Céline Lebrun-Shaat, citoyenne française et épouse de l'opposant politique Ramy Shaath en détention arbitraire, a été expulsée du territoire égyptien sans motifs.
Depuis l'arrivée au pouvoir du dictateur égyptien, Abdel-fattah Al-Sissi en 2013, Human Rights Watch a recensé pas moins de 60,000 arrestations politiques, en plus des assassinats et de la pratique de la torture.
C'est dans ce contexte que Ramy Shaath, coordinateur en Égypte du mouvement BDS – Boycott, Désinvestissement et Sanctions – contre Israël et fils de l'actuel Conseiller des Affaires Etrangères du président Mahmoud Abbas a été arrêté à son domicile, la nuit du 5 juillet 2019 à 00h45 du matin.
Rappel des faits
Selon son épouse, Céline Lebrun-Shaath, une française installée depuis 7 ans en Égypte, professeur d'Histoire-géographie, une douzaine d'agents de sécurité lourdement armés ont fait irruption dans leur appartement cairote. Ils auraient perquisitionné le domicile sans document légal et saisi des ordinateurs et des disques durs.
Toujours selon Cécile Lebrun-Shaath, son époux aurait demandé la raison de sa détention à plusieurs reprises, mais les agents n'ont pas jugé utile de répondre à ses interrogations. Par la suite, c'est elle-même qui sera expulsée du territoire égyptien de force et sans aucun motif officiel. Elle sera d'ailleurs empêchée d'entrer en contact avec le Consulat de France au Caire, auquel pourtant elle est rattachée.
Juste avant son arrestation, Ramy Shaath avait publiquement exprimé son opposition au « Deal du siècle », le plan de paix du président américain Donald Trump pour le conflit israélo-palestinien et avait participé à diverses initiatives en ce sens, rejetant toute participation de l’Égypte à la Conférence de Bahrein.
Détenu pour ses positions politiques
Après avoir disparu pendant 36 heures, il est réapparu devant un procureur égyptien qui l'accuse d'« assistance à un groupe terroriste » et de liens avec les Frères musulmans (une organisation islamiste interdite en depuis Egypte depuis le retour au pouvoir de l'armée en 2013). Palestinien de nationalité égyptienne (que le régime égyptien lui a déjà renié en 2012 en refusant de lui renouveler son passeport, arguant qu'il était uniquement palestinien), Ramy Shaath s'était également engagé aux côtés des activistes de gauche au cours de la révolution de 2011. Sans accès à un avocat ni date de procès, il est détenu depuis six semaines dans la tristement célèbre prison Torah du Caire, où sont emprisonnés de nombreux prisonniers politiques.
En juin dernier, une nouvelle rafle de la Sûreté d'État avait visé des hommes politiques, journalistes et syndicalistes accusés de vouloir créer une nouvelle coalition d'opposants, baptisée Espoir pour les prochaines élections parlementaires de 2020. Bien que les proches de Ramy Shaath assurent qu'il s'est éloigné de la politique égyptienne depuis 2014, le procureur égyptien aurait ajouté son nom à la liste des accusés.
Emmanuel Macron, devait aborder le sujet des Droits de l'Homme et de la liberté d'expression avec son homologue égyptien lors du Sommet du G7 à Biarritz qui touche à sa fin aujourd'hui. Aucune déclaration en ce sens n'a été faite.
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