D'ailleurs, c'est un trait de caractère que l'on prête aussi aux Juifs, savoir rire de choses dramatiques, peut-être que mon goût pour la musique Klezmer vient un peu de là."
Nathalie Braux joue du saxophone, de la clarinette et de l'accordéon. (Photo Sara Pz)
Le goût du voyage
Si ce qu'elle apprécie le plus est le travail solitaire de composition, Nathalie Braux prend aussi énormément de plaisir à jouer sur scène entourée de ses camarades musiciens. Surtout lorsqu'elle a l'occasion de partir en tournée avec eux. "Une tournée, c'est la cerise sur le gâteau. Quand on part avec l'équipe, dans le transport qui nous emmène là où l'on doit jouer, c'est le début du bonheur ! Faire une valise, y a pas mieux !", s'exclame-t-elle.
Des projets plein la tête
Nathalie a un emploi du temps bien rempli entre ses cours de musique au lycée franco-mexicain, les concerts de Sherele, l'accompagnement de la chanteuse Jaramar Soto à la clarinette et la composition de musiques pour des pièces de théâtre et des spectacles de marionnettes. Mais la parisienne ne compte pas en rester là, elle projette d'écrire davantage pour le cinéma, compte développer son groupe de jazz Nathalie Braux Jazz project et se lancer dans une thèse sur l'histoire du jazz à Guadalajara. Et sait-on jamais, posséder un jour un local dans la cité tapatía où pourraient se produire des groupes tous les soirs devant un public venu prendre un très bon repas ou simplement une bonne bière. "Et oui parce qu'ici au Mexique, il n'y a pas de limite d'âge, se réjouit Nathalie. A 55 ans, on peut encore se dire : j'ai envie de faire ci, de faire ça?"
Pour découvrir Nathalie Braux et ses groupes :
Camille François (Lepetitjournal.com/mexico) Mardi 11 mars 2014







