Candidat profondément européen, se présentant sous la bannière du Parti Fédéraliste Européen, dans la 4ème circonscription des Français de l'étranger, Yves Gernigon veut faire porter la voix de l'Europe au cours de cette élection. Entre émergence d'une nationalité européenne, et construction d'une Europe Fédérale, il nous parle de son programme et de ses projets s'il est élu député.
Lepetitjournal.com : Pouvez-vous nous résumer votre parcours et nous préciser quelles ont été vos motivations pour vous présenter à l'élection?
Yves Gernigon : Né en Bretagne à Saint-Malo, je suis lillois depuis plus de 40 ans et sillonne le Benelux depuis près de 10 ans dans le cadre de mon travail. Je suis chef d'entreprise et conseille mes clients dans le domaine de la communication financière et institutionnelle.
Je préside une jeune formation politique, créée en 2011 : le Parti Fédéraliste Européen, engagée dans la construction européenne et qui a son siège à Bruxelles.
J'ai déjà été candidat deux fois aux législatives. J'ai également fait campagne lors des élections européennes de 2014, pour défendre une vision fédérale de l'Europe, aux côtés notamment de Guy Verhofstadt.
Je me présente aujourd'hui pour parler d'un sujet d'une importance primordiale : l'Europe. Car toutes les questions qui traversent notre société sont liées à l'UE : notre monnaie l'euro, la protection des frontières, le terrorisme, le dumping social avec les pays de l'est, l'écologie?
Nous devons donner un coup de balai dans les vieilles pratiques politiques que les Français ne supportent plus. C'est pourquoi avec Rama Yade, et son mouvement la France qui ose, nous ferons tout pour mettre en ?uvre nos propositions en vue de rendre plus vertueuses ces pratiques : deux mandats maximum pour un député, limitation du nombre de parlementaires, suppression des avantages exorbitants des anciens président de la République, etc.
Etre député de la 4ème circonscription, qu'est-ce que cela représente pour vous ? Quel est votre lien avec cette circonscription ? Et comment comptez-vous mener votre action auprès des Français de l'étranger ?
Je travaille avec le Benelux. D'autre part, je séjourne souvent à Bruxelles pour la gestion des affaires du Parti Fédéraliste Européen.
Mon engagement politique à travers l'Europe, m'a fait rencontrer de nombreux Français ou binationaux établis en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas. Je me sens profondément européen, mais j'aime également me sentir dépositaire de cet esprit français, cet héritage unique qui fait de chaque Français, un être à la fois cartésien doublé d'un idéaliste.
Je suis vraiment en osmose avec cette région. D'autre part, ma femme a également des origines belges.
Le mandat de député consiste à représenter la Nation française. L'élu doit donc prendre des positions pour défendre l'intérêt général. Cependant ce mandat est toujours d'une certaine façon lié aux citoyens qui vous ont élu. Il s'agit donc défendre également les Français établis aux Bénélux.
J'envisage d'abord ce mandat comme une mission d'écoute des citoyens, mais pas seulement. L'écoute doit également concerner les représentants de toutes institutions au service des Français établis l'étranger qu'elles soient éducatives, familiales ou culturelles. Je serai donc porteur de propositions pour améliorer l'avenir de notre pays mais aussi, des conditions de vie des Français qui vivent l'Europe au quotidien avec ses aspects positifs mais également ses difficultés.
Quelles sont vos 3 priorités/propositions parmi les problématiques concernant les Français vivant à l'étranger (emploi, fiscalité, éducation, culture, représentation, administration?) ?
Mon premier souhait est de maintenir accessible à nos compatriotes les établissements français d'enseignement du Bénélux. L'éducation et la connaissance sont les bases d'une société plus confiante et plus apaisée. Je mesure également les difficultés qui se posent aux familles s'agissant du financement des études des enfants. En Europe, les frais de scolarité sont assez élevés. Les familles n'ont pas forcément les moyens pour assurer les charges liées à la scolarités, surtout si elles ont deux ou trois enfants.
Ma seconde priorité sera la fiscalité. Il est urgent de revoir la fiscalité des expatriés. Par exemple, la convention fiscale France/Belgique doit être revue notamment s'agissant du volet des donations qui concerne un nombre croissant de personnes. Autre volet, les doubles impositions s'agissant des transactions sur les plus values immobilières et mobilières ou les ventes d'entreprises sont un frein pour les entrepreneurs.
Enfin, ma dernière priorité concerne les questions liées aux droits civils. Les réglementations nationales et européennes sont très en retard par rapport à nos modes de vie. Les Européens, notamment les Français veulent pouvoir circuler facilement dans l'UE et veulent plus de liberté pour s'établir dans tel ou tel pays. Je me battrai pour faire émerger une nationalité européenne qui permettra enfin à tous les Européens de se sentir pleinement citoyen de l'endroit où ils ont choisi de s'installer. Ce qui signifie en pratique, par exemple un droit de vote à toutes les élections dans un pays ou la fin du casse-tête de la double nationalité pour certaines familles.
Quel bilan dressez-vous du mandat du député sortant ? Sur quel(s) plan(s) auriez-vous agi différemment ?
Je ne connais pas personnellement Philipp Cordery, le député sortant dont je voudrais toutefois saluer le travail. Je pense aussi qu'il a été compétent dans son rôle de secrétaire général du Parti socialiste européen. La fonction de député des Français établis à l'étranger est récente, le premier scrutin date de 2012. Je pense que beaucoup de choses restent à inventer : les dossiers à porter à l'Assemblée nationale, le dialogue avec nos concitoyens du Bénélux, les relations avec les institutions éducatives, familiales et culturelles.
Quels sont vos liens avec cette circonscription et quel est votre projet pour les Français établis dans ce pays ?
L'organisation de l'Europe n'a pas pris la pleine mesure de la vie des Français qui vivent aujourd'hui dans l'UE, notamment dans le Bénélux. Avec les mobilités de plus en plus grandes au sein de l'Europe, les questions pratiques sont maintenant très diverses.
Par exemple, celles concernant les étudiants français faisant leur cursus en Belgique, ou les retraités qui sont de plus en plus nombreux à occuper des places dans des maisons de retraite belges. Ma préoccupation sera d'accompagner tous ces cas qui doivent trouver des réponses appropriées.
Quelle sera votre attitude/positionnement à l'égard du nouveau Président ?
Je voudrais remercier Emmanuel Macron d'avoir su avec conviction parler d'Europe au cours de la campagne électorale. Depuis plus de 30 ans, les partis traditionnels entretenaient sur le sujet un silence coupable.
Cependant, il convient s'interroger sur la portée de son slogan « l'Europe qui protège » et des mesures que le nouveau président prendra. Moi je ne voudrais pas que l'Europe ne protège que les banques, les multinationales et les élites. Je veux me battre pour que l'Europe protège tous ses habitants et en priorité les plus modestes. Je ferai donc campagne sous le thème « d'une Europe qui protège ses citoyens ».
Si je suis élu, je serai toujours dans une attitude constructive et non pas d'opposition frontale.
Noémie Choimet (www.lepetitjournal.com) mercredi 24 mai 2017.