Édition internationale

ANGELA CONQUET - Directrice artistique à Dancehouse

Écrit par Lepetitjournal Melbourne
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 10 décembre 2012

Le Melbourne de... vous propose de rencontrer les Francophones de Melbourne et de découvrir votre ville à travers leur approche, leur réflexion et leurs coups de c?ur. Cette semaine, Angela Conquet, directrice artistique à Dancehouse

ccA.Mrozicki

Angela Conquet dirige Dancehouse, le seul centre indépendant de danse du pays. Créé il y a 20 ans par trois artistes, il possède deux espaces de représentation, tout un programme de spectacles mais aussi des résidences d'artistes et des cours pour les danseurs professionnels. "C'est un lieu à la fois très pointu sur l'art chorégraphique, au niveau national et international et en même temps un lieu très local ouvert à tous les danseurs de Melbourne", nous explique-t-elle.

Née en Roumanie, Angela a émigré en France à l'adolescence et en a fait son pays d'adoption. D'abord interprète de conférence, elle bifurque ensuite vers la gestion artistique. Elle commence par le festival d'Avignon, où elle faisait partie du réseau européen Théorème, qui organisait les visites d'artistes est-européen à l'Ouest. Elle dirige ensuite la section danse de la maison d'artistes Mains d'?uvre en banlieue parisienne, un lieu de résidence et de repérage de l'émergence de jeunes talents.

Arrivée en octobre 2011, elle aime chaque jour d'avantage sa nouvelle vie à Melbourne.

L'Australie et vous :

Pourquoi avoir choisi de vivre à Melbourne ?

J'ai été recrutée pour être directrice artistique à Dancehouse. Je connaissais beaucoup d'artistes australiens à Paris qui me disaient tous que Melbourne était la ville la plus "européenne" d'Australie. Et j'avais deviné, sans y avoir jamais été, que Melbourne était la ville où il fallait être : je ne me suis pas trompée.

Vos premières impressions en arrivant en Australie ? Ce qui vous a séduit ? Ce que vous n'avez pas aimé ?

Ce que j'ai aimé en arrivant sur Lygon Street à 8 heures du matin, c'était l'absence de gens qui courraient pour aller au travail. A Paris, tout le monde court et ici la différence dans le rythme de vie m'a tout de suite marquée. Je me suis rendue compte plus tard qu'à cause de la taille de l'espace urbain, les gens bougent autrement. C'est la preuve même que cet espace influence la façon dont on fait naviguer notre corps dans l'espace, et aussi la façon d'être et de bouger à l'intérieur de soi-même. L'autre chose, c'est l'extrême gentillesse des gens.

Ce qui m'a étonnée, c'est peut-être la façon dont les gens s'habillent. Je ne suis pas habituée à voir les filles avec des mini-shorts et mini-jupes, peu importe le gabarit(!) Mais il a y aussi un côté qui me plaît : les gens se fichent de ce qu'on pense d'eux. Ca change de Paris. Et aussi peut-être l'obsession du sport, on pense peut-être trop à cultiver son corps, il faut aussi qu'il y ait de la place pour l'esprit...

Des changements depuis votre arrivée?

Je suis frappée par les boutiques et restaurants qui apparaissent puis disparaissent d'un coup. Je suis arrivée il y a seulement un an, et déjà dans mon quartier les choses ont changé. J'habite à Coburg North et j'ai l'impression que cette zone est devenue "chic" en trois ou quatre mois. Brunswick est en train de déteindre et bientôt Coburg sera aussi chic que Brunswick.

Les vacances idéales en Australie, c'est... ?

Pour moi c'est à la mer, donc la Great Ocean Road avec accès à Cape Ottway pour voir les koalas tous les jours.

Un artiste (musique, cinéma, beaux arts) australien préféré?

J'adore l'acteur Geoffrey Rush. En littérature, Tim Winton dans Angelus, Bruce Chatwin  avec Songlines ou encore Nullarbor de David Fauquemberg. Je suis impressionnée par les déserts australiens et  leur description de l'errance. En peinture, l'art Aborigène, absolument. La culture du Dreaming, le lien à la terre, le rapport au temps qui questionne notre propre façon d'être.

Votre plat ou boisson préféré en Australie?

Le café ! C'est extraordinaire à Melbourne toutes les variétés de café et il n'y a rien de tel qu'un bon skinny latte. Sinon j'ai découvert la double cream pour les desserts, j'adore.

L'Australie vous a-t-elle changée ?

Oui, complètement. Elle m'a forcée à être moins compliquée. En France on est compliqué dans les rapports aux autres, inutilement sophistiqué. On perd son temps à fonctionner selon des codes, non-dits mais qui sont bien là. Ici, les rapports sont parfois d'une simplicité tellement désarmante qu'on peut être perdu au début... Cette simplicité m'a vraiment changée.

Qu'est-ce qui vous manque le plus de la France? Ou plutôt la France vous manque-t-elle ?

Les vieilles pierres me manquent. Je vais dans les garage sale pour essayer de trouver de vieux objets... Et puis la chaine de télévision ARTE.

Où retrouvez-vous la France à Melbourne ?

Plusieurs cafés français sur Smith Street, quelques boutiques sur Gertrude Street. C'est drôle, certains français qui vivent ici idéalisent la France et créent des lieux qui n'existeraient pas là-bas.

 

Melbourne et vous :

Un quartier de prédilection dans Melbourne ?

J'aime beaucoup Fitzroy pour ses grands espaces verts, les jardins autour du Museum et aussi le Fitzroy Garden en ville, j'adore. Et bien sur le Royal Botanic Garden. Partout d'ailleurs, ces grands parcs sont comme des oasis qui permettent de reprendre son souffle au milieu du vacarme de la ville.

Une journée idéale à Melbourne

Le matin une balade aux Jardins botaniques, l'après-midi à St Kilda et le soir un concert de jazz.

Un monument ou un lieu préféré ? Pourquoi ?

Toutes ces maisons victoriennes avec les dentelles en fer forgé. Et ces grandes maisons blanches (de la même époque) à étage avec les grands jardins, dont celle qu'on voit dans les Jardins botaniques (pas celle du Gouverneur!). Je suis aussi fascinée par l'audace de l'architecture urbaine, ACMI par exemple ou RMIT. C'est la preuve même que le relativement ancien et le nouveau peuvent cohabiter en harmonie. J'adore le mélange à Melbourne entre la verdure, la rivière, la mer, les vieilles maisons, la city. Ils ont eu raison de l'élire la most livable city.

Votre bar ou restaurant favori ? Pourquoi?

Clay Pots à St Kilda surtout si on peut y être le soir lors d'un concert de jazz, dans le jardin couvert de bougainvilliers, c'est magnifique.

Propos recueillis par Edith Nicolas (www.lepetitjournal.com/melbourne.html) vendredi 30 novembre 2012

lepetitjournal.com Melbourne
Publié le 29 novembre 2012, mis à jour le 10 décembre 2012
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