

Les Français qui vivent au Mexique sont souvent les premiers à le dénigrer, mais la República mexicana fait bien partie des nouveaux pays producteurs de vin. Petit panorama de la tradition viticole en terres aztèques
C'est en Baja California que sont installés les principaux vignobles mexicains. (Photo : AFP)
Qui parle vin du "nouveau monde"pense généralement à l'Australie, à l'Afrique du Sud, aux Etats-Unis et, pour les expatriés d'Amérique latine, surtout au Chili et à l'Argentine. Pourtant, on a tendance à l'oublier : il se produit du vin au Mexique et ça ne date pas d'hier.
Dès 1524, le colonisateur en chef Hernán Cortés fait importer de la vigne d'Espagne et incite les grands propriétaires terriens à en cultiver. Voilà qui arrange tous les nouveaux arrivants espagnols, friands de vins mais pour qui importer des bouteilles depuis leur mère patrie devient rapidement très coûteux. Les ordres religieux, qui commencent à s'établir en nombre dans le pays et à construire des monastères entourés de vastes terrains cultivables, suivent aussi le mouvement;il faut bien du vin pour servir la messe !
Les rois d'Espagne interdisent la production
Mais le tout jeune décollage de la production viticole mexicaine va tourner court. La Couronne d'Espagne voit d'un très mauvais ?il la quasi autosuffisance dont est en train de se doter le Mexique et le manque à gagner que cela représente pour les vignerons espagnols. Dès la fin du XVIe siècle, la production de vin est interdite au Mexique.
Il faut attendre l'Indépendance et le début du XIXº pour que l'interdiction soit levée. Pourtant, "le mal est déjà fait", estime Julio Michaud, ?nologue mexicain d'origine française, et auteur de l'ouvrage de référence El Libro del Vino Mexicano. D'autres boissons ? bière, tequila ? ont ainsi pris la vedette.

Cinq siècles d'histoire mais 50 ans de tradition
Il faut attendre jusqu'aux années 1950 pour voir des Mexicains miser de nouveau sur la viabilité économique de la production viticole, notamment les maisons Bodegas Santo Tomás et Casa Pedro Domecq, qui sont aujourd'hui encore les plus importantes du pays. Des viticulteurs s'installent dans les Etats d'Aguascalientes, Chihuahua, Querétaro, Zacatecas, Coahuila, et surtout en Basse Californie. On cultive du Cabernet Sauvignon, du Merlot, du Grenache, du Pinot noir, du Syrah, parmi une vingtaine d'autres variétés. Un peu plus de 40 millions de litres sont pressés chaque année;une petite production, destinée presque exclusivement au marché national.
"Dès que je discute avec des collègues étrangers, on me dit que la culture du vin n'a jamais ?pris' au Mexique, explique Julio Michaud. Je réponds toujours qu'on nous a infligé plus de trois siècles de passage à vide. Donc c'est un peu normal si c'est un marché en construction et si les Mexicains n'ont pas intégré le vin à leurs habitudes alimentaires".
Chaque Mexicain consomme en moyenne 35 centilitres par an, avec des pics à huit litres dans le D.F. et certaines villes touristiques;presque rien par rapport aux Français et à leurs 58 litres par tête et par an. "J'ai bon espoir que la tendance évolue et que ce ne soit qu'une question de temps", conclut cependant Julio Michaud.
Camille VAYSSETTES. (www.lepetitjournal.com ? Mexico) 9 octobre 2006
La Cofradía del Vino éduque les palais
Avec son compère Federico Espriú, Julio Michaud a fondé il y a un peu d'un an la Cofradía del Vino, une entreprise dont la mission auto-attribuée est de réunir les amateurs, novices comme fins connaisseurs, autour d'événements où le vin tient la vedette. Tous les mois, un dîner dégustation en cinq temps est organisé dans l'un des meilleurs restaurants de la ville (El Lago, Hacienda de los Morales, Marquis Reforma?), différent à chaque fois. Pour chaque plat, Julio Michaud choisit un vin et le repas est ponctué par les explications du célèbre ?nologue. La Cofradía propose également des catas (dégustations) sur demande et des excursions ou voyages dans les vignobles (Chili, Espagne, Nappa Valley, Querétaro). Une jolie idée à suivre. Pour en savoir plus sur la Cofradía del Vino, rendez vous sur leur site (www.lepetitjournal.com ? 9 octobre 2006)







