L'actuel Gouverneur de l'État de Mexico sera, sauf surprise de dernière minute, le candidat du PRI lors des prochaines élections présidentielles. Dans cette course à la présidence, Enrique Peña Nieto pourra compter sur son physique à la Kennedy, version John-John, et sur le soutien de grands groupes télévisuels qui le considèrent, d'ores et déjà, comme le prochain Chef d'État mexicain. Mais sa réputation sulfureuse pourrait, au final, le faire trébucher
Enrique Peña Nieto sera âgé de seulement 46 ans en 2012, année des prochaines élections présidentielles mexicaines (Photo Edgar Alberto Domínguez Cataño)
Une ascension fulgurante
Enrique Peña Nieto naît en 1966 dans la commune d'Atlacomulco située dans l'État de Mexico. Sa famille, qui a donné plusieurs hommes politiques importants au pays, s'établit à Toluca quelques années plus tard. En 1984, il s'installe au Distrito Federal pour suivre des cours de droit à l'université Panamericana. A l'issue de son parcours universitaire, qui se conclut par la rédaction d'une thèse intitulée Álvaro Obregón et le présidentialisme moderne, le jeune Peña Nieto aurait logiquement dû entamer une prometteuse carrière d'avocat. Il n'en est rien: son goût pour la chose publique le pousse à s'engager en politique.
En 1999, Peña Nieto est le trésorier de la campagne d'Arturo Montiel Rojas qui postule, sous l'étiquette du PRI, au poste de Gouverneur de l'État de Mexico. Une fois élu, le nouveau gouverneur fera gravir à Peña Nieto tous les échelons que compte son administration. En 2003, Enrique Peña Nieto prend son envol et est élu à la Chambre des députés de la République. Il n'exercera son mandat qu'une année car l'homme pressé entend mener campagne pour succéder à son mentor, Arturo Montiel Rojas. En juillet 2005, c'est chose faite, il devient le Gouverneur de l'État le plus riche et le plus puissant de Mexico.
Depuis lors, Peña Nieto jouit d'une popularité telle que, depuis de longs mois, les sondages d'opinion le désignent comme le prochain locataire de Los Pinos, la résidence officielle des Présidents mexicains.
La créature de Televisa
Mais, pour certains, la popularité dont jouit Peña Nieto ne se justifie ni par son action politique ni par ses compétences. Elle s'expliquerait plutôt par l'incroyable couverture médiatique que lui accorde la toute puissante chaîne de télévision Televisa. Il est vrai que cette dernière l'invite quasi quotidiennement à participer à des émissions qui n'ont rien à voir avec la politique et rapporte ses activités plusieurs fois par jour, dans ses journaux télévisés. Peña Nieto est même cité dans les Telenovelas qu'elle produit et diffuse. Pour Andrés Manuel López Obrador, l'ex candidat PRD à la présidentielle de 2006, Peña Nieto n'est qu'une poupée Barbie masculine créée par Televisa dans le seul but de disposer d'un Président de la République à sa botte en 2012.
"Peña Nieto a assassiné son épouse"
Mais ces allégations ne sont pas les plus préjudiciables pour Peña Nieto. Des accusations plus graves sont portées à son encontre. Beaucoup se demandent, en effet, si derrière ses apparences angéliques, ne se cache pas un personnage plus obscur, voire dangereux.
Des questions se posent, à partir de 2007, quand son épouse, Mónica Pretelini, est retrouvée morte. Celui qui devient, aux yeux de tous "le veuf en or", commet plusieurs impairs qui conduisent certains à penser qu'il pourrait avoir assassiné la mère de ses trois enfants. Lors d'un entretien télévisé avec le journaliste Jorge Ramos, sur la chaîne Univisión, Peña Nieto paraît ne pas faire grand cas du décès de son épouse et se révèle même incapable de dire quelles sont les raisons de sa mort. Pour ne rien arranger, après deux petits mois de veuvage, il officialise sa relation avec Angélica Rivera, une jeune actrice, célèbre au Mexique pour ses rôles dans des telenovelas (produites et diffusées par Televisa?).
Cette attitude jette le trouble. De rumeurs sur internet, les accusations de meurtres se font de plus en plus publiques jusqu'à la déclaration de la députée Maria Elena Perez de Tejada qui résonne comme un coup de tonnerre. A la tribune de la Chambre basse du Parlement mexicain, la jeune parlementaire prononce cette phrase cinglante et sans appel: "Enrique Peña Nieto a tué son épouse".
Si aucune preuve n'a jamais pu être présentée pour prouver la culpabilité du jeune Gouverneur, nul doute que cette affaire sera dans la mémoire de certains citoyens quand viendra le moment de glisser leur bulletin dans l'urne et de choisir le prochain Président de la République.
Olivier Charpentier (www.lepetitjournal.com/mexico) lundi 30 mai 2011
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