

Il incarne l'esprit de résistance aux yeux de beaucoup de mexicains qui le fêtent chaque année, le 2 août. Mais qui était vraiment Cuauhtémoc, le onzième et dernier empereur aztèque?
Monument a Cuauhtémoc (Photo: Jose Francisco Del Valle Mojica)
L'aigle qui tombe
Alors que son oncle, l'empereur Moctezuma II, est entré dans l'histoire de la conquête espagnole pour son attitude pour le moins conciliante vis-à-vis des envahisseurs européens (pour sa défense, il faut dire que l'illustre souverain était intimement persuadé qu'Hernán Cortès était le dieu Quetzalcóatl de retour d'exil), Cuauhtémoc, lui, ne transigea à aucun moment avec les envahisseurs ibériques, bien au contraire. Avant même d'accéder au pouvoir, en effet, le jeune guerrier Cuauhtémoc, -dont le nom signifie aigle qui tombe en langue Nauhtlec- prend activement part à la célèbre bataille dite de la Noche Triste qui boute hors de Tenochtitlán, la capitale aztèque, les hommes de Cortès qui l'avaient envahie quelques mois plus tôt. Devenu empereur en 1521, à la mort de son oncle, il redouble d'efforts pour empêcher ces derniers de la reprendre: pendant plusieurs semaines, il résiste héroïquement aux assauts des envahisseurs qui assiègent la ville. En vain. La supériorité numérique et matérielle des assaillants est telle que Cuauhtémoc n'a d'autres choix que de se rendre le 22 septembre 1521.

La torture et l'exécution
Prisonnier des espagnols, le dernier empereur aztèque sait qu'il n'a aucune clémence à espérer de leur part et que la mort le guette à plus ou moins long terme. Ainsi, il demande à Cortès à être égorgé sur-le-champ, en prononçant ces quelques mots qui témoignent de sa résignation mais aussi de sa bravoure: "J'ai fait ce que j'ai pu pour défendre ma cité et je ne peux pas plus, je viens donc vers ta personne, prends ce poignard se trouvant à ta ceinture et tue-moi avec lui".
Pourtant, l'espagnol le garde en vie, espérant que Cuauhtémoc lui indique l'endroit où le trésor des aztèques est caché. Peine perdue. Le souverain déchu ne livrera jamais son secret, même sous la torture. Alors que ses compagnons hurlent de douleur sur le bucher où leurs bourreaux les ont placés, Cuauhtémoc s'adresse à eux dans un excès d'ironie que l'on ne peut qu'admirer vu les circonstances: "Et moi? Croyez-vous que je sois sur un lit de roses? ". Cortès, n'ayant plus rien à attendre de lui, le fait finalement pendre le 28 février 1525, à l'aube. L'aigle qui tombe n'a que 29 ans. Il laisse derrière lui un fils nommé Diego Mendoza de Austria Moctezuma.
Cuauhtémoc, symbole du tiers-mondisme
Plusieurs personnalités politiques ont tenté de récupérer l'image du dernier empereur Aztèque. Parmi eux, Luis Echeverría Álvarez, président de la république mexicaine entre 1970 et 1976. Ce dernier entendait élever Cuauhtémoc au rang de symbole dans sa lutte contre le post-colonialisme: "Dans le combat que mène le tiers-monde face au colonialisme des grandes puissances, Cuauhtémoc est le premier à avoir organisé la résistance". Pour ce faire, il créa une commission chargée d'authentifier des ossements qui avaient été découverts dans un petit village de l'état de Guerrero et qui étaient supposés être ceux de l'aigle qui tombe. Ce n'est qu'à la fin du mandat d'Echeverría que les experts avoueront leur incapacité à dire si ce squelette était bien celui de l'illustre résistant aztèque?
Olivier CHARPENTIER (www.lepetitjournal.com/mexico) lundi 2 janvier 2012
SECTION "HISTOIRE ET TRADITIONS"







