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SPORT - La Malaisie, nouvel eldorado des footballeurs français ?

Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 13 juillet 2012, mis à jour le 14 septembre 2023

Après cinq ans d'interdiction, les clubs de foot malaisiens peuvent enfin engager des joueurs étrangers, à raison d'un maximum de deux par club. Grâce à cette nouvelle règlementation, Helmi Loussaief et Dawood Elijah ont été recrutés par le PKNS FC. Rencontre avec les deux joueurs français sur lesquels le club a placé ses espoirs.

 


Des parcours atypiques

"Bien sûr qu' il y a plus de pression en Malaisie! Si le club gagne, c'est grâce à nous, les nouvelles recrues mais si on perd, c'est aussi de notre faute" annonce Dawood. Le jeune attaquant de 27 ans a rejoint le club en septembre 2011, après un parcours plutôt atypique fait de voyages. Sa passion pour le ballon rond  l'a en effet amené de la Belgique à la Turquie en passant par la Suisse et Chypre. Il signe même au club égyptien d'Al-Masry quand grondent les premières vagues de la Révolution. Contraint de quitter le club pour des raisons de sécurité, le Français garde un oeil sur les clubs des pays musulmans, dans lesquels il pourrait pratiquer l'Islam plus facilement. C'est ainsi qu'il finit par se retrouver en Malaisie. " Là-bas, les structures sont bonnes et les clubs nous veulent. Du coup, on a plus de chances de se retrouver sur le terrain mais il faut d'abord être sélectionné. Au début, on vient seulement quelques jours pour que le club évalue notre condition physique et nos capacités d'adaptation".

Helmi est arrivé dans le club une semaine avant Dawood. Toutefois, des problèmes administratifs l'ont d'abord contraint à rentrer en France avant de revenir en avril 2012. Intégrant l'Institut National du Football (INF) à 13 ans, le milieu de terrain fait partie de la fameuse promotion 1986 de Clairefontaine, immortalisée par le reportage de Bruno Sevaistre « A la Clairefontaine », diffusé sur Canal +. Dès sa première année à l'INF, le joueur français est recruté par Monaco et intègre le club trois ans plus tard. Rarement titularisé, il quitte la formation monégasque et se tourne vers la Tunisie, son autre pays de c?ur. Il rejoint finalement la Malaisie après quelques passages éclair en Hongrie et en Italie. "J'ai été très bien accueilli en Malaisie. Vraiment. Par le staff comme par les joueurs. J'ai été agréablement surpris", se souvient-il.

 

Un football à la Malaisienne


"Le plus dur au début était de s'habituer au climat. C'était difficile pendant les matches et les entraînements. Heureusement, aujourd'hui, ça va beaucoup mieux. Le corps s'adapte". Pour les deux complices, la plus grande différence avec le football tel qu'ils le connaissaient réside surement dans le caractère de leurs coéquipiers. "Il existe un grand respect sur le terrain. Vous n'entendrez jamais d'insultes. Les Malaisiens jouent avec beaucoup d'humilité et de réserve". Les joueurs musulmans de chaque camp et les arbitres vont même jusqu'à prier ensemble avant les rencontres, dans un esprit de fraternité. "C'est l'islam zen et modéré de Malaisie qui déteint sur les joueurs " estime Helmi. "Quand en Europe, on sort d'un mauvaise prestation, on a la rage et les larmes aux yeux" ajoute Dawood. "Ici, au bout de quelques minutes, ils ont encaissé la défaite et recommencent à vivre normalement en se disant que ce n'était qu'un match de foot. Ça nous met une baffe à chaque fois. Je dois dire qu'on apprend énormément". Pourtant, les deux Français estiment que le jeu est beaucoup "plus dur et rugueux" qu'en Europe

Autre différence notable, si l'entraînement est très strict, la nutrition l'est? beaucoup moins. "On peut manger des frites juste avant un match sans que cela ne pose de problèmes aux entraineurs", plaisante Dawood. "Le seul souci avec la nourriture, c'est qu'il faut se méfier quand les Malaisiens t'annoncent qu'un plat n'est pas épicé ! "

Les deux Français s'estiment redevables du PKNS FC. Le club se bat dans la "Malaysia Super League", la division d'élite malaisienne dont le niveau est équivalent à celui de la L2 française selon Dawood. Le championnat est si serré que seuls quelques points séparent les premiers reléguables des clubs de milieu de tableau. Le coach, Abdul Rahman Ibrahim, - ancien entraîneur de l'équipe nationale - compte donc sur ses nouvelles recrues pour faire la différence.

Aurait-il vu juste? En tant que joueurs "importés", les deux Français sont reconnus par leurs pairs dans les stades malaisiens. Leurs CV impressionnent. Leur influence et leur présence sur le terrain se font sentir. Ils sont d'ailleurs en période de renégociation de leurs contrats respectifs. "La règle des quotas avec deux étrangers par club favorise le pays par rapport à la progression de ses jeunes joueurs" note Dawood. "Pourtant, l'apport de l'étranger ne peut qu'être bénéfique au football malaisien. On s'apprend beaucoup mutuellement ".

Etrange parcours que celui de ces footballeurs français, tous deux formés dans les clubs de l'élite hexagonale avant de répondre aux sirènes tirées par les clubs malaisiens. Cette année, cinq français évoluent dans la Malaysia Super League. "On se connaît tous. Le football est un petit monde " rappellent Helmi et Dawood. Leur petit groupe devrait encore s'agrandir dans les prochaines années. Si les joueurs français ne font pas figure de favoris dans les championnats internationaux, il semblerait bien que les clubs malaisiens, eux, en redemandent.

Photos des deux joueurs interviewés. Texte de Antoine Mariaux (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) Vendredi 13 juillet 2012

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Publié le 13 juillet 2012, mis à jour le 14 septembre 2023

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