Le quartier San Rafael a connu son moment de gloire. Fin XIX et début XXème siècle, ce quartier fut fréquenté par une classe élevée et ensuite par une classe populaire. Malgré un long passage à vide, il conserve indéniablement un énorme charme et garde la nostalgie du temps de cette splendeur, avec des édifices magnifiques, des lieux de convivialité et de culture
Marché San Cosme. Photo Anthony Groussard
La naissance du quartier San Rafael
C'est un des premiers quartiers de la ville, il existe depuis 1891, délimité par le Circuit intérieur et l'avenue Insurgentes, les rues Villalongin et Ribera de San Cosme. Il possède une richesse architectonique et culturelle incontestable. Pendant le Porfiriato, l'époque pendant laquelle le dictateur Porfirio Diaz fut au pouvoir, c'était un quartier luxueux, avec des édifices et des avenues somptueux d'influence architecturale française.
Les rues portent encore les noms de personnages fameux de l'époque, comme le philosophe Antonio Caso, l'actrice Virginia Fábregas, l'écrivain et historien Francisco Pimentel. Il possédait de nombreux théâtres (Manolo Fábregas, Foro Isabellino) et quelques cinémas (Encanto, el Universal, Cine Opera), certains existent toujours et d'autres sont passés dans l'oubli.
Un quartier aux milles saveurs
Juste à côté du jardin, se trouve le marché de Sullivan, où il est possible d'acheter des vêtements le samedi, une grande variété de fruits et légumes le dimanche.
La Cantina La Polar (rue Guillermo Prieto n°129) existe depuis plus de 30 ans, et elle a la particularité de ne pas servir de l'alcool sans aliments, des tacos de birria sèche ou encore un bon bouillon. En plus de ce plaisir gustatif, le tout est accompagné de mariachi.
La rue Serapio Rendón possède de nombreux restaurants de cuisine mexicaine mais aussi des pâtisseries fines européennes comme la boutique Monique.
Le petit local de la rue Ribera de San Cosme n°56 abrite une des meilleures taqueria, la légendaire El Califa de Leon, plus de 30 ans d'existence grâce à une recette simple mais efficace: des tortillas fraîches faites sur le moment, deux sauces, une de piment morita et l'autre de serrano, et plusieurs sortes de viandes, des côtes et des filets de bifteck imbibés de citron et de sel en grain.
Depuis 1941, la Boca del Rio (rue Ribera de San Cosme n°42) est un endroit très fréquenté avec toujours autant de succès, sûrement grâce aux fruits de mer typiques du port de Veracruz et grâce à ses diverses spécialités: aguachile de crevettes, crabes farcis, langoustines, et huîtres.
Des endroits splendides de culture
Le 10 mai 1949, le président Miguel Alemán Váldes inaugura le Monumento a la Madre, un hommage fait aux mères basé sur le 10 mai, jour des mères au Mexique. Ce monument représente une femme vêtue d'un long tissu avec un enfant dans ses bras et il y est inscrit la phrase suivante: "A la que nos amó antes de conocernos ("A celle qui nous a aimé avant de connaître").
L'autre construction imposante et très remarquée du quartier, est à créditer à l'architecte Félix T. Nuncio, à l'origine du cinéma Art déco, le Cine Opera (rue Serapio Rendón), dont le fronton est mis en valeur par deux gigantesques statues. Il fut inauguré en 1949 et dans les années 70, il s'est converti en salle de concert rock. En 1998, il fut fermé pour causes de dégâts sérieux de la structure.
Le Centre Culturel Virginia Fábregas (rue Velazquez de Leon n°29), qui porte le nom de la fameuse actrice Virginia Fábregas, a ouvert ses portes en 1982, comme complexe théâtral pour y former les futurs talents du théâtre mexicain. Inauguré en 1965, le Théâtre Manolo Fábregas (rue Serapio Rendón n°15), anciennement Théâtre Nuevo Ideal de 1954 à 1965, continue d'être un lieu majeur de théâtre.
Situé rue Serapio Rendón n°76, l'Institut de la Jeunesse (IMJUVE) offre divers ateliers artistiques, de la danse au chant en passant par la peinture. Il est possible d'y consulter des supports audiovisuels, des livres, des thèses et des revues au sein du CENDOC.
De nombreux édifices et demeures intriguent le promeneur intéressé par l'architecture, telle que la maison en ruine située rue Manuel Maria Contreras au n°27, qui ne porte aucune inscription du propriétaire d'antan mais d'une telle beauté malgré sa dégradation. Quant à la maison située rue Rosas Moreno n°142, au XIX siècle, elle appartenait au diplomate russe Gregoire Alexandrovich De Wollant. Elle est totalement abandonnée, et malgré cela, c'est une des merveilles du quartier; de même que le Temple de San Damián qui date de l'époque coloniale.
Quant au très discret Musée Experimental L'Eco (rue Sullivan 43), c'est la matérialisation du Manifeste de l'Architecture Emotionnelle de son créateur, Mathias Goeritz. Depuis son inauguration en 1953, il fut l'icône de l'architecture mexicaine, incarnant la rénovation de l'art. Basée sur le Manifeste, sa construction reflète une expérience de l'espace comme acte émotionnel. Fin des années 50, le musée a suivi une longue déchéance et s'est converti en restaurant, en club nocturne, puis en théâtre, etc. En 2005, l'UNAM le récupéra, le restaura en son état originel et le refit fonctionner comme musée expérimental dont l'intention première est d'étendre la multidisciplinarité et les langages des arts.
Le Jardin de l'Art est un autre endroit où l'art y est dignement présenté. Situé rue James Sullivan (à côté du Monumento a la Madre), ce jardin accueille près de 500 artistes qui, chaque dimanche de 10h à 16h, exposent et vendent des peintures, des sculptures et des antiquités.
Anthony Groussard (www.lepetitjournal.com/mexico) mercredi 29 mai 2013
Carte précise du quartier
Vue d'ensemble du quartier
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