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FRANÇAISE DE KL - Sandrine Hervé, créatrice en joaillerie

Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 17 septembre 2013, mis à jour le 17 septembre 2013

?Le génie est comme le diamant, il brille dans l'ombre? disait le poète Xavier Forneret. On les admire, on les porte, on les envie, sans jamais penser à tout le travail qu'il y a derrière un bijou avant qu'il ne devienne un produit fini. Bien plus qu'un métier, Sandrine Hervé a pour passion la joaillerie. Ses yeux étincèlent comme les facettes d'un diamant lorsqu'elle en parle.

Les étagères de sa bibliothèque sont couvertes de livres de joailliers et designers, de vrais trésors de papier. Elle vous montre avec un naturel déconcertant des petits écrins où reposent patiemment opales, tourmalines, diamants, en attendant de trouver montures à leurs tailles. De quoi faire pâlir cette chère Montespan qui dit-on avait à chaque couleur de robe, une parure correspondant. Son métier lui demande de faire naître un bijou ou une collection entière à partir d'un mot, d'une idée, d'un mouvement. De sa main agile commence alors à naître sous les traits d'un crayon à papier, pièces uniques et autres parures. D'une minutie, d'un réalisme si précis qu'on y distinguerait presque la lumière s'y réfracter. Entre ses mains sont passées parfois des pièces rares, créées pour sublimer celle, comme celui qui aura le privilège de les porter. 

La route des pierres précieuses
L'envie de créer a toujours été là, latente, mais ce n'est qu'à 24 ans, après s'être formée durant deux ans en design d'objets et trois ans dans la mode, que Sandrine découvre son domaine de prédilection : les bijoux. Son diplôme ESMOD en poche, elle fait ses premières armes chez une créatrice de bijoux fantaisie lorsque le déclic se produit. Elle reprend alors le chemin des études pour s'inscrire à l'école de bijouterie BJO située rue du Louvre à Paris. ?Ce fut une évidence, dès la première minute: tout était facile, mon défaut de minutie qui me faisait passer des heures à peaufiner une broderie sur une robe devenait tout à coup une qualité, mes dessins toujours trop petits pour la mode avaient enfin la bonne taille?.

Riche d'une nouvelle corde à son arc, elle rejoint l'équipe de Georland, un des plus anciens ateliers parisien de fabrication de haute joaillerie. Cinq ans plus tard elle se décide à revenir à ses premiers amours et se réoriente vers la création. La crise vient de frapper le milieu de la joaillerie et Georland met en place un plan de licenciement. Plutôt que de se laisser désarmer, elle met son temps à profit pour entreprendre une formation de dessin et gouaché qui la mènera au sein du studio de création de Van Cleef and Arpels. ?Une expérience décisive qui m'a confirmé mon amour pour ce métier et, plus particulièrement pour la haute joaillerie?. Arrive alors dans sa ligne de mire la Malaisie. Partir n'a pas été facile, l'optique d'une expérience humaine était un leitmotiv, celle d'abandonner le chemin de la haute joaillerie une déchirure. 

 

Premiers pas en Malaisie
Arrivée en Malaisie avec la ferme intention de continuer à travailler, Sandrine avoue avoir été un peu décontenancée d'aborder certaines difficultés. ?Se retrouver du jour au lendemain sans travail a été une épreuve difficile par laquelle beaucoup de femmes d'expatriés passent. Les choses ont mis un peu de  temps à se mettre en place mais, au final, j'ai réussi à développer un réseau en Asie et à accéder à des opportunités de travail que je n'aurais certainement jamais eu en restant en France. Il y a une énergie époustouflante ici, tout va très vite!? Cela lui a permis d'acquérir de l'expérience et de découvrir un marché asiatique en pleine expansion. ?Il est très enrichissant de travailler avec différentes cultures, d'apprendre les subtilités des relations professionnelles en fonction des pays, et dans le cas présent avec les asiatiques. Tout l'art de dire non sans dire non par exemple, notion très abstraite pour nous, Français!?

