Il ne chausse pas les crampons, n'entre pas sur les terrains pour disputer cette neuvième édition de la Coupe du Monde de rugby et pourtant, Hiroshi Moriyama est connu de tous ceux qui ont un peu suivi ce mondial au Japon. Également surnommé 'Bak-San' il a décidé de se rendre à 27 des 48 matches le torse peint par sa femme Rika, en l’honneur des vingt équipes présentes pour cette compétition. Sa façon à lui de contribuer à cette belle atmosphère qui règne depuis plus d'un mois dans le pays hôte.
Le Petit Journal Melbourne : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre passion pour le rugby ?
Hiroshi Moriyama : J’ai commencé à regarder le rugby à la télévision quand j’avais 14 ans et je me suis mis à jouer un an après, au lycée, à Osaka. J’aime l’émotion et la passion que ce sport peut procurer, ainsi que l’état d’esprit qu’il implique. Vous pouvez deviner que quelqu’un joue au rugby à son expression ou à son style de vie. Ce n’est pas qu’au Japon, je l’ai constaté dans d’autres pays également. Tous les joueurs de rugby ont la même philosophie et le même état d’esprit : ils se respectent après s’être affrontés sur le terrain. Les Japonais appellent ça la ‘onside attitude’ (le fair-play) et c’est ce que j’aime dans ce sport.
LPJ-Melbourne : Quand vous est venue l’idée de peindre des maillots sur votre corps et pourquoi ?
Hiroshi Moriyama : J’ai commencé il y a cinq ans. Un jour, j’ai regardé un match de Super Rugby (championnat entre les clubs Néo-Zélandais, Australiens, Sud-Africains, Argentins et Japonais) et des jeunes supporters avaient peints leur torse en bleu pour supporter les Blues d'Auckland. Ça m’a donné envie de le faire mais en plus précis, avec davantage de détails, comme si je portais le vrai maillot ! On savait déjà que le Japon serait le pays hôte de la prochaine édition de la Coupe du Monde de rugby, mais je trouvais que la Top League (championnat de rugby japonais) perdait de plus en plus de spectateurs et également l’intérêt du public. J’avais peur que le mondial soit un échec ici. Les spectateurs dans les stades de Top League sont très discrets, ils venaient juste regarder le match et ensuite rentraient chez eux. Je voulais apporter un peu d’excentricité à tout ça ! Je pensais que les gens se sentiraient plus détendus en voyant qu’ils peuvent profiter d’un match à leur propre manière et je voulais montrer un exemple d’une manière de s’amuser différemment.
LPJ-Melbourne : Comment choisissez-vous l’équipe que vous décidez de peindre ?
Hiroshi Moriyama : J’ai préparé un programme pour m’assurer d’avoir au moins une fois chacune des vingt équipes du tournoi. Le problème, c’était que je devais garder deux équipes pour les quarts de finale. Donc, j’ai opté pour la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud, car je me doutais que les deux allaient se qualifier (les deux équipes étaient dans la même poule et donc ne pouvaient en aucun cas se jouer en quarts). Mais je n’ai pas respecté d’ordre particulier à part mon programme.
LPJ-Melbourne : Quand les gens ont-ils commencé à vous reconnaître ?
Hiroshi Moriyama : Quand j’ai commencé à peindre les maillots sur mon torse, pour la Top League, il y a surement 90% des gens qui ne me reconnaissaient pas. Petit à petit, les gens ont commencé à me reconnaître, mais ça, c’était à l’échelle nationale, pour les habitués. Ensuite, cette Coupe du Monde a démarré et immédiatement les gens ont commencé à me reconnaître, ils ont tout de suite réagi au message que je voulais faire passer. Je pense que cet événement est le genre de festival qui mérite que les gens s’amusent.
LPJ-Melbourne : Avez-vous une anecdote particulière à nous raconter ?
Hiroshi Moriyama : Je suis allé à Kamaishi, pour supporter l’Uruguay avec leur maillot peint. Ils ont gagné contre les Fidji, même s’ils n'étaient pas favoris. C’était vraiment très sympa après la victoire, j’ai pris la navette pour aller du stade à la gare et les supporters de l’Uruguay portaient le maillot, on a chanté tous ensemble pour célébrer leur exploit. Un monsieur m’a même donné son maillot, on a pris une photo ensemble épaule contre épaule. Quelques temps après j’ai vu un article sur Twitter et j’ai réalisé que ce monsieur c'était le Président de la Fédération ! C’est un des meilleurs souvenirs de cette Coupe du Monde.
LPJ-Melbourne : Que pensez-vous de cette première Coupe du Monde de rugby en Asie ?
Hiroshi Moriyama : C’est encore mieux que ce que j’aurais pu imaginer ! Chaque stade était plein et tellement de gens ont suivi la compétition à la télévision également. Cette édition a attiré de nombreux supporters de rugby, mais pas seulement. J'espère que c’est la première mais pas la dernière Coupe du Monde en Asie, parce qu’il y a un grand potentiel ici.
LPJ-Melbourne : Qui va gagner l’édition 2019 de la Coupe du Monde de rugby ?
Hiroshi Moriyama : J’ai cru au Japon jusqu'à l'élimination, mais maintenant je dirais l’Angleterre.