De la région parisienne au Caire, en passant par Los Angeles et Jérusalem Lors du 46ᵉ Festival international du film du Caire, Le Petit Journal a rencontré Jeanne Deny, une jeune Française au parcours hors du commun. De Paris à Los Angeles, de Jérusalem au Caire, elle incarne une génération portée par la passion du cinéma, la mobilité et la diversité.


Premiers pas et ouverture internationale
Dès l'adolescence, Jeanne s'ouvre au monde grâce au programme Brigitte Sauzay : trois mois à Berlin dans une famille allemande. S'enchaînent ensuite dix ans de liens réguliers avec l'Allemagne. Après une classe prépa littéraire en spécialité Théâtre, elle intègre HEC Paris, puis part à Los Angeles pour six mois de cinéma à l' University of Southern California.
« Ce séjour à l’USC a été l’occasion de rencontrer et d’échanger avec des étudiants venus du monde entier, ce qui a renforcé mon envie de vivre et de travailler à l’étranger ; il m’a également permis de dépasser les peurs que je pouvais avoir quant à l’expatriation, notamment celle de ne pas parler un anglais suffisamment parfait ou de devoir réinventer entièrement mes cercles de sociabilisation.»
Travailler et partir : choisir l'ailleurs
De retour en France, ses étapes à SND/M6 puis chez Fédération Studios du côté des séries (Le Bureau des Légendes, En Thérapie…) l'amènent à une réflexion :
« Si je veux partir, c'est maintenant ou jamais! »
Grâce au programme VIA/VIE du ministère des Affaires étrangères, elle rejoint Jérusalem pour piloter la coopération audiovisuelle côté cinéma.
Immersion en Palestine, expérience transformatrice
Deux ans à Jérusalem lui font découvrir un cinéma arabe authentique, loin des clichés et des paillettes.
« Mais le contexte politique bouleverse son quotidien : après le 7 octobre 2023, elle est rapatriée d'urgence et doit se réinventer à Paris, où elle transmet sa passion à la jeunesse. »
Rebondir au Caire : renaissance!
Mad Solutions, société leader du cinéma arabe indépendant, lui ouvre ses portes comme cheffe de la branche internationale. Jeanne tombe sous le charme du Caire. « Le Caire est une ville vibrante et déroutante qui m'a tout de suite plu : elle semble ne jamais dormir; on y trouve de l'animation à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. La scène artistique et culturelle y est particulièrement riche, et la ville m'émerveille chaque jour par son agitation, sa beauté et son hospitalité. »
La mission Mad Solutions et la diversité du cinéma arabe
"On sent qu'il y a un lien très fort entre les Égyptiens et le cinéma et qu'il y a une vraie volonté de venir voir des films. Le festival du Caire bat son plein, et l'aspect évenementiel du festival, qui ne dure que dix jours, fait que tout est très intense et que les gens ont plaisir à se retrouver autour des films. Il y a quelque chose de très beau dans le côté vibrant du festival."
"Les films que je pourrais recommander aux lecteurs reflètent la richesse et la diversité du cinéma que nous représentons. Nous avons en effet la chance de présenter des œuvres issues de nombreuses nationalités arabes différentes. C’est l’un des principaux objectifs que MAD s’efforce d’atteindre : mettre en lumière la pluralité du cinéma du monde arabe dans toute sa complexité."
"Il existe encore, en France ou en Europe, une perception réductrice du cinéma arabe, trop souvent associé à des drames difficiles ou à des représentations stéréotypées, comme la figure du personnage arabe cantonné à la banlieue dans un film français. Cette vision manque de nuance."
"Notre mission consiste donc à offrir une diversité authentique de voix : diversité des nationalités des réalisateurs et réalisatrices, des thèmes explorés, des genres représentés. Nous présentons naturellement des drames, mais aussi des comédies, des films de genre, de nombreux courts-métrages ainsi que des documentaires. Cette pluralité constitue un axe essentiel de notre travail.
"Cette année, parmi les films que nous représentons à MAD et qui devraient bientôt sortir en France, plusieurs m'ont particulièrement marquée : « Thank You for Banking with Us » de Laila Abbas, un film palestinien présenté à Londres, Thessalonique puis El Gouna, réalisé par une cinéaste talentueuse et qui raconte l'histoire de deux sœurs luttant pour leur héritage. C'est un film qui traite de sujets sociétaux avec nuance et humour, et qui célèbre la sororité. Ensuite, « Aisha Can't Fly Away » de Morad Mostafa, sélectionné à Cannes dans la section Un Certain Regard, suit le parcours d'Aisha, jeune soudanaise au Caire : mélange inédit de drame et de body horror, coproduit avec la France (Co-Origines), déjà distribué en Allemagne, bientôt en France. Enfin, « The Settlement » de Mohamed Rashad, présenté à la Berlinale, retrace à Alexandrie le combat de deux frères face à une injustice sociale ; fiction très réaliste coproduite par la société de production française Caractère Films".
Le conseil de Jeanne aux jeunes et aux expatriés
« Gardez votre curiosité intacte, osez partir, apprenez chaque jour. L'expatriation, c'est la chance de se réinventer, de s'ouvrir à l'inattendu. »
À retenir : « La coproduction France-Égypte prouve que nos histoires peuvent franchir les frontières et révéler la richesse de nos diversités artistiques. »
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