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L'ECOLE A LA MAISON - "Enfant j’aurais aimé que mes parents pratiquent ce mode d’enseignement“

Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 27 septembre 2016, mis à jour le 28 septembre 2016

Léonie a posé ses valises à Langkawi avec ses trois enfants il y a quelques mois de cela. A l'heure où les écoliers reprenaient le chemin de l'école, Yahel, Sanaë et Ilan restaient dans la douceur de leur foyer. En France déjà, leur maman faisait l'école à la maison au plus petit et du soutien scolaire aux plus grands. 

Gérante immobilière et professionnelle du tourisme en France, Léonie a elle-même effectué ses deux dernières années de lycée via le Cours National d'Enseignement à Distance. Auteur du blog no-angoisse.com, relectrice et vérificatrice pour divers autres blogs, l'école à la maison est une approche qui l'a toujours intéressée. ?Enfant j'aurais aimé que mes parents pratiquent ce mode d'enseignement? confie t-elle.

 

Lepetitjournal.com Kuala Lumpur : Pourquoi avoir opté pour ce système d'enseignement ? 

Léonie : J'ai fait confiance à l'école publique française, mes deux aînés y sont donc allés. Le déclic c'est fait au moment des apprentissages fondamentaux lorsque l'on s'est rendu compte, que nos enfants avaient un niveau faible et de grandes difficultés. Ils étaient pourtant dans de petites écoles à la campagne. Quand on a fait un tel constat, la question d'instruire les enfants autrement ne se pose plus : il faut arrêter de vouloir faire intégrer aux enfants de nouvelles connaissances alors que les bases, l'écriture et la lecture ne sont pas acquises. Mes deux aînés devaient reprendre des choses élémentaires qu'ils auraient dû acquérir au Cours Préparatoire et au Cours Elémentaire. Il était temps de voir les choses en face et d'agir. Il était temps d'arrêter de croire que quelque chose allait se débloquer dans leur tête et qu'ils finiraient par se tirer d'affaire car ce n'était pas eux le problème.

L'école allait-elle s'adapter à mes enfants et aux trois quarts des enfants comme eux dans la classe, qui, faisant les frais de mauvaises méthodes d'enseignement (la méthode globale étant une catastrophe) avaient - et ont toujours sûrement d'ailleurs - une incapacité réelle à entrer vraiment dans l'écriture et la lecture, sources de tout progrès ? Elle devrait le faire : c'est bien l'école qui est au service des enfants et non les enfants qui doivent s'adapter à des méthodes décevantes. Mais c'est l'inverse qui se produit souvent. Sitôt la moindre ?difficulté d'apprentissage?, les enfants sont qualifiés de dys ceci ou dys cela, sans la moindre vérification médicale c'est à dire neurologique.
Voici ce que j'ai expérimenté à l'école : les enfants doivent savoir tout de suite, sans avoir assez le temps de pratiquer. La pratique est fondamentale. L'entraînement ça prend du temps dans n'importe qu'elle discipline. Aujourd'hui, les petits élèves s'engluent dans les échecs successifs culpabilisés d'être soi-disant différents cérébralement, de décevoir papa, maman et la maîtresse, apprendre devient pour certains une corvée.
Je ne voulais plus de cet engrenage pour mes enfants. Je pense par ailleurs que la transmission cadrée d'un ?maître? qui est aussi un membre de la cellule affective de l'enfant entraîne une émulation, une motivation, une possibilité d'adaptation aux besoins de l'enfant qui favorise la rapidité d'acquisition, car cette transmission n'est soumise à aucune exigence de groupe.

Les Écoles internationales de Kuala Lumpur ne rencontrent probablement pas ce genre de problème. Mais je vis à Langkawi et ici point d'École Internationale hormis une petite structure qui impose ses propres cours par correspondance. Ayant déjà acheté des cours par correspondance en France, je ne pouvais les inscrire dans cet établissement. Les coûts de la scolarité des écoles internationales de Kuala Lumpur sont de loin trop élevés pour moi.

Avez-vous suivi une formation spécifique sur l'enseignement à la maison ?

Oui, je me suis formée sur plusieurs mois. J'ai d'abord acheté le livre intitulé Je fais l'école à la maison, le guide de Rémy D. Wiedemann. Il permet vraiment de se faire une idée de ce que cela représente au quotidien. Je pense qu'il n'est pas sage d'entreprendre l'instruction à domicile sans chercher d'abord à bénéficier de l'expérience de ceux qui ont déjà pratiqué l'école à la maison et ils sont très nombreux. Ce qui compte dans l'enseignement avant les outils, c'est l'enseignant lui-même. 

L'école à la maison a été le mode d'instruction durant des millénaires, les mamans savaient le faire naturellement. Mais c'est un savoir faire oublié. Aujourd'hui, avoir quelqu'un à qui exposer précisément nos questionnements au fur et à mesure et qui répond à nos besoins particuliers est une liberté et une nécessité quand on a conscience que cette transmission, cette relation de parents enseignant à enfant apprenant, progressant, va bien au-delà d'un cours d'école. C'est cette dimension supplémentaire qu'apporte la formation, elle transforme le cours le plus basique en un véritable événement, un souvenir qui va marquer l'enfant durablement sur son chemin de croissance intellectuelle, affectif et physique. Ainsi il progresse plein d'envie dans les apprentissages. Ca marche. J'en profite pour remercier l'auteur du guide et fondateur du site l'école à la maison ainsi que les parents du forum qui m'accompagnent.

