Édition internationale

Le Pérou danse : 1500 façons de faire vivre la tradition

29 avril: des rues pavées de Cuzco aux rives du lac Titicaca, les péruviens et péruviennes racontent leur histoire à travers leurs chorégraphies.

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@valentina filippin
Écrit par Emma Darsonval
Publié le 29 avril 2025

 

À l’occasion de la journée internationale de la danse le 29 avril 2025, focus sur un pays qui vibre au rythme de ses traditions.

Célébrée chaque 29 avril, et ce, depuis sa création en 1982, cette journée met à l’honneur la diversité des danses provenant des quatre coins du monde. Au-delà d’illustrer la beauté de cet art, l’objectif est aussi de montrer à tous son importance, politique, économique et culturelle.

Au Pérou, la danse est née d’un riche métissage entre les civilisations préhispaniques et les influences européennes et africaines. Résultat : plus de 1.500 danses répertoriées à travers le pays, selon le Fonds Éditorial du BCP, inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO. Plongeons dans quelques-unes d’entre elles.

 

Une danse, une culture, une expression identitaire

Si on s’intéresse aux danses originaires de la côte, la marinera en est sans doute la plus emblématique. Originaire de la côte nord, elle met en scène un jeu de séduction entre l’homme et la femme, avec foulards et pas gracieux. Elle emprunte de nombreux traits aux danses espagnoles du XVIe siècle, que ce soit l’utilisation de mouchoirs ou les tenues vestimentaires. C’est l’incarnation même de l’héritage européen.

La marinera est tellement emblématique qu’un concours national lui est dédié chaque année à Trujillo, considéré comme la capitale de cette danse. Les participants s’entraînent parfois pendant des mois, voire des années.

 

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@Adrian Dascal

 

Toujours sur la côte, on retrouve une danse emblématique de l’héritage afro-péruvien : le festejo. Elle est considérée comme un hommage à la résistance, à la joie et à la vitalité des communautés noires du Pérou, descendantes des esclaves africains. Elle allie des rythmes percussifs — notamment ceux du cajón, un instrument péruvien similaire à la batterie — et mouvements de hanches.

La région de Puno, accueillant le lac Titicaca, est marquée par une atmosphère particulière, quasi sacrée, puisqu’elle est considérée comme le lieu de naissance des Incas. Ainsi, s’est développée la danse des Balseros, une forme chorégraphique née au fil du temps pour rendre hommage à la Mama Qocha, soit la divinité de l’eau, en signe de gratitude pour sa générosité et les trésors qu’elle offre.

 

 

Si on se dirige dans les Andes, on retrouvera un autre style de danse, orientée en particulier sur les croyances incas, le lien entre le corps et la spiritualité, et la reproduction de gestes agricoles.

Le Huayno en est l’exemple phare, où les danseurs et danseuses se retrouvent en ronde pour danser sur un rythme de plus en plus accéléré.

À l'époque inca, il s’agissait d’une sorte d'hymne militaire joué par des instruments typiques, comme les zampoñas (famille de la flûte de Pan). L’arrivée des Espagnols a favorisé l'évolution de la danse et la création de variétés régionales, avec les sons des mandolines, harpes, violons ou guitares.

Enfin, dans l’Amazonie péruvienne, aussi appelée « selva », l’accent est mis sur la richesse naturelle de la région, les traditions indigènes ancestrales, en gardant une influence coloniale. Les mouvements imitent souvent les animaux de la région, tels que les serpents, les oiseaux et les jaguars, tout comme les activités quotidiennes : chasse, pêche et agriculture. La danse du Sitaracuy, signifiant littéralement « fourmi qui mord » en quechua, met en scène  des hommes incarnant les fourmis qui poursuivent les femmes, symbolisant le jeu de séduction.

 

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@Franssy Acosta

 

Danser… avec ses ancêtres ?

« Depuis la préhistoire, les êtres humains dansent pour tout, pour Dieu, pour la gratitude envers la terre, etc. L'être humain est donc toujours en train de danser, car la danse est un art qui transcende les identités, les nationalités, le statut économique, devenant ainsi un langage universel. » - Angela Panta, directrice de la danse au sein de l’Université César Vallejo.

Que ce soit durant les fêtes religieuses et patronales, Nouvel An, Noël, Pâques ou autres carnavals, chaque occasion est bonne pour mettre en lumière les danses régionales, formant le cœur même des identités communautaires. Et quoi de mieux que la danse pour non seulement procurer des émotions et émerveiller les spectateurs, mais créer du lien, entretenir la mémoire, et rassembler autour de ce langage universel.

Pour les chanceux vivant ou voyageant actuellement au Pérou, vous aurez l’occasion de retrouver de nombreuses représentations de danse dans l’ensemble du pays.

À Lima, le mardi 29 avril à 19:30, aura lieu une présentation artistique (gratuite) en hommage à cet art au sein du Musée Métropolitain de Lima.

Apprendre la danse au Pérou, c’est possible !

De nombreux établissements proposent des ateliers de danse, notamment à Lima, à l’instar du Centre de Musique et de Danse de l’Université Pontificale Catholique du Pérou (CEMDUC) ou l’Ecole Nationale Supérieure de Folklore.

C’est pourquoi, en ré-interprétant les danses de façon plus contemporaine, les communautés parviennent à garder un lien avec les générations précédentes, à préserver un héritage culturel si précieux à leurs yeux.

Un profond respect des traditions et de ses ancêtres, qu’on retrouve non seulement dans la danse, mais aussi à travers la préservation des territoires, l’artisanat traditionnel, les manières de s’habiller, de chanter…etc. L’essence même du Pérou.

 

 

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