Parmi les héritages artistiques les plus fascinants du Maroc, la musique gnaoua se place en haut du podium. Cet art spirituel et ancestral est le reflet d’un métissage qui témoigne des influences africaines, arabes et berbères. Son influence ne cesse de s’accroître, en témoignent les 400.000 spectateurs venus le célébrer lors du festival gnaoua d’Essaouira en 2025.


Racines africaines et ancrage marocain
C’est en 2019 que l’art gnaoua apparaît pour la première fois sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Défini comme un « ensemble de productions musicales, de performances, de pratiques confrériques et de rituels à vocation thérapeutique où le profane se mêle au sacré », la musique gnaoua puise ses racines dans les traditions des populations subsahariennes issues de l’esclavage entre le XVIIe et le XIXe siècle.
Les cérémonies gnaoua, appelées « lila » ou « derdeba », sont à l’origine des rites de transe destinés à la guérison spirituelle et corporelle. Cet art, composé de pratiques africaines ancestrales, d’influences arabo-musulmanes et de manifestations culturelles berbères autochtones, est profondément ancré dans le tissu culturel marocain.

Un métissage musical et culturel
Les influences africaines se sont mêlées aux traditions arabes et berbères pour créer une identité commune. Cependant, le gnaoua se décline de façons variées selon les régions où il est pratiqué. Dans les zones rurales, les grands repas collectifs se terminent bien souvent par un jam et les rythmes sont principalement portés par de grands tambours accompagnés de crotales. En milieu urbain, la pratique est plus tournée vers la scène et les musiciens utilisent davantage le guembri.
Le gnaoua joue également un grand rôle social au Maroc. En s’ouvrant aux jeunes générations, il devient un outil d’éducation et permet d’apprendre à manier les instruments et à comprendre la symbolique des chants et des rituels.
Une reconnaissance mondiale
La confrérie gnaoua était peu connue, voire marginalisée, jusqu’à la création du Festival Gnaoua de la ville d’Essaouira en 1998. Depuis, la culture marocaine rayonne internationalement et attire chaque année des milliers de spectateurs et artistes du monde entier.
La ville a accueilli sur sa scène des artistes de renom tels que Didier Lockwood,Pat Metheny, ou encore Marcus Miller, venus jouer avec les plus grands maâlems, maîtres de la musique Gnaoua. Héritier des traditions africaines, le gnaoua partage une essence commune avec le blues et le jazz, donnant naissance à des rencontres artistiques uniques.
Sur le plan national, l’art gnaoua connaît un véritable essor. Comme le souligne le dossier de candidature à l’UNESCO, le nombre de confréries et de maîtres musiciens augmente constamment, aussi bien dans les villages que dans les grandes villes. Ces collectifs se structurent en associations et organisent des festivals tout au long de l’année.
Aujourd’hui, le gnaoua continue de se réinventer grâce à des artistes comme Abderahman Elebbar, surnommé « DJ Mask Off » et connu comme le premier DJ de rue du Maroc. Dans ses sets, on retrouve les sonorités ancestrales du guembri et des qraqeb associés aux beats modernes de la tech house et de l’afro house. Avec plus de 100 000 abonnés sur instagram, Abderahman inspire une nouvelle génération à expérimenter le gnaoua autrement sans renier ses racines.

Du cœur des cérémonies rurales aux scènes internationales, le gnaoua est une musique en mouvement qui continue à façonner l’identité marocaine.
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