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INDIAN SUMMERS - Des Français jouent les figurants dans une série britannique

Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 14 janvier 2024

Indian Summers, une production de la BBC Channel 4, fait beaucoup parler d'elle, non seulement outre-Manche où elle suscite déjà un grand intérêt auprès du public britannique, américain, australien, mais également malaisien, et surtout celui de Penang où le tournage des 10 premiers épisodes a eu lieu d'Avril à Octobre 2014. Paul Rutman souhaitait revisiter l'ère Britannique en Inde et conter son histoire depuis une toute nouvelle perspective. Collaboration entre la société Britannique New Production Ltd et la compagnie Malaisienne Biscuit Films Sdn Bhd, plus de 50 épisodes seront filmés sur une période de cinq ans.

Pourquoi choisir Penang pour une histoire qui se passe en Inde dans les années 30 ?

L'histoire se situe à Simla, au nord de l'Inde, une station montagneuse où les classes coloniales dirigeantes se rendaient chaque été afin d'échapper à la chaleur, et y recréaient la petite Angleterre, avec ses théâtres, ses clubs de cricket et ses cottages de style Tudor. De la même façon, durant la colonisation de la Malaisie, les Britanniques se réfugiaient à Penang Hill durant les mois les plus chauds.

D'après Charlie Pattinson, le producteur exécutif, il était impossible de tourner dans la ville actuelle de Simla. La capitale de l'état indien du Himachal Pradesh, au pied de l'Himalaya située dans le nord de l'Inde, a vu sa population quintupler depuis l'indépendance et ses anciennes villas victoriennes sont maintenant obstruées par d'immenses immeubles modernes. Tourner pendant la mousson était un autre risque. S'embarquant dans la recherche désespérée d'une location idéale an Asie, présentant  paysage, climat et patrimoine architectural indispensables, c'est au dernier jour d'une visite en Malaisie, qu'il trouva son bonheur à Penang. La vieille ville portuaire de George Town, devenue un site du patrimoine mondial de l?Unesco, et qui, malgré son progrès économique possède encore de magnifiques bâtiments coloniaux et des quartiers assez similaires à ceux de Simla. L'hôtel Crag, situé à Penang Hill, est ainsi devenu pour la circonstance le Royal Simla Club, l'endroit principal de rencontre et lieu privilégié des intrigues de la Série Indian Summers. Woodside Bungalow (Chotipool : nom de la résidence de l'attaché du vice-roi dans le film)  à Penang Hill, Suffolk House, Town Hall, les jardins botaniques et le Musée sont également devenus lieux de décor dans le cadre du tournage.

L'hôtel Crag et Woodside bungalow allaient ainsi devenir le Club Royal de Simla et la résidence des Whelan, respectivement. Les deux résidences ayant depuis longtemps été envahies par la jungle, elles firent l'objet d'une importante restauration  qui dura pas moins de trois mois et qui employa une équipe composée majoritairement de locaux et 80% des meubles furent par ailleurs fabriqués à Penang. 

L'accès aux deux résidences n'était possible qu'en empruntant soit un chemin étroit de 5 km, soit le funiculaire : ?livrer la nourriture, l'eau et fournir l'électricité a été une réelle mission compte tenu de la constante chaleur ambiante? glisse le directeur de production Dan McCulloch.

De la fin de l'Empire Britannique à l'Inde moderne

Indian Summers relate l'histoire riche et explosive du déclin de l'empire britannique et de la naissance de l'Inde moderne. Cet été de 1932, l'Inde rêve d'indépendance mais les Britanniques sont attachés au pouvoir. Passions, rivalités et oppositions sont donc au c?ur de l'histoire.

Dès les premiers tournages, de nombreux expatriés résidant à Penang ont participé en temps que figurants après avoir été préalablement contactés par divers groupes ou associations d'expatriés. Le bouche à oreille a aussi permis à la société de production de recruter un nombre important de futurs figurants en très peu de temps.

