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L’huile d’argan, moteur d’indépendance des femmes au Maroc

Véritable trésor du Maroc, l’huile d’argan est réputée dans le monde entier pour ses bienfaits culinaires et cosmétiques. Mais derrière ce produit convoité se cachent des gestes ancestraux perpétrés par des femmes qui y trouvent une source de reconnaissance et d’émancipation.

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Femmes de la coopératives Marjana à Essaouira © Pauline Deprez
Écrit par Pauline Deprez
Publié le 3 septembre 2025, mis à jour le 10 septembre 2025

L’huile d’argan, richesse culturelle et économique du Maroc

Originaire du sud-ouest du pays, l’arganier est un arbre endémique du Maroc inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Sa capacité à résister à la sécheresse en fait un acteur essentiel de la lutte contre la désertification, mais il est surtout connu pour l’huile précieuse que ses fruits renferment. Utilisée aussi bien dans la gastronomie que dans les cosmétiques, sa saveur délicate sublime salades et tajines, tandis que ses vertus hydratantes et antioxydantes séduisent les laboratoires de beauté du monde entier.

Dans le royaume, la production actuelle d'huile d'argan est estimée à environ 5.000 tonnes par an. Entre Agadir et Essaouira, s’étendent des collines couvertes d’arganiers. Ces petits arbres au feuillage dense marquent le paysage et amusent les voyageurs, qui peuvent apercevoir des chèvres grimper dans leurs branches à la recherche de nourriture. 

Obtenir cette huile demande un travail minutieux et exigeant. Les fruits sont ramassés, séchés puis dépulpés pour extraire les noix. Celles-ci sont ensuite cassées à la main, afin de récupérer les amandes qui seront pressées à froid. Ce long processus artisanal justifie la valeur de l’huile d’argan, qualifiée par certains de « liquide d’or » en raison de sa couleur miel.

 

Noix d’argan © Pauline Deprez
Noix d’argan © Pauline Deprez

 

 

Les coopératives féminines, un espace d’émancipation

Depuis la création de la première coopérative féminine d’huile d’argan en 1996, celles-ci n’ont cessé de se multiplier. Soutenues par des associations locales, des ONG ou des programmes publics, on décompte aujourd’hui environ 850 structures qui permettent à des milliers de femmes rurales d’accéder à une activité rémunératrice et reconnue. 

L’impact de ces collectifs dépasse la simple dimension économique. Beaucoup de femmes y découvrent une solidarité et une forme de liberté nouvelle. Maria, membre de la coopérative Marjana à Essaouira nous confie : « On dit que l’arganier est l’arbre de vie, car il donne du travail aux femmes, ici, on est comme une famille ».

La mise en place de ces coopératives a également représenté une opportunité majeure pour les femmes berbères, dans une région marquée par un taux élevé d’analphabétisme. Autrefois cantonnées à garder les animaux ou à ramasser le bois dans les forêts, ces femmes voient désormais leurs efforts récompensés. Grâce à leur travail, beaucoup ont pu acheter leur maison et installer l’électricité chez elles.

 

Femmes de la coopératives Marjana à Essaouira © Pauline Deprez
Femmes de la coopératives Marjana à Essaouira © Pauline Deprez

 

 

Une rencontre entre tourisme et économie solidaire

Les coopératives accueillent de plus en plus de visiteurs, curieux de découvrir le processus artisanal et de repartir avec un produit de qualité. Assister à la fabrication, écouter les explications des artisanes et goûter l’huile fraîchement pressée permet d’entrer au cœur d’une tradition marocaine, loin des circuits purement commerciaux. Certaines structures proposent même des ateliers participatifs, où les voyageurs peuvent s’initier aux gestes du concassage ou à la préparation de soins cosmétiques naturels.

Pour les touristes, cette expérience est l’occasion de comprendre que l’huile d’argan n’est pas seulement un produit de beauté ou de cuisine, mais le fruit d’un travail patient, collectif et porteur de sens. Ces coopératives deviennent ainsi des acteurs du tourisme solidaire, offrant une immersion culturelle unique et une consommation plus responsable.

 

Fresque murale de la coopérative Marjana à Essaouira © Pauline Deprez
Fresque murale de la coopérative Marjana à Essaouira © Pauline Deprez

 

L’huile d’argan raconte l’histoire d’une région et de ses habitantes. Chaque bouteille renferme le temps, le geste et la persévérance de femmes qui ont transformé un savoir-faire ancestral en levier d’autonomie et de solidarité. Visiter une coopérative, c’est comprendre que derrière un produit mondialement convoité se cache un pan de l’émancipation féminine au Maroc.

 

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