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INTERVIEW - Christian Poncelet, président du Sénat, voit dans l'expatriation "une expérience unique"

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 janvier 2018
Pour le président du Sénat, tenter sa chance à l'étranger constitue une expérience unique qui peut donner plus qu'elle ne prend. Rayonner hors de France n'étant cependant pas simple, Christian Poncelet explique en quoi le Sénat se doit de faciliter la vie des expatriés

Christian Poncelet innove dans le monde de l'expatriation en organisant demain, samedi 4 mars, au Sénat, la première Journée des Français de l'étranger. (Photo : Sénat)

Lepetitjournal.com : Pourquoi organiser une Journée des Français de l'étranger au Sénat et pourquoi maintenant ?
Christian Poncelet : Comme l'indique l'article 24 de notre Constitution, le Sénat représente les Français établis hors de France. J'ai donc souhaité qu'une journée soit consacrée à ces Français expatriés, pour saluer leur contribution au rayonnement de la France mais aussi pour mieux identifier leurs difficultés et chercher à les résoudre. Cette journée est organisée le samedi 4 mars, juste avant la réunion des conseillers de l'Assemblée des Français de l'étranger, qui se tiendra à Paris du 6 au 10 mars.

LPJ : Comment expliquez-vous aujourd'hui l'intérêt nouveau que suscite en France le sort des expatriés ?
CP : Compte tenu de ses responsabilités spécifiques en matière de représentation des Français de l'étranger, le Sénat s'est régulièrement attaché à améliorer le statut et la situation de nos compatriotes expatriés. On a longtemps stigmatisé la timidité des Français face à l'expatriation. Aujourd'hui je constate qu'ils sont nombreux à travailler à l'étranger et à se lancer dans l'aventure du grand large. Pas toujours à leur satisfaction.

LPJ : L'engouement médiatique sur ceux qui tentent leur chance ou réussissent à l'étranger illustre-t-il une curiosité réelle pour ceux qui osent s'ouvrir au monde ou un possible ras-le-bol des frontières hexagonales ?
CP : Le monde bouge et les frontières s'estompent. Regardez en Europe ! Les Français qui s'expatrient ne le font pas pour quitter la France où ils sont en général heureux de revenir. Ils cherchent plutôt à connaître une expérience unique. Cette démarche commence dès la vie universitaire où de nombreux étudiants français partent compléter leur diplôme dans une faculté étrangère. Elle se poursuit dans la vie professionnelle car on connaît l'importance qu'accordent les entreprises à une expérience étrangère dans l'évolution d'une carrière.

LPJ :  Les Français de l'étranger forment-ils une communauté distincte du reste de la société française ?
CP : Les Français de l'étranger restent des Français, avec leurs joies, leurs peines, leurs difficultés, souvent proches de celle des Français "de l'Hexagone". Ils sont en général attachés à garder le lien fondamental qui unit les citoyens à l'Etat et donc à rester des Français comme les autres, à bien des égards.

LPJ : Les Français de l'étranger ne partent pourtant pas tous dans des conditions confortables. La France en fait-elle suffisamment pour ses expatriés ?
CP : Les 2,2 millions de Français établis hors de France ne sont pas abandonnés. Ils bénéficient de l'important réseau diplomatique français à l'étranger qui les aide. Ils ont des représentants, les Conseillers de l'Assemblée des Français de l'étranger et les 12 sénateurs des Français établis hors de France, qui les rencontrent régulièrement et les écoutent. Beaucoup a déjà été fait pour améliorer leur situation. La journée du 4 mars répond au même objectif.

LPJ : Parmi les Français de l'étranger, certains souhaiteraient voir leurs élus siéger à l'Assemblée nationale plutôt qu'au Sénat. Quel est votre avis à ce sujet ?
CP : La constitution prévoit que c'est le Sénat, par ailleurs souvent qualifié de "grand conseil des communes de France", qui représente les Français de l'étranger. C'est ce que j'appelle un "bonus constitutionnel". Il n'a pas été attribué par hasard au Sénat. Le rôle du Sénat dans nos institutions est en effet essentiel. Le Sénat, je peux vous le confirmer, prend sa part dans la défense des intérêts des Français de l'étranger qui savent bien, dans leur grande majorité, que leurs représentants au Sénat sont constamment à leur écoute et se dépensent sans compter pour les aider à résoudre leurs difficultés. Je crois que cette compétence unique du Sénat est, pour les intéressés, un gage d'efficacité.

LPJ : Avez-vous personnellement vécu à l'étranger ?
CP : Je n'ai jamais eu l'occasion à proprement parler de vivre à l'étranger. Mes parents m'avaient envoyé pendant l'Occupation de la France en Algérie où nous avions de la famille. À l'époque, c'était encore un territoire français. Je garde un souvenir émerveillé de ces quelques années où j'allais à l'école avec les enfants algériens d'un petit village près d'Oran. J'ai d'ailleurs gardé des contacts avec mes camarades de l'époque et je les ai revus avec beaucoup d'émotion lors d'un voyage officiel récent en Algérie.
Propos recueillis par Betty RUBY. (LPJ) 3 mars 2006
logofbinter
Publié le 3 mars 2006, mis à jour le 9 janvier 2018
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