Édition internationale

RARÁMURIS - A la rencontre d’une ethnie de l’Etat de Chihuahua

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 novembre 2012

Les 50.000 Rarámuris forment une ethnie installée dans les canyons de l'Etat de Chihuahua, au sein de la Sierra Tarahumara. Ce milieu montagneux et sauvage leur a permis de conserver leurs rites et traditions, entre autres, le rite du peyotl et la course à pied

Photo: Emilie Derian

Les Rarámuris (ou Tarahumaras)
Le mot rarámuri veut dire "coureur à pied". Cette ethnie se distingue par sa philosophie, elle accorde plus de valeur aux personnes qu'aux choses. Son organisation sociale est démocratique et harmonieuse, personne n'a plus qu'un autre, et chacun doit travailler ou avoir une responsabilité au sein du groupe. Les Rarámuris appliquent une sorte de communisme agraire où n'existent ni propriété privée ni pouvoir centralisé. Partager est la base de leur sociabilité. De fait, lorsqu'une personne bénéficie du travail communautaire, elle doit en échange remercier tous les participants en leur préparant une boisson fermentée de maïs : le tesgüino. Ils vivent de l'agriculture du maïs, de l'artisanat et du tourisme dont ils dépendent beaucoup aujourd'hui.

Zone géographique
Ils vivent dans les canyons de l'Etat de Chihuahua, dans la Sierra Tarahumara, une zone de grande biodiversité. Selon les saisons, ils habitent des grottes ou des maison en bois, un paysage magnifique de canyons, ruisseaux qui serpentent, de bois de pins, de vallées et montagnes peuplées d'effigies naturelles, ces rochers gravés de symboles mystiques comme la Vallée des Moines, des Grenouilles et des Champignons près de Creel. Leur isolement, dû à la topographie de la région, leur a permis de préserver un grand nombre de traditions. 

Photo: Emilie Derian

Coutumes et traditions
Même si beaucoup ont adopté la mode vestimentaire occidentale, comme le jean, les femmes portent toujours des jupes plissées et des chemisiers de couleurs vives, et les hommes arborent d'amples chemises blanches ou de couleur avec un col et de longues manches, et un pagne ou cache- sexe en tissu. Parfois ils s'habillent de couvertures (sarapes) et tous se chaussent des sandales traditionnelles (akaka). Le Koyera, un ruban pour les cheveux, est un signe distinctif de ce peuple.

Ils pratiquent différentes danses et fêtes mystico-religieuses, comme le "Yumari" : ils demandent au père Soleil et à la mère Lune de produire de la pluie. La danse du peyotl, "jícuri", "ciguri", protecteur contre les dangers et certaines maladies, leur permet d'atteindre un état supérieur. Il y a aussi la danse du "Tutugúri" (paroles secrètes d'où seules émergent les voyelles). Les Rarámuris accompagnent certaines de ces fêtes de musique avec flûte, guitare, harpe et violon. Ils se marient avant 16 ans car ils sont considérés comme adultes à 14 ans. Lors des tesgüinadas, réunions sociales au cours desquelles ils boivent le tesgüino, ils font connaissance : en général, la femme prend l'initiative. Lors de fêtes, ils préparent aussi un plat traditionnel : le tónari (bouillon de viande de b?uf, courgettes, pommes de terre et épices).

Ils ont des courses rituelles comme le rarajípari ("carrera de bola"), une course d'endurance d'hommes relançant du pied une boule de bois sur une distance définie par un pari, parfois durant deux jours ou sur près de 200 Km, et l'ariweta ("juego de palillo") une course de femmes rattrapant dans la foulée, du bout d'une canne, un anneau qu'elles projettent aussitôt en avant.

Les fêtes les plus célèbres sont celles qui ont lieu à Norogachi, San Ignacio, Arareko, Cusárare, Basíhuare, Sisoguichi et Samachique. Les Rarámuris y mettent en scène la lutte du bien contre le mal, où ils brûlent le Judas et le "chabochi" (l'homme blanc), symboles du mal, le tout dans une ambiance folklorique et colorée.

Une intégrité menacée
Leur culture est menacée par la pression du tourisme, les déforestations qui aggravent la sécheresse, l'appropriation de leurs terres pour construire un inutile aéroport à Creel, les Jésuites et les ONG qui persistent à interférer dans leur manière de vivre et les narcotrafiquants qui exploitent les communautés en les obligeant à cultiver la marijuana.

ANTHONY GROUSSARD (www.lepetitjournal/mexico) Jeudi 18 août 2011 (Republication)

Vidéo de la Danza de Matachines:

 

Bibliographie:
CARL LUMHOLTZ, el Mexico desconocido, 1904
ANTONIN ARTAUD, Les Tarahumaras, 1955
LUIS GONZALEZ RODRIGUEZ, Tarahumara, la sierra y el hombre, Mexico, 1982

Film:
CARASCO Raymonde, Artaud et les Tarahumaras, 52 min,16mm, 1995

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lepetitjournal.com Mexico
Publié le 18 août 2011, mis à jour le 14 novembre 2012
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