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Référendum : la Nouvelle-Calédonie choisit la France

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Parker Johnson, Unsplash
Écrit par AFP
Publié le 5 novembre 2018, mis à jour le 5 novembre 2018

La Nouvelle-Calédonie a choisi dimanche de rester dans le giron français lors d'un référendum d'autodétermination historique, consacrant selon le président Macron une "marque de confiance dans la République", malgré une importante percée des indépendantistes. Par Cécile AZZARO

 
Selon les résultats définitifs sur les 284 bureaux de l'archipel français, colonisé en 1853 et disposant d'importantes réserves de nickel, le non à l'indépendance l'a emporté avec 56,4% des voix contre 43,6% pour le oui.

La participation a été massive, avec 80,63 % de votants. Quelques incidents ont été signalés en fin de soirée, mais le scrutin s'est dans l'ensemble déroulé dans le calme.


Dans une allocution télévisée depuis l'Élysée, Emmanuel Macron a exprimé son "immense fierté que nous ayons passé ensemble cette étape historique" et que "la majorité des Calédoniens ait choisi la France".

Le chef de l'Etat a ajouté qu'il n'y avait désormais "pas d'autre chemin que celui du dialogue" et a invité "chacun à se tourner vers l'avenir".

Le Premier ministre Édouard Philippe est attendu sur place dès lundi, en provenance du Vietnam, pour "rencontrer l'ensemble des forces politiques" et "discuter" de l'avenir de ce territoire stratégique.


Le résultat du référendum a incontestablement conforté les indépendantistes, alors que les sondages tablaient tous sur une large victoire du non, dans une fourchette de 63 à 75%.

Fort de leur score, les partisans d'une rupture avec la métropole ont aussitôt réaffirmé leur volonté d'aller jusqu'au bout de l'accord de Nouméa (1998) et de demander l'organisation de deux autres référendums dans les quatre ans à venir, comme prévu par l'accord.

Pour Louis Mapou, chef du groupe UNI-FLNKS au Congrès, "les indépendantistes sont encore plus motivés qu'avant pour demander le deuxième et troisième référendum. Dès demain, on va préparer la mariée pour qu'elle soit encore plus belle en 2020", a-t-il dit à l'AFP.

"On est à deux doigts de la victoire, et il nous reste deux consultations à venir", a aussi souligné Alosio Sako, président du rassemblement démocratique océanien (FLNKS).


De fait, l'ambiance était plus festive dimanche soir chez les perdants que les vainqueurs. "Ce sont ceux qui ont perdu qui font la fête", a constaté Philippe Gomès, leader du principal parti non indépendantiste, Calédonie Ensemble (droite modérée) à 01H00 du matin dans un QG désert.

Les trois partis loyalistes, très divisés, avaient mis en avant la protection qu'apporte la France et son 1,3 milliard d'euros d'aides annuelles, et espéraient qu'une large victoire éloigne la perspective de nouveaux référendums.

Philippe Michel, secrétaire général de Calédonie Ensemble, "continue de penser que c'est mieux si on peut se passer d'un deuxième et d'un troisième référendum", mais qu'il ne s'opposerait pas à l'accord de Nouméa, qui est "constitutionnalisé".

"Est-ce que la Nouvelle-Calédonie a vraiment quatre ans à perdre ?", a de son côté demandé Sonia Backès, présidente du groupe Les Républicains au Congrès. Elle plaide pour "trouver une solution et remplacer ce deuxième et troisième référendum" afin de "stabiliser enfin la Nouvelle-Calédonie".


Selon Pierre-Christophe Pantz, docteur en géopolitique, il est "clair qu'on ne discute pas de la même manière quand on fait 43% plutôt que 30%". "Cela va forcer les non-indépendantistes à revoir leur copie", ajoute l'expert, qui explique ce score élevé par "une forte mobilisation jamais atteinte dans les communes indépendantistes de la Grande Terre".


Le référendum de dimanche était destiné à poursuivre le travail de réconciliation, entamé avec les accords de Matignon de 1988, entre les Kanak, peuple autochtone du territoire, et les Caldoches, population d'origine européenne. Ces accords avaient été signés après les violences des années
1980, qui avaient culminé avec la prise d'otages et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988 (25 morts).


"Le résultat est plus équilibré que prévu. D'aucuns diront l'Histoire a été claire aujourd'hui et que c'est terminé. Mais non, il faudra une analyse méticuleuse", a dit à l'AFP Louis Le Pensec, ministre des Dom-Tom de 1988 à 1993.


La soirée a cependant été émaillée d'une série d'incidents, dont le plus significatif a été l'incendie d'une ancienne animalerie en plein centre-ville.

"Deux jeunes ont été interpellés", a indiqué Thierry Lataste, Haut-commissaire de la République, sans pouvoir confirmer si ces arrestations étaient liées à l'incendie et au référendum lui-même.

Dans les quartiers nord populaires de la capitale calédonienne, plusieurs voitures ont également été brûlées et des "faits de caillassage" ont été signalés, selon le Haut-commissariat.

En amont du scrutin, les autorités craignaient qu'une victoire du non puisse inciter une partie de la jeunesse kanak, marginalisée, à des débordements, alors que les inégalités entre les différentes communautés restent criantes.
 

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