"Laboratorio en movimiento", fruit d'une initiative citoyenne menée par Agnès Mérat et Chimi Gutierrez, se veut le moteur du rapprochement entre tous ceux qui, en Amérique latine, agissent en faveur des énergies renouvelables
Un périple écologique entre Mexico et la Patagonie
La crise de la tortilla, qui a frappé le Mexique en 2007, a permis de placer au centre du débat public de nouveaux termes comme celui de l'éthanol et des biocarburants. Agnès Mérat et Chimi Gutierrez, qui n'étaient pas spécialement sensibilisés à cette thématique, reconnaissent que cet événement a été un élément déclencheur de l'aventure "Laboratorio en movimiento".
Quand ils se sont penchés plus profondément sur le thème des carburants verts, ils se sont rendus compte que l'Amérique latine dispose bien de quelques pôles de recherches et qu'il existe également quelques initiatives similaires à la leur, disséminés sur le continent;mais que pour autant, les liens sont inexistants entre ces diverses structures. Ce manque d'échanges entravant l'expansion de ce modèle de développement durable, l'objectif premier du périple est de récolter les informations rencontrées, de créer une base de données des différents acteurs favorables aux agrocarburants;en un mot d'être le moteur de cette mise en relation afin d'aboutir à une efficacité plus grande.
La nécessité d'une prise de conscience collective
Mais durant les 30.000 kilomètres qui les séparent de la Patagonie, destination finale, ils donneront des conférences sur le réchauffement climatique et sur l'importance des gestes quotidiens éco responsables. C'est une des idées clés du couple : il convient de faire prendre conscience à tous et pas seulement aux élites, de l'importance des énergies renouvelables. L'accessibilité du message au plus grand nombre est fondamentale dans le combat contre les énergies polluantes. Fidèle à cette idée, "Laboratorio en movimiento"a diffusé sur YouTube, vecteur par excellence de la diffusion de masse, une vidéo** présentant le projet, qui a connu un succès certain et suite à laquelle les encouragements n'ont cessé de croître. Dès lors, le couple s'est senti investi d'une réelle responsabilité et d'une motivation encore plus grande à mener à bien ce périple. Pour représenter ces soutiens et pour financer le projet, ils ont eu la brillante idée de diviser la camionnette en centaines de cases que chacun peut acheter 100 pesos et y mettre l'image de son choix.
Un regard lucide sur la question
Pour autant, le couple conserve un regard clairvoyant sur les biocarburants. Agnès et Chimi sont bien conscients des dangers que représentent la surproduction des biocarburants. En effet, ils savent se montrer critiques à l'égard de pays comme le Brésil qui, en produisant leurs agrocarburants, portent atteinte à la biodiversité et à l'environnement. L'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a d'ailleurs exprimé son inquiétude quant à la concurrence croissante des cultures énergétiques et vivrières. De plus, l'essor des agrocarburants est déjà considéré comme un facteur de la hausse des prix de l'alimentation. Ainsi, le carburant qu'ils utiliseront dans la camionnette est fait à base d'huile de cuisine recyclée. La viabilité du carburant a été testée auprès d'un étudiant ingénieur de l'université La Salle et n'entrave donc en aucun cas la culture vivrière.
Plus rien ne semble donc pouvoir les empêcher de mener à bien cette grande aventure et le mot d'ordre est d'ors et déjà donné : "¡ Todos al zócalo !"pour le départ de la camionnette verte le 4 Mai.
Matthieu ETOURNEAU. (www.lepetitjournal.com - Mexique) jeudi 27 mars 2008
Infos : laboratorioenmovimiento.com
**Video : Mexico-Patagonia en aceite{mxc}