Claude l'un d'entre eux, n'en est pas à son premier film, il avait déjà été figurant pour la production américaine La Coccinelle à Monte-Carlo alors produit en France par Walt Disney, mais cette fois-ci, il y aura un facteur de plus dans l'équation, tout le tournage a été réalisé en anglais. ?J'ai essayé un costume trois pièces et un ?'smoking'' époque 1930, comme on en fait plus : col cassé en carton blanc et vrai n?ud papillon blanc, des boutons de manchettes amovibles en métal et une chemise à languette sur le devant qui s'attache avec  un bouton du  pantalon'', se rappelle Claude, alors en essayage pour Indian Summers. La création des costumes, est l'?uvre de Nic Ede, le costumier qui a également ?uvré sur le film Gandhi ; il raconte ?les vêtements en Malaisie sont essentiellement faits, pour des raisons pratiques, en matière synthétique. Il nous fallait utiliser des tissus faits main, ou bien les costumes auraient été très inconfortables en raison du climat. Les commerçants Chinois ont fourni les tissus et les couturiers indiens de Penang ont confectionné pratiquement tous les costumes d'après mes modèles. Certaines chaussures ont été créées par un homme dont le père a été l'un des premiers à enseigner l'art de la cordonnerie à Jimmy Choo''.

Claude revient sur le premier jour du tournage, ?je ne connaissais pas le lieu du tournage puisque c'est a priori un lieu fermé. J'ai donc pu découvrir Penang Hill, Crag hotel, anciennement l'école internationale Uplands qui ouvrit ses portes en 1955. L'hôtel Bellevue, lui, était réquisitionné pour le petit déjeuner des acteurs et figurants et servait aussi aux maquilleurs, coiffeurs et costumiers. Les figurants se préparaient à l'hôtel Bellevue et étaient amenés sur les lieux du tournage en 4x4 et petits camions bâchés pour cause de terrain escarpé.''

Lepetitjournal.com : A-t-on attendu de vous un vrai travail d'acteur?

Claude : Dans un certain sens, oui. Il fallait refaire la même scène plusieurs fois et donc se rappeler à la seconde près où on en était, ce que l'on faisait et avec qui. Le timing était très précis. En tant que figurant, il faut tout de même suivre le déroulement du tournage pour pouvoir reprendre une scène si nécessaire et mieux la refaire.

 

Lepetitjournal.com : Comment s'est passée la rencontre avec les acteurs principaux du film?

Valerie : Très bien avec certains, non-existante avec d'autres. Certains acteurs et actrices (Jemima West surtout, qui avait l'air ravie de pouvoir parler français! - Elle vit à Paris et est bilingue) faisaient l'effort de nous saluer et même de nous parler tandis que d'autres, peut-être timides ou échaudés par des expériences passées avaient l'art et la manière de nous éviter. Néanmoins, nous n'avons eu aucune mauvaise expérience avec aucun d'entre eux.'

Claude : J'ai eu la chance de parler avec Julie Walters, l'actrice principale, qui connait quelques mots de français.

 

Lepetitjournal.com : Quel ressenti vous a laissé cette expérience?

Alain : On a tellement adoré qu'on a rempilé pour la deuxième saison!

Valerie : Oui! L'attente nous a paru si longue!

 

Lepetitjournal.com : Une anecdote du tournage à nous raconter? 

Valerie : Un jour, nous étions une quarantaine d'extras à jouer à Penang Hill dans le Club. C'est un espace plutôt restreint et quand nous papotions tous ensemble, c'était vite très bruyant. La veille, nous étions huit francophones mais ce jour-là, j'étais la seule. Le directeur nous a demandé de nous taire. Une fois, deux fois, à la troisième, il a hurlé ?taisez-vous !? en français. Et tout le monde s'est immédiatement tu. Après ça, dès qu'on n'écoutait pas assez vite à son gout, il hurlait en français. Je pense qu'il est reparti avec l'idée que les Français sont vraiment indisciplinés.

Claude : J'ai rencontré sur mon chemin un scorpion noir en allant mettre mon costume. Il était à priori plus à sa place que moi! Les costumes pour les femmes et les hommes étaient entreposés dans une petite maison et  dans des barnums qui se trouvaient au beau milieu du parc à oiseaux situé à coté de l'hôtel Bellevue. L'habillage se faisait donc au milieu des volières. 

 

Joëlle Saint-Arnoutl (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) mercredi 17 juin 2015

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Publié le 16 juin 2015, mis à jour le 14 janvier 2024

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