A une centaine de kilomètres au nord de Mexico, au milieu des agaves et des cactus en tout genre, la petite ville de Tula cache des ruines toltèques grandioses et somptueuses qui n'ont rien à envier à Teotihuacán. Et pour cause : pendant plus de quatre siècles, Tula fût la capitale des Toltèques et l'une des villes les plus importantes du Mexique. Vers 1000 après J-C, la métropole abritait même des dizaines de milliers d'habitants et s'étendait sur près de 16 kilomètres carrés.La pyramide B, sanctuaire royal dédié au culte de la royauté et de la guerre (Margot Cariou)
Idéale pour une journée découverte, la visite de Tula peut être regroupée avec celle Tepotzotlan et est l'occasion de partir à la découverte des secrets toltèques. Un peuple mystérieux et paradoxal, qui, malgré sa barbarie, fût à l'origine d'une culture avant-gardiste et raffinée dont les Aztèques, trois siècles plus tard, se revendiquèrent être les descendants. Ils en reprirent en effet les systèmes politique et religieux et en perpétuèrent l'art et l'architecture. A tel point qu'ils utilisèrent la dénomination « toltèque » pour désigner leurs artistes.
Apogée et déclin d'une civilisation conquérante et avant-gardiste
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Atlante, symbole de la culture guerrière des Toltèques (Margot Cariou)
Ils croyaient en « Quetzalcoátl », ce Dieu qui traverse toute la mythologie pré-colombienne pour avoir fait don aux hommes de l'âme et de la morale mais en l'honneur duquel, cependant, les Toltèques systématisèrent le sacrifice humain. Un sacrifice cruel mais qui permettait, selon la croyance toltèque, de régénérer la nature, de régler le cycle des saisons et d'assurer la pérennité de leur civilisation. Ces rituels religieux n'épargnèrent néanmoins pas la cité Toltèque qui fut envahie et incendiée par d'autres barbares venus du Nord au XIIème siècle. Un exemple parmi d'autres de l'équilibre précaire sur lequel reposait ces cultures. Des cultures futuristes et puissantes qui, pourtant, disparurent aussi vite qu'elle furent bâties, ne laissant derrière elles que des ruines, dont la grandeur laisse toutefois imaginer l'importance de ces civilisations à leurs apogées.
Des ruines révélatrices du prestige et de la grandeur de la civilisation Toltèque
Malgré la difficulté de rivaliser avec de telles pièces, la zone archéologique de Tula concentre d'autres édifices méritant également qu'on s'y attarde. C'est notamment le cas du « Coatepantli » ou « mur des serpents » sur lequel on peut voir des squelettes humains se faire dévorer par d'énormes serpents, en écho au sacrifice humain inhérent à la culture Toltèque et qui servait probablement à délimiter l'espace sacré de l'espace profane. A sa droite, des colonnes de pierre laissent également entrevoir ce qui était autrefois le « palais brûlé », un important complexe architectural de trois grandes pièces qui servait probablement de lieu de réunion à l'élite dirigeante mais fût détruit par le feu lors de l'invasion de la capitale par d'autres peuples du Nord. Plus généralement, le site archéologique de Tula présente toutes les marques de ce qui était, il y a plus d'un millénaire, une cité avant-gardiste et vivante avec ses places, ses terrasses, ses allées, ses systèmes de canaux et de drainages, et ses jeux de pelote.
Grandiose et paradoxale, c'est ainsi qu'on peut décrire la civilisation toltèque dont la barbarie des sacrifices humains contraste avec la beauté des poèmes et de l'architecture qui, encore aujourd'hui, laisse admiratif.
Vestige du « palais brûlé ». (Margot Cariou)
Margot Cariou (Lepetitjournal.com/mexico) Lundi 26 octobre 2015
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