HISTOIRE - Il y a 20 ans, Mexico tremblait

Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 janvier 2018

Il y a exactement 20 ans, le D.F. subissait un tremblement de terre de 8,1 degrés, le plus violent de son histoire. Environ 40.000 personnes y ont probablement trouvéla mort, et le c?ur de la ville a étéravagé. Aujourd'hui encore, la plaie n'est pas tout àfait refermée

Dans les jours qui ont suivi le terremoto, les secours ont dû venir en aide àdes milliers de victimes. (Photo : AFP)

Le jeudi 19 septembre 1985, à7h19 du matin, un séisme de 8,1 degrés sur l'échelle de Richter faisait trembler Mexico. Une secousse qui a duréentre une minute 30 et trois minutes selon les zones. Assez pour mettre àbas des centaines de bâtiments : habitations, hôtels, bureaux, centres de loisirs... Le lendemain, sa réplique (6,5 degrés) achevait de semer la panique et de faire s'écrouler des édifices malmenés la veille mais qui n'étaient pas encore tombés.
Aussi loin que les Defeños se souviennent, il s'est agit du plus violent tremblement de terre jamais subi par la ville. Aussi le plus meurtrier. Les chiffres officiels ont estiméà6.000 le nombre de morts;les associations civiles qui ont participéaux secours affirment, elles, àl'unisson, que les personnes décédées seraient beaucoup plus nombreuses, au moins 40.000 voire 45.000.
De Tlatelolco à la Juarez
L'épicentre du terremoto se trouvait vers les Etats du Guerrero et du Michoacán, et ces régions ont également beaucoup souffert. Mais c'est indéniablement àMexico que les dégâts ont étéles plus impressionnants, notamment au c?ur de la ville. Le Centro Histórico a étéle plus touché, surtout les quartiers de Tlatelolco et de l'Alameda. La colonia Juarez a elle aussi étédévastée. Plus au sud, la Condesa et la Roma Norte ont également connu de nombreuses pertes.
Aujourd'hui, dans les rues frappées par la catastrophe, les immeubles en ruine ont étéremplacés par de nouveaux édifices. Parfois, les emplacements des bâtiments effondrés n'ont pas trouvépreneur et sont devenus des terrains vagues. «Quand je passe devant un immeuble qui est tombé, ça me fait toujours un pincement au c?ur, explique Gabriela, femme au foyer qui emmenait son aînéet sa cadette àl'école le jour du séisme, avec son bébésous le bras. «Par exemple, àl'endroit oùils ont construit la Plaza de la Solidaridad (juste àcôtéde l'Alameda, ndlr), il y avait avant l'Hotel Regis. Je passais souvent devant. Parfois je le cherche et il me faut quelques secondes pour réaliser qu'il n'est plus làet pourquoi ».
«La ville est-elle préparée aujourd'hui àprotéger ses habitants ? »
La célèbre écrivaine et journaliste Guadalupe Loaeza a participéàl'écriture du livre de témoignages Terremoto: ausentes y presentes. 20 años después (Ed. Planeta), qui sort symboliquement aujourd'hui. Elle affirme : «Les habitants de Mexico sont encore marqués par le terremoto de 85. En interrogeant les gens, j'ai constatéleur émotion au moment d'évoquer le drame, ils se rappellent tous oùils étaient àcet instant-làet tout le monde nourrit son discours d'une foule d'anecdotes ». Guadalupe Loaeza ajoute : «Mais ce qui m'intéresse fondamentalement, c'est que les gens se demandent s'ils ont appris la leçon, s'ils sont prêts àréagir au cas oùil arriverait la même chose aujourd'hui. Je voudrais un questionnement collectif sur la manière dont la ville s'est préparée àprotéger et secourir ses habitants ».
Les Defeños se préoccupent bel et bien du tremblement de terre et de leur sécurité. «J'ai régulièrement des clients qui me demandent si l'immeuble dans lequel ils sont sur le point d'acheter a ététestéaprès 1985, pour savoir si le séisme n'a pas laisséde séquelles invisibles dans l'armature », indique Sara Cuevas, notaire àMexico depuis 17 ans. «Malheureusement, les delegaciones n'ont pas tenu de registre. Il n'y a le plus souvent pas d'information disponible. C'est vraiment dommage ».
Camille VAYSSETTES. (LPJ) 19 septembre 2005