Édition internationale

ART HUICHOL - Les clés de l’artisanat des Huichols

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Couleurs luxuriantes, formes naïves mais énigmatiques, inspiration puisée dans les psychotropes?l'art si singulier des Huichols fascine de nombreux amateurs. Depuis les années 60, l'artisanat huichol est devenu une activité economique à part entière perdant ainsi son caractère initialement sacré

Tableau huichol en fil de laine, artiste: José Benitez Sánchez, 2000 (Source : Musée d'arts populaires de Zacatecas)

En flânant dans les marchés d'artisanat du Mexique, impossible de ne pas avoir l'?il attiré par les tableaux, masques, figurines ou accessoires huichols. Saturé de couleurs vives, orné de dessins souvent naïfs mais énigmatiques, l'artisanat huichol séduit un public de plus en plus vaste, même chez ceux qui ne connaissent, a priori, pas grand-chose à ce peuple indigène du désert de la Sierra Madre.
Au départ, pourtant, l'art huichol est un art sacré. Solennel et tourné vers la religion, il se manifeste traditionnellement par des peintures rupestres, des sculptures en pierre, ou encore des tableaux de fils de laine utilisés comme offrandes aux Dieux.
Assemblant de nombreuses images, tantôt géométriques et abstraites, tantôt figuratives (notamment avec des animaux), la créativité débridée des Huichols se nourrit d'"hallucinations". Les artistes sont en effet très inspirés par ce qu'ils observent sous l'influence de psychotropes, surtout après avoir pris le cactus sacré, utilisé lors de rituels, le peyote.
Robert Zingg, un des premiers anthropologues à avoir rencontré les Huichols, dans les années 1930, a affirmé que "tous les adultes sont des artistes, les hommes sachant faire les objets votifs et les femmes, les textiles brodés". C'est l'hommage de cette population aux puissances supérieures. Mais dans les années 60, ce savoir-faire est devenu une activité économique à part entière. En devenant peu à peu de l'artisanat, il a perdu de son caractère dévot et une grande part de sa dimension spirituelle.
Tableau huichol en perles, artiste: Angel Torre de La Cruz, 2005 (Photo : ODAPI)
 
La jeune génération en rupture
Il s'est de fait développé une production exclusive pour le monde extérieur à la Sierra. Pour des raisons esthétiques, la nouvelle génération réalise des tableaux plus souvent faits en perles qu'en laine; les objets perdent alors toute signification religieuse. Cette nouvelle génération est très critiquée par les garants de la tradition, qui la considèrent mal initiée et déplorent la perte du religieux au profit du monnayable.
Cette relative perte de sens, les Huichols la portent sur eux, à travers l'évolution des textiles pendant le siècle dernier. Les vêtements des hommes sont toujours faits de toile de coton, brodée de fils multicolores. Les femmes, au contraire, mettent le plus souvent ces mêmes vêtements brodés de côté, et préfèrent aujourd'hui des tissus industriels avec des dessins imprimés.
Sabine TIECHE (www.lepetitjournal.com/mexico) lundi 2 novembre 2005
lepetitjournal.com Mexico
Publié le 2 novembre 2009, mis à jour le 13 novembre 2012
Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos