

Un rapport du département de l'énergie américain montre que l'Australie qui devrait être le prochain pays à produire de larges quantités de gaz et pétrole de schiste et voir se dérouler sur son territoire un boom du gaz de schiste similaire au boom américain. Si le pays est déjà bien engagé dans l'exploitation des gaz non conventionnels, reste à savoir s'il va prendre les précautions nécessaires pour empêcher des catastrophes écologiques.
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Si la Chine détient les plus grandes réserves de gaz de schiste du monde, c'est l'Australie qui aurait le plus grand potentiel d'exploitation. Les problèmes techniques liés à l'extraction du gaz en Chine sont bien plus importants qu'en Australie, particulièrement propice à l'exploitation du gaz de schiste qui nécessite l'acheminement d'eau et d'additifs sur les lieux de forage. L'autre point positif pour l'Australie est que le pays a toujours été un pays minier. Les infrastructures sont déjà existantes pour permettre l'acheminement des produits et des matériaux nécessaires.
A en croire ce rapport, l'Australie pourrait donc détenir 10 fois plus de gaz récupérable que ce qu'on croyait précédemment, soit environ 12 400 milliards de mètres cubes de gaz de schiste récupérable, si on inclut les bassins de gaz et de pétrole parmi les plus éloignés et inexplorés.
L'estimation actuelle de 1 300 milliards de mètres cubes se basait sur des régions productrices de gaz et de pétrole bien établies comme le bassin de Cooper. Encore plus étonnant, le rapport a calculé que l'Australie pourrait posséder 17,5 milliards de barils d'huile de schiste alors que les estimations actuelles tablent plutôt sur 1,4 milliards.
Il ne fait aucun doute que les Etats Unis cherchent à mettre un pied en Australie, désireux d'étendre leur hégémonie en faveur d'une plus grande exploitation des hydrocarbures non conventionnels avec des conditions géologiques et industrielles qui ressemblent à celles des Etats-Unis et du Canada. Et l'Australie a semble-t-il le potentiel pour être l'un des prochains pays ayant une production de gaz et d'huile de schiste commercialement viable.
Q'en dit l'Australie?
Déjà superpuissance minière, l'Australie a commencé à étudier ses réserves de gaz non conventionnels (gaz de houille issu du charbon et gaz de schiste issu du pétrole). Dans le viseur, les besoins énergétiques immenses de la Chine et de l'Inde. Certains experts ne cesse de plaider en faveur d'une révolution énergétique en Australie, pour qu'au cours des vingt prochaines années l'Australie puisse obtenir des prix de l'énergie moins chers et devenir un des premiers producteurs de gaz non conventionnels. La révolution du gaz de schiste a pour sur, atteint l'Australie.
Le mouvement de défense de l'environnement s'inquiètent néanmoins d'un boum de l'exploitation dans certaines régions et de la pollution liée à la fracturation des roches et son impact sur la qualité de l'eau. Les gisements de l'état du Queensland par exemple se trouvent à proximité de la zone de la Grande Barrière de Corail, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. En théorie, toute exploration effectuée sous le récif serait incompatible avec les principes de gestion des sites inscrits au patrimoine mondial. Et pourtant en février dernier, le gouvernement conservateur de l'Etat du Queensland a levé un moratoire empêchant l'exploitation minière dans la plupart des zones situées le long de la côte pour permettre aux entreprises d'évaluer si l'essor que connaît actuellement l'industrie américaine du gaz de schiste pourrait être reproduit en Australie. Actuellement, plus de 5.000 puits ont été forés dans le Queensland, et des dizaines de milliers d'autres sont prévus. Le Premier ministre du Queensland, Campbell Newman, avait alors assuré que l'essor de l'industrie créerait des emplois, permettrait à l'Etat d'empocher des redevances et serait dès lors une ?victoire? pour le Queensland? et peut être une défaite pour la Grande Barrière?Car selon les opposants aux projets d'extraction, si tous les nouveaux projets miniers dans la région se concrétisent, l'impact du développement portuaire et l'expansion massive de l'industrie du charbon causeront des dommages irréversibles au récif.
Une révolution mondiale à encadrer de près
La révolution des hydrocarbures non-conventionnels est aujourd'hui bien entamée et l'Australie entend se tailler une part du gâteau. Les ressources potentielles sont immenses mais les inquiétudes sont vives. Les responsables politiques ne peuvent pas rester insensibles aux enjeux économiques et politiques majeurs que représente l'extraction des gaz non conventionnels.
Néanmoins, les acteurs de cette nouvelle industrie sont extrêmement disparates, avec des compagnies bien connues qui comptent parmi les plus importantes au monde et d'autres de taille beaucoup plus modeste. D'une société à l'autre, la culture du risque, l'esprit de précaution et l'expertise peuvent varier considérablement, de standards extrêmement rigoureux à une attitude plus laxiste ou un savoir-faire insuffisant au détriment de la sûreté.
Au-delà des bonnes pratiques et du sérieux des acteurs industriels, c'est la volonté politique qui va déterminer l'ampleur de la révolution et bien entendu sa sécurité du point de vue environnemental. Le gouvernement nouvellement élu de Tony Abbott pourrait bien faciliter le développement des projets d'extraction de gaz de schiste et de houille, mais se souciant beaucoup moins des impacts environnementaux que ses prédecesseurs, le fera-t-il dans de bonnes conditions ?
Flore Gregorini (www.lepetitjournal.com/sydney), lundi 23 septembre 2013







