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FRANCAIS DE KL – Hugues de Courson, compositeur bohême

Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 28 avril 2013, mis à jour le 29 avril 2013

Entre la Malaisie, le Qatar et bien sûr la France, le musicien et compositeur Hughes de Courson poursuit depuis plus de quarante ans ses rêves d'ailleurs. L'ancien membre fondateur du groupe de folk Malicorne revient sur son histoire pour lepetitjournal.com.


Jeunesse bohême et premiers pas

Hugues de Courson passe la plus grande partie de sa jeunesse en Espagne, suivant sa famille issue d'une longue tradition militaire. L'Espagne éveille ses sens à la musique, et le jeune garçon s'essaie à différents instruments. A 17 ans, il retourne en France poursuivre ses études, et suit les enseignements d'une classe préparatoire littéraire au Lycée Henri IV à Paris, avant d'osciller entre Sciences Po, faculté de psychologie, ou plus tard sociologie à Nanterre. "Ça s'est terminé dans les pavés en 68 avec Cohn-Bendit". Le jeune homme sent qu'il n'est pas fait pour ce type d'études. Il s'extirpe alors du système et se tourne complètement vers la musique. Une boîte de production l'avait repéré quelques années plus tôt déjà lorsque, en hypokhâgne, il écrivait les paroles des chansons de Françoise Hardy, Régine, ou encore Hugues Auffray. "A 22 ans, j'avais ma propre boîte de production".  Ce choix audacieux marque le début d'une longue carrière?

Le mélange téméraire du Classique et de l'Ailleurs

Sensible à la danse contemporaine, le jeune compositeur se met alors à écrire de la musique pour des spectacles de danse. Lors de son séjour au Gabon, on lui commande de composer un morceau pour rendre hommage au Dr Albert Schweitzer. Il décide de se lancer dans un projet musical qui vise à imiter la démarche du docteur Schweitzer, mélangeant science occidentale (ici, la science de la musique) aux traditions africaines. C'est la naissance d'un succès formidable, baptiséLambarena : Bach to Africa, et le début d'une autre carrière pour l'autodidacte. Devenu le seul spécialiste fusion entre musique symphonique classique et musique primitive, il sort en 1998 un autre projet étonnant, Mozart l'égyptien, où il réadapte les grands classiques en y mêlant sonorités et influences arabes. Vendu à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier, le disque fait un carton. Si aujourd'hui le compositeur se consacre à ses activités d'écriture et de production, il n'en oublie pas pour autant sa passion pour les instruments en eux-mêmes. "Mais je ne suis pas un virtuose. Vous savez, on dit qu'il faut faire 7 heures de musique par jour pendant 7 ans pour maîtriser un instrument. Les instruments loufoques et bizarres me passionnent, je préfère en découvrir de nouveaux au fur et à mesure ! Et pour ce qui est de la composition, comme je suis autodidacte, il y a des domaines où je suis très bon et d'autres où j'ai des lacunes. Mais mes amis, qui eux ont fait le conservatoire, relisent souvent mes copies !" Les projets du musicien sont innombrables et il poursuit, infatigable, ses envies de syncrétisme musical, voyageant en Égypte, en Israël, en Syrie, au Yémen, en Turquie, en Bulgarie, en Grèce?

Le passage "d'hyperactif à femme d'expat'"

En 2007, Hugues de Courson s'installe en Malaisie avec sa femme, diplomate de l'Union Européenne. Ses deux plus jeunes enfants poursuivent leur scolarité au Lycée Français de Kuala Lumpur. Hugues, lui, a tenté de trouver sa place dans ce nouveau pays." Je suis passé d'une période d'hyperactivité au stéréotype de la femme d'expat qui s'ennuie par moments. Je suis devenu professeur de musique au Lycée  Français, et pendant un an, ça m'a vraiment plu. Je ne suivais absolument pas le programme de l'éducation nationale, et j'ai composé un spectacle de fin d'année quasi-professionnel. Les élèves ont adoré. Et puis je leur donnais de bonnes notes, alors les mères des élèves m'adoraient aussi !".  Le prof de lycée se fait ensuite élire au conseil d'administration, où il essaie tant bien que mal d'améliorer les conditions des professeurs et met en place le projet du doublement de la taille du lycée. "Et puis j'ai dû arrêter, je n'étais plus compétent, et on avait besoin de personnes qui s'y connaissaient en suivi de travaux. Maintenant, je cherche un peu partout quoi faire". Dans la même lignée que ses projets originaux d'il y a quelques années, Hugues de Courson aimerait aujourd'hui travailler avec le matériel musical que lui apporte la Malaisie. "La musique de Sarawak, ou des Orang Asli est passionnante, et  et les percussions ou les instruments comme le sape, de la famille des luths, sont extraordinaires, mais le projet reste très complexe à mettre en place. La Malaisie souhaite se moderniser et aujourd'hui, les valeurs musicales sont au rock anglo-saxon, pas vraiment aux « vieilles » musiques ni à la musique du monde. Ce n'est pas maintenant ni ici que je monterai un projet comme celui que j'avais lancé au Vietnam "(à savoir le Boléro de Ravel joué avec des instruments traditionnels vietnamiens !). "J'aime vivre dans ce pays mais je n'y ai pas ma place pour faire ce que je sais faire".

Ainsi, Hugues voyage et trouve ses harmonies ailleurs. Il travaille en partenariat avec le Qatar depuis douze ans et compose régulièrement pour rythmer les événements organisés par les émirs. La France accueille toujours avec plaisir les spectacles de Mozart l'Egyptien, comme en décembre dernier au Châtelet à Paris. Si la musique qui l'anime n'imprègne pas la scène malaisienne, qu'importe ! L'équilibre du bonheur peut se trouver ailleurs?

Photos et texte de Noëmie Sor (Lepetitjournal.com/kuala-lumpur) Jeudi 25 Avril 2013

 

 

 

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Publié le 28 avril 2013, mis à jour le 29 avril 2013

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