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Le petit miracle économique portugais, l’heure du bilan

Drapeau PortugalDrapeau Portugal
©M.J. Sobral
Écrit par Lucie Etchebers-Sola
Publié le 14 décembre 2018, mis à jour le 14 décembre 2018

Le Portugal affiche depuis trois ans un dynamisme économique et social remarquable, soutenu par un gouvernement de coalition unique en son genre et une politique pourtant opposée à celle préconisée par Bruxelles.
 
En trois ans, le Portugal est devenu le meilleur élève de la zone euro. Un chômage au plus bas 7,8 % fin 2017 contre 16% en 2013), des investissements tous azimuts qui ne fléchissent pas, de l’énergie verte à revendre et un déficit public proche de zéro (1,4% en 2017), ce petit pays du sud de l’Europe revient de loin. Mais ce n’est pas en réduisant les dépenses publiques que le Portugal a réduit ses dettes, ni en abaissant les protections sociales ou en "assouplissant"les droits des travailleurs, comme le préconisait la Commission européenne. C'est même la stratégie inverse que le gouvernement du Premier ministre socialiste Antonio Costa a choisi d’appliquer depuis son arrivé au pouvoir en novembre 2015.
 

Anti-austérité, la coalition portugaise poursuit sa voie de gauche

À l’issue d’élections législatives, remportées par la coalition de droite sortante le 4 octobre 2015, l’ancien maire de Lisbonne, Antonio Costa, avait décidé de négocier une alliance improbable entre le PS, le Parti communiste portugais (PCP), et le Bloc de gauche (l’extrême gauche portugaise) qui lui permettait d´obtenir la majorité. Une coalition au départ un peu mal ficelée que des opposants politiques se sont amusés à appeler de "geringonça" -"un machin"-, mais qui a tenu ses promesses. En trois ans, celle-ci est parvenue à tirer profit d'une amélioration de la conjoncture économique pour continuer à assainir les comptes publics grâce à des choix économiques et sociaux à l’opposé de la politique d'austérité adoptée par son prédécesseur de droite, Pedro Passos Coelho. Durant le plan de sauvetage international mené par le FMI et l’UE de 2011 à 2014, les mesures du gouvernement de Passos Coelho (gel du salaire minimum, augmentation des impôts, réduction des aides publiques) avaient en effet plongé le pays dans une précarité profonde.  


De vraies avancées économiques

Depuis la crise financière de 2008 et celle des dettes souveraines de 2010, la plupart des pays du sud de l'Europe comme la Grèce, l’Italie ou l’Espagne, n'ont pas réussi à sortir la tête de l'eau avec autant de succès que le Portugal. En trois ans, ce dernier a montré une volonté féroce de ne pas se plier aux politiques d´austérité réclamées par Bruxelles, et il a prouvé qu’une politique basée sur une relance par la demande et une amélioration des dispositifs sociaux pouvait fonctionner. Des mesures économiques à vocation sociale ont été prises ces trois dernières années, comme l’augmentation des retraites et des allocations familiales, un renforcement du droit du travail, l’augmentation du salaire minimum (qui est passé de 505€ à 580€ entre 2016 et 2018), la baisse des impôts pour les salariés les plus modestes ou encore un programme de lutte contre la précarité. Attirés par l’explosion du tourisme et une fiscalité avantageuse, de nombreux investisseurs et industriels (notamment dans l’industrie textile et automobile) qui avaient migré vers l’Europe de l’Est ou l’Afrique du Nord pour la main d’œuvre bon marché reviennent au Portugal et la croissance économique s’en ressent : elle a culminé à 2,7% en 2017, contre un petit 2,2% en France et 2,4% en moyenne dans la zone euro selon les chiffres officiels de la Commission Européenne. Pour l'instant, au vu de ces résultats et de la vitesse à laquelle ils se sont développés, il semble que le Portugal n’ait qu’un seul vice : une certaine insolence vis à vis de la ligne dictée par la Commission européenne.

Publié le 14 décembre 2018, mis à jour le 14 décembre 2018

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