Publié le 28 août 2024, mis à jour le 29 août 2024
Alors qu’ils n’étaient que 6 en 2016 à Rio et 11 en 2020 à Tokyo, ce sont 13 para-athlètes péruviens qui participent cette année aux Jeux de Paris. Le nombre d’athlètes pour les Jeux Paralympiques ne cesse d’augmenter d’année en année ce qui montre la préoccupation croissante pour une meilleure intégration en général et un meilleur accès au sport pour les personnes en situation de handicap.
Daniel Díaz, athlète avec déficience visuelle qui court au sein de l’Association Achilles Perú, partage son impression
« C’est incroyable de voir à quel point les Jeux Paralympiques sont de plus en plus reconnus chaque année. C’est une grande motivation de voir à quel point de plus en plus de personnes rejoignent le mouvement paralympique et comment ils se comportent avec un professionnalisme total dans toutes les disciplines et modalités. Personnellement, je suis très heureux de pouvoir voir un grand nombre d’athlètes péruviens nous représenter dans ces jeux et sûrement dans les prochains. Ils sont vraiment surhumains. »
Si les Jeux (Para-O)lympiques sont souvent un vecteur de changements, qu’en est-il de la prise en compte des situations de handicap au Pérou en 2024 ?
Selon l’Institut National de Statistique et d'Informatique, 5,2% de la population (soit 1 575 000 personnes) souffre d'un certain type de handicap. Les handicaps les plus courants sont les handicaps moteurs (limitations dans les mouvements, la marche ou l’utilisation des bras et des jambes) (59,2%), les problèmes de vue (50,9%), d’ouïe (33,8%), d’apprentissage (32,1%), de difficultés relationnelles (18,8%) et de la parole et communication (16,6%).
L'INEI rapporte également que 40,6% des personnes handicapées sont dépendantes d’une autre personne pour réaliser leurs activités quotidiennes. Enfin, 88,6 % de la population handicapée ne reçoit pas de traitement et/ou de thérapie de réadaptation.
Ces quelques chiffres montrent la nécessité de réagir ! De nombreux lieux publics sont difficiles d’accès pour ces personnes à mobilité réduite. Et, bien qu’il existe des associations pour leur venir en aide, les dispositifs mis en place sont encore bien trop peu nombreux et un vrai travail de reconnaissance, de prise en compte des situations de handicap et d’inclusion au sein de la société doit être réalisé.
Reymundo Delgado, champion national depuis 20 ans en athlétisme, champion national durant 12 ans au tennis et plusieurs fois capitaine de l’équipe nationale de basket-ball en fauteuil roulant, confirme:
« Lima n’est pas adaptée pour que la marche des personnes handicapées soit agréable. J’inclus la société dans ce problème. Il y a un manque de culture et de résilience parmi la population envers les personnes handicapées. »
Claudia Gamarra, directrice de l’association Achilles Perù, organisation internationale qui soutient les personnes handicapées au niveau sportif, culturel et social évoque également « le manque de culture de soutien et d’empathie l’un envers l’autre ».
Elle raconte la difficulté pour les personnes handicapées de se rendre à leurs entraînements, utilisant des transports publics qui ne prennent pas en compte leurs besoins et ne respectent pas leurs droits.
« Cela suscite beaucoup d’inquiétudes et d’instabilité. La personne avec un handicap veut pouvoir s’entrainer et concourir… Ce sont des limitations qui existent réellement, parce que les ajustements raisonnables auxquels ils ont droit ne sont pas donnés ! »
Membres de l’Association Achilles Internacional
Elle ajoute : « Nous travaillons grâce aux dons. Malheureusement, le soutien reçu est souvent très ponctuel, pour un événement ou un projet et le reste de l’année les personnes handicapées vivent dans une très forte vulnérabilité. Nous recherchons donc toujours le soutien de personnes ou entreprises. »
Finalement, pour clôturer sur une note positive, les Jeux Paralympiques suscitent beaucoup d’enthousiasme et c’est donc l’occasion de transmettre un message… pour que toute personne, quel que soit son handicap, soit reconnue, soutenue et accompagnée !
« Les athlètes qui sont qualifiés et classés et qui vont concourir pour le pays, sont des références très importantes pour toutes les personnes handicapées, également pour les personnes qui ne le sont pas. Ils montrent le potentiel des personnes handicapées et montrent que nous pouvons tous atteindre des objectifs ou gagner des médailles, mais avec un grand soutien évidemment. Car si nous avions plus de soutien au Pérou, nous aurions plus d’athlètes paralympiques. Mais bien sûr nous sommes très heureux, les Jeux Paralympiques sont une très grande émotion et cela peut donner la motivation à certains membres de mon équipe de participer à la prochaine opportunité. » Claudia Gamarra pour l’association Achilles Perú.
@Asociation Achilles Internacional
« Les jeux Paralympiques sont précisément l’occasion de montrer à la société que les personnes handicapées font partie de la même société et qu’en tant qu’êtres humains, et malgré les circonstances, nous surmontons les difficultés et avançons. Le sport fait partie de ce message et s’étend à tous les domaines de la société. En plus, c’est un exemple pour la nouvelle génération, les enfants et, à l’avenir, nous aurons une société plus inclusive. » Reymundo Delgado
Membres de l’Association Achilles Internacional
Vive les Jeux Paralympiques, vive les athlètes qui y concourent et qui sont une source d’inspiration pour les personnes souffrant d’un handicap, mais aussi et surtout pour toute la société, et vive les associations qui s’engagent au quotidien pour que les droits de personnes handicapées soient reconnus et respectés !