

Le 30e Festival International de Cinéma de Guadalajara (FICG) se tient en ce moment et ce jusqu'au 15 mars. Présent sur place, Le Petit Journal a assisté à la première mondiale du long-métrage La Delgada Línea Amarilla, en sélection officielle pour le Prix Mezcal, en présence du réalisateur et des acteurs du film.
Le film La Delgada Línea Amarilla propose une galerie de personnages rugueux et attachants. (Photo DR)
| Synopsis : Après 11 ans de bons et loyaux services comme gardien d'une casse de voitures, Toño est renvoyé. En quête de travail, il est embauché par un ancien collègue ingénieur pour peindre la ligne de séparation d'une route secondaire qui relie deux villages oubliés du Mexique. A la tête d'une équipe de quatre hommes, il s'embarque pour une mission de 15 jours et plus de 200 kilomètres à bord d'un pick-up brinquebalant. Commence alors un voyage où chaque mètre est une aventure, un moment, un personnage rencontré sur la route, où se succèdent paysages grandioses et rencontres qui passent... |
"C'est en 2008 que le projet de ce film est né, a expliqué le réalisateur Celso García lors de sa projection le samedi 7 mars dans le cadre du Festival International de Cinéma de Guadalajara. En voiture sur les routes du nord du Mexique, je me suis vu tout d'un coup arrêté par un groupe d'ouvriers en train de peindre une ligne de séparation, au milieu de nulle part. A cet instant, une pluie diluvienne s'est mise à tomber, et les hommes ont couru se réfugier sous la seule protection qu'ils avaient à leur disposition, quelques plaques de plastiques. Je me suis alors demandé : Qui sont ces hommes ? Quelle est leur vie ? De quoi parlent-ils ? Je suis parti de ces interrogations."
Connu en 2006 avec le court-métrage multi-primé La Leche y el Agua, Celso García réalise un premier long-métrage qui tient la route, sans mauvais jeu de mot. On retrouve dans La Delgada Línea Amarilla les ingrédients du succès de LaLeche y el Agua, des grands espaces secs, des visages marqués, une belle lumière et des couleurs franches. Dans ce road-movie à la mexicaine, on s'embarque volontiers avec ces cinq hommes aux profils et aux vies aussi variés que rudes. García prouve qu'il maîtrise le genre : un vieux briscard taiseux (Toño), un jeune de 20 ans en route pour les Etats-Unis (Pablo), un voleur repenti (Mario), un ex-camionneur obèse (Gabriel), un ancien artiste de cirque au grand c?ur (Atayde), la galerie des personnages brasse large et permet quelques dialogues savoureux. Préféré à Diego Cataño pour interpréter Pablo, le jeune Américo Hollander est bon en ado un peu déphasé.
Le premier jour du voyage, la voiture de Toño est volée, et dès lors les travailleurs se retrouvent livrés à eux-mêmes, sous la chaleur du soleil mexicain. An fur et à mesure que se tracent les pointillés jaunes et que se succèdent les péripéties, ces hommes rugueux mais attachants se dévoilent peu à peu et apprennent à coexister. Les codes du film d'aventure dramatique sont là aussi, et García sait saupoudrer sa création d'épisodes drôles ou émouvants, de la rencontre d'un chien abandonné, bientôt membre de la tribu, à une baignade improvisée dans un lac de bord de route. "J'ai toujours été tenté par le road-movie, mais il n'y avait pas de sujet qui m'avait accroché particulièrement jusqu'à celui-ci. Ce point de départ permettait plein de choses, offrait plein de possibilités" , a précisé García. Le réalisateur signe une belle déclaration d'amour à son pays, ses paysages incroyables et son humour jamais désespéré.
C'est peut-être là aussi la limite de ce film plaisant et frais mais qui s'apparente parfois à une leçon bien apprise de film de genre, sans réel approfondissement. Les personnages sont là, apportant tour à tour leur pierre à l'édifice du film (un sauvetage, un conseil) ou leur grain de sable dans la machine, mais leur histoire personnelle, certes dévoilée avec le temps, reste un peu survolée. Quelques personnages secondaires (un garagiste altruiste, une jeune fille amoureuse) aident les cinq comparses dans leur odyssée sans vraiment apporter au fond. A l'instar de films comme Nosotros Los Nobles ou El Jeremías (aussi en compétition au FICG), La Delgada Línea Amarilla est un bon drame, gentil (malgré une fin moins convenue qu'il n'y paraît), un film du Mexique qui gagne, qui laisse un peu le sentiment qu'après les bons moments (il y en a), aucun message n'est délivré sinon celui de se fixer des objectifs.
La Delgada Línea Amarilla, de Celso García (Mexique) - 2015
Drame ? 90mn
Avec : Rafael Pimentel (Toño), Américo Hollander (Pablo), Joaquín Cosio (Gabriel), Sylverio Palacios (Atayde), Gustavo Sánchez P. (Mario).
Luca Pueyo (Lepetitjournal.com/mexico) Mardi 10 mars 2015