Enseignez avec l'aide du CNED ou d'un autre organisme?

Je n'utilise pas les cours du CNED. J'ai trouvé sur le site une liste de cours par correspondance à jour avec pour chacun l'appréciation des parents qui les avaient utilisés. Grâce à leurs commentaires nombreux sur la qualité des cours en question, j'ai pu faire mon choix tranquillement.

Rencontrez-vous des moments de doute ?

Bien sûr, on se fait une montagne du fait de ?sortir du système? comme si celui-ci marquait les limites du raisonnable et que s'en éloigner vous assurait les pires déboires. Le choix de faire l'école à la maison est comme tous les autres choix : on peut ne jamais le regretter ou bien le réviser et revenir à l'école classique. Il n'y a aucune difficulté à réintégrer une scolarité banale sauf celle que l'enfant trouvant soudain les apprentissages beaucoup plus légers ne s'y ennuie. 

Est-ce que vos enfants aiment ce mode d'enseignement ou leurs arrive t-il parfois de demander à retourner dans une école classique ?

J'ai les deux cas : ma fille ne retournerait pour rien au monde au collège, mon fils lui à choisi de reprendre le chemin du privé. Ce n'est pas une question d'aimer ou ne pas aimer: on sait bien que les élèves qui vont à l'école resteraient chez eux devant la console ou la télévision si on leur demandait leur avis ou si les copains n'étaient plus là à la récréation pour les motiver à s'y rendre. Les parents bien préparés et formés ne sont pas des anti-école. Le principe de l'école est bon, mais il est juste moins bon qu'un enseignement direct du parent à partir du moment où celui-ci le fait avec les bonnes motivations, de l'aide, l'accord du conjoint et une sorte de contrat moral passé avec le jeune élève qui doit s'engager auprès de son/ses parents à faire du mieux qu'il peut. Une collaboration est nécessaire entre les membres de la famille. Cette collaboration est plus ou moins facile mais tout s'apprend : pour obtenir tout cela il y a des trucs, des choses à faire. Articles, vidéos et coachings personnalisés donnent toutes les informations nécessaires.

A vos yeux quels sont les avantages de l'école à la maison? 

Le bien être et l'épanouissement des enfants, l'aventure, le challenge commun qu'elle apporte. La protection morale, le moyen de savoir où ils en sont vraiment dans leur apprentissage et leur vie, pouvoir veiller en continu sur leur sommeil (on peut adapter l'heure du lever), à leur nourriture, les voir grandir, donner des enseignements véridiques. L'école à la maison bien faite donne un meilleur niveau que celui des écoles publiques, elle s'adapte au rythme de la famille, au choix de voyage. Le coût moindre, une reprise de responsabilité sur leur éducation intellectuelle.

Quelles sont les difficultés rencontrées dans ce type d'apprentissage ? 

Ce type d'apprentissage est beaucoup plus efficace donc les difficultés sont bien moindres et j'ai toute liberté pour les régler. Le plus embêtant en fait est la baisse d'enthousiasme du parent et donc de l'enfant pour les temps d'apprentissage, mais là encore, il suffit de revenir sur les cahiers des années précédentes pour se remémorer pourquoi l'on a choisi de prendre un peu de temps pour guider, accompagner l'enfant à son rythme.  

Comment, faites-vous pour maintenir un lien social avec les enfants de leur âge ?

Bien sûr, il est agréable pour les enfants de partager des choses avec des enfants de leur âge, mais comme ils ont besoin de reconnaître toutes les couleurs et leurs nuances, un enfant n'a pas surtout besoin d'avoir des relations sociales avec ceux-ci. Il a besoin de relations réellement constructives et non empreintes quasi constamment de compétition et comparaison avec des enfants qui ne peuvent leur en apprendre beaucoup vu qu'ils ont précisément le même âge. Les activités extrascolaires permettent facilement les rencontres du même âge.

Etes-vous en relation avec d'autres personnes qui font l'école à la maison à Langkawi ?

Nous avons des voisins et voisines qui ont fait l'école à la maison à leurs enfants avant de les inscrire dans une petite structure à Kuah qui accueille des élèves portugais, anglais, chinois, japonais...
Les enfants apprennent ainsi plusieurs langues. Nous échangeons des méthodes et des livres et continuons à nous enrichir de l'expérience des autres. 

Quels conseils donneriez vous à des parents qui veulent faire l'école à la maison ? 

D'abord de bien suivre la loi car il faut bien connaître les démarches pour que cela se passe au mieux. Il faut que ces démarches soient à jour. Ensuite, il est nécessaire qu'ils aient quelqu'un d'expérience à qui parler de leurs difficultés, à qui poser toutes les questions qu'ils veulent. 

Profiter d'un grand réseau de parents qui font déjà ou veulent faire l'école à la maison. Y aller pas à pas : prendre tous les renseignements possibles avant de commencer.

 

Anaëlle Renoult (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) mercredi 28 septembre 2016

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Publié le 27 septembre 2016, mis à jour le 28 septembre 2016

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