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DANIEL DARGENT – Ambassadeur de Belgique en Malaisie

Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 14 juin 2016, mis à jour le 14 juin 2016

Arrivé en août 2014 sur la péninsule, S.E Daniel Dargent est Ambassadeur de Belgique en Malaisie. C'est en Angola qu'il débute sa carrière, alors que la guerre civile faire rage. Suivront le Venezuela où il vivra deux tentatives de coups d'Etats, puis le Portugal et la Roumanie, juste après la Révolution du régime de Ceausescu, là il connaîtra la post révolution et les premières élections démocratiques. Puis ses fonctions le ramèneront en Afrique, au Nigéria, avant d'être transféré au Gabon en 2004, son premier poste en tant qu'Ambassadeur. Trois ans plus tard, il retournera en Angola, également comme Ambassadeur. Cette fois-ci le pays est en pleine expansion, le pétrole est au plus haut et le contexte politique bien différent. Le système belge tend à faire revenir ses diplomates sur le territoire pour trois ans, après deux postes consécutifs à l'étranger. Ainsi juste avant de prendre ses fonctions en Malaisie, S.E. Daniel Dargent a eu en charge les questions économiques bilatérales, et notamment les missions princières. ?Ce sont les grandes missions économiques à l'étranger qui impliquent beaucoup d'acteurs. Elles sont présidées par un membre de la famille royale, actuellement la s?ur du Roi, la Princesse Astrid. En outre j'étais en charge du suivi du ?Kimberley process?, ou processus de Kimberley , un accord international pour la certification des diamants impliquant l'ensemble des pays producteurs, et qui interviennent à un titre ou à un autre dans le commerce du diamant. Anvers étant toujours le centre mondial du diamant? explique l'Ambassadeur.  

Lepetitjournal.com Kuala Lumpur : Vous avez vécu dans des pays différents en termes de contexte social et économique. En quoi cela influe sur la façon de mener ses missions ?

S.E. Daniel Dargent : Il y a des postes qui ont des axes différents de suivi. Par exemple, en Angola la première fois était essentiellement politique, la seconde plus économique, donc la priorité va en fonction de l'évolution du pays et de ce que suit la Belgique. Elle agit bien sûr dans un cadre européen, donc au niveau de l'UE, avec ce que nous souhaitons suivre de plus près comme les droits de l'Homme ou la démocratie notamment. C'est cela qui influe le plus sur notre manière de travailler. Un diplomate est là pour informer, pour représenter son pays, assister ses citoyens et ses entreprises, et informer notre département, et par là-même nos autorités. Evidemment en fonction de la situation interne d'un pays, on sera amené à mettre plus l'accent sur certaines priorités. La Belgique vise essentiellement une diplomatie économique, les ambassades tendent à assister les entreprises et le développement de nos exportations. Mais l'aspect politique reste tout de même très présent, et on essaie de se coordonner de plus en