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TULA – Un trésor toltèque à deux heures de Mexico

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 26 octobre 2015, mis à jour le 6 janvier 2018

 

A une centaine de kilomètres au nord de Mexico, au milieu des agaves et des cactus en tout genre, la petite ville de Tula cache des ruines toltèques grandioses et somptueuses qui n'ont rien à envier à Teotihuacán. Et pour cause : pendant plus de quatre siècles, Tula fût la capitale des Toltèques et l'une des villes les plus importantes du Mexique. Vers 1000 après J-C, la métropole abritait même des dizaines de milliers d'habitants et s'étendait sur près de 16 kilomètres carrés.La pyramide B, sanctuaire royal dédié au culte de la royauté et de la guerre  (Margot Cariou)

Idéale pour une journée découverte, la visite de Tula peut être regroupée avec celle Tepotzotlan et est l'occasion de partir à la découverte des secrets toltèques. Un peuple mystérieux et paradoxal, qui, malgré sa barbarie, fût à l'origine d'une culture avant-gardiste et raffinée dont les Aztèques, trois siècles plus tard, se revendiquèrent être les descendants. Ils en reprirent en effet les systèmes politique et religieux et en perpétuèrent l'art et l'architecture. A tel point qu'ils utilisèrent la dénomination « toltèque » pour désigner leurs artistes.

Apogée et déclin d'une civilisation conquérante et avant-gardiste

Peuple de guerriers venus du nord pour conquérir de nouvelles terres, les Toltèques, sous les ordres de leur chef Mixcoátl, choisirent Tula pour établir leur capitale. Une capitale à la culture et aux m?urs raffinées contrastant avec leurs origines chichimèques et certains aspects barbares de leur civilisation. Ils auraient notamment étaient précurseurs dans l'art de la peinture, de la sculpture et de la poésie et auraient donc été parmi les premiers à maîtriser l'écriture. Avant-gardistes et fins guerriers, en deux siècles, les Toltèques parvinrent ainsi à bâtir un puissant empire dominant toute la vallée de Mexico.

Atlante, symbole de la culture guerrière des Toltèques (Margot Cariou)

Ils croyaient en « Quetzalcoátl », ce Dieu qui traverse toute la mythologie pré-colombienne pour avoir fait don aux hommes de l'âme et de la morale mais en l'honneur duquel, cependant, les Toltèques systématisèrent le sacrifice humain. Un sacrifice cruel mais qui permettait, selon la croyance toltèque, de régénérer la nature, de régler le cycle des saisons et d'assurer la pérennité de leur civilisation. Ces rituels religieux n'épargnèrent néanmoins pas la cité Toltèque qui fut envahie et incendiée par d'autres barbares venus du Nord au XIIème siècle. Un exemple parmi d'autres de l'équilibre précaire sur lequel reposait ces cultures. Des cultures futuristes et puissantes qui, pourtant, disparurent aussi vite qu'elle furent bâties, ne laissant derrière elles que des ruines, dont la grandeur laisse toutefois imaginer l'importance de ces civilisations à leurs apogées.

Des ruines révélatrices du prestige et de la grandeur de la civilisation Toltèque

Parmi ces vestiges, la « pyramide B » est sans aucun doute l'édifice le plus représentatif de la grandeur de la civilisation toltèque. Caractéristique de son architecture, à l'époque, elle était déjà l'un des édifices sacrés les plus importants de la ville. Et pour cause ; il s'agissait probablement d'un sanctuaire auquel seuls les Rois et les plus grands prêtres avaient accès. Elle était d'ailleurs dédiée au culte de la royauté et de la guerre si l'on en croit les portraits des dynasties dirigeantes gravés sur les colonnes de pierre et les imposants Atlantes, représentation des guerriers Toltèques, tenant dans une main un atlatl et, dans l'autre, une poignée de flèches. Du haut de leurs 4 mètres 60, ces géants de pierre sont l'incarnation même de la grandeur la civilisation toltèque et s'érigent désormais en protecteurs de la cité. A l'origine, il ne s'agissait pourtant que de piliers supportant le toit d'un immense temple dont il ne reste désormais plus rien mais dont, à l'aune de ces piliers colossaux, on peut facilement imaginer l'ampleur.

Le mur des serpents et ses sculptures (Margot Cariou) 

Malgré la difficulté de rivaliser avec de telles pièces, la zone archéologique de Tula concentre d'autres édifices méritant également qu'on s'y attarde. C'est notamment le cas du « Coatepantli » ou « mur des serpents » sur lequel on peut voir des squelettes humains se faire dévorer par d'énormes serpents, en écho au sacrifice humain inhérent à la culture Toltèque et qui servait probablement à délimiter l'espace sacré de l'espace profane. A sa droite, des colonnes de pierre laissent également entrevoir ce qui était autrefois le « palais brûlé », un important complexe architectural de trois grandes pièces qui servait probablement de lieu de réunion à l'élite dirigeante mais fût détruit par le feu lors de l'invasion de la capitale par d'autres peuples du Nord. Plus généralement, le site archéologique de Tula présente toutes les marques de ce qui était, il y a plus d'un millénaire, une cité avant-gardiste et vivante avec ses places, ses terrasses, ses allées, ses systèmes de canaux et de drainages, et ses jeux de pelote.

Grandiose et paradoxale, c'est ainsi qu'on peut décrire la civilisation toltèque dont la barbarie des sacrifices humains contraste avec la beauté des poèmes et de l'architecture qui, encore aujourd'hui, laisse admiratif.


Vestige du « palais brûlé ». (Margot Cariou)

Margot Cariou (Lepetitjournal.com/mexico) Lundi 26 octobre 2015

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 26 octobre 2015, mis à jour le 6 janvier 2018

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