 

La place de la joaillerie en Malaisie
?C'est encore un petit marché qui essaye de se développer dans l'ombre de ses voisins: la Thaïlande, Singapour et la Chine. Il y a une importante demande des personnes en Malaisie ayant un fort pouvoir d'achat, mais elles se tournent plus facilement vers les marques européennes qui représentent, pour eux, un gage de qualité et un élément de mise en valeur sociale car ces marques sont plus connues du grand public. Il y a donc beaucoup de boutiques de haute joaillerie européennes mais peu de fabrication sur place. Les sociétés les plus importantes de joaillerie en Malaisie étant entre autres De Gem, Selberan, Poh Kong, Tomei et Habib. La main d'?uvre pour ce que j'en ai vu est essentiellement Chinoise tandis que les marchands de pierres sont en grande partie Indiens?.

 

Une recherche dans un milieu fermé qui n'est pas un long fleuve tranquille
A son arrivée elle démarche en direct toutes les sociétés de joaillerie. Mais c'est un milieu très fermé et passer la barrière de l'accueil n'est pas chose aisée. Le réseautage commence, et c'est finalement grâce aux contacts d'une française vivant en Malaisie depuis longtemps qu'une opportunité de postuler pour un poste de designer se présente. ? Sans cette connexion je reste persuadée que je n'aurais jamais eu l'opportunité de décrocher un entretien. Peu importe où l'on se trouve, c'est un corps de métier basé sur un réseau?. Selberan, filiale du groupe Royal Selangor est à ce moment là désireuse de créer une collection sur le thème Rococo. Sandrine qualifie cela comme une chance, ?le fait d'être française est alors devenu un atout certain?.

Trouver un moyen de communiquer semble avoir été l'un des obstacles majeurs. ?Certaines choses évidentes pour moi ne l'étaient pas toujours pour mes interlocuteurs ici. Comparé à la joaillerie française les fabricants ici n'ont pas la même approche et, face à une difficulté technique, auront tendance à se tourner vers le designer, alors que ce n'est pas forcément dans ses cordes de trouver des solutions techniques pour la fabrication. Mon expérience en atelier de haute joaillerie a donc été un atout indéniable afin de prévenir les problèmes techniques dans les dessins et, si besoin, d'être à même d'expliquer précisément ce que j'attendais?. 

 

Joaillerie et ?simple? bijouterie, deux axes différents
Sandrine clarifie pour nous cette différence entre joaillerie et bijouterie. ?La bijouterie désigne les bijoux où il n'y a pas de pierres. Techniquement, dès qu'il y a des pierres précieuses ou fines sur un bijou, on parle alors de joaillerie.  On distingue trois catégories de joaillerie: 

- la gamme "premier prix" ou joaillerie de masse, ou access (les noms diffèrent): produite en série à des coûts moindres pour garantir un prix bas. Toutes les maisons de haute joaillerie en ont désormais une, ce qui permet de toucher un public plus large.

- La joaillerie ?créative?: en général il s'agit de bijoux produits en petites quantités et souvent fabriqués entièrement à la main par des créateurs. Par exemple les lignes de Philippe Tournaire ou Lydia Courteille.

- Enfin, la haute joaillerie: ce sont des pièces uniques avec dans la majorité des cas, des pierres très rares et donc très chères. Le caractère rare de ces pièces en fait souvent des pièces de collection. Par exemple: Van Cleef & Arpels, Harry Winston, Cartier?. 

 

Et après ?
Sandrine reprendra prochainement le chemin de la France après deux ans passés en Malaisie. En attendant, elle continue à s'investir avec toujours autant de passion dans ses créations, en créant sur commande, des pièces pour des particuliers et des entreprises privées.

 

Propos recueillis par Alexandra Le Vaillant (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) mercredi 18 septembre 2013

La collection Rococo Reimagined est en vente à la boutique Selberan à Pavilion.

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Publié le 17 septembre 2013, mis à jour le 17 septembre 2013

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