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LOUISE BOURGEOIS – Rétrospective au Heide Museum

Écrit par Lepetitjournal Melbourne
Publié le 27 janvier 2013, mis à jour le 27 janvier 2013

 

L'exposition des dernières années du travail de Louise Bourgeois au Heide Museum of Modern Art constitue une occasion unique de voir l'?uvre d'une "grande" des arts plastiques contemporains.

La pièce centrale de l'exposition est une araignée métallique de plus de deux mètres de haut qui domine et encercle une "cellule", cage grillagée dans laquelle est installé un fauteuil à la tapisserie rapiécée. Debout sous cette structure on se sent étrangement protégé et comme enveloppé par le corps de l'arachnide. C'est justement l'image maternelle que l'artiste associe à cette création, une image positive de la tisseuse qui renvoie à sa propre mère, restauratrice de tapisseries.

En hommage à son enfance passée dans la boutique de ses parents,  le fil, le tissu et la trame sont omniprésents dans les pièces présentées à Heide et comme l'artiste le dit elle-même dans l'une de ses pièces : l'aiguille ne pique pas, comme le ferait l'épingle, mais répare.

La puissance du travail de Louise Bourgeois repose entre autre sur la dimension provocatrice qui naît de l'utilisation de matériaux domestiques féminins, déconstruits et réinventés en des pièces dont certaines semblent tout droit sorties de l'inconscient de l'artiste. Les ?uvres questionnent la maternité, la sexualité et l'univers domestique, et forcent à réfléchir sur la place de la femme dans l'art, quand celle-ci n'est plus modèle passif mais créatrice. Ici le corps est morcelé en une série de têtes façonnées dans de la tapisserie ou des espèces de brocart, là des sexes féminins surdimensionnés en tissu trônent dans des vitrines, ou encore deux mannequins enlacés mais sans tête, avec une prothèse de bois en guise de jambe, sont exposés à la façon d'objets scientifiques.

Les ?uvres présentées couvrent la dernière partie de la vie de l'artiste (1996-2008) et Jason Smith, conservateur du musée Heide et commissaire de l'exposition, a expliqué au petitjournal.com les raisons du choix de cette période : "J'étais en contact avec l'assistant de Louise Bourgeois depuis longtemps, ayant déjà organisé une rétrospective de son travail en 1995 à la National Gallery of Victoria. On s'est donc dit qu'il serait intéressant de monter une nouvelle expo, avec la dernière partie de son ?uvre. C'est un travail beaucoup plus figuratif, la dominance de tissus est aussi nouvelle".

Née en 1911 à Paris, Louise Bourgeois est partie vivre à New York en 1938 avec son mari américain, l'historien d'art Robert Goldwater. Elle a longtemps enseigné l'art tout en travaillant et exposant un peu, mais comme le souligne Monsieur Smith "dans les années 50 et 60 à New York, il n'y avait pas de place pour une femme artiste". En 1982 elle a finalement fait l'objet d'une exposition au Museum of Modern Art de New York (la première rétrospective d'une femme dans cet espace) et "son succès a été phénoménal. Elle avait plus de 70 ans !".

"Son travail exprime des émotions extrêmement intimes, il y a une grande intensité psychologique, comme si elle mettait les tréfonds de l'être à nu, ses phobies et ses angoisses". Dans cet univers à la fois humoristique et douloureux, fait semble-t-il de chair et de toile, quelle pièce touche plus particulièrement Jason Smith ? "Les vêtements remplis de façon à dessiner une silhouette et accrochés comme s'ils étaient pendus à une corde à linge. Ils constituent une présence intime de l'artiste, au delà du temps et de la mort".  

Edith Nicolas (www.lepetitjournal.com/melbourne) lundi 28 janvier 2013

Louise Bourgeois: Late Works, Heide Museum of Modern Art, 7 Templestowe Road, Bulleen, jusqu'au 11 mars 

 

 

lepetitjournal.com Melbourne
Publié le 27 janvier 2013, mis à jour le 27 janvier 2013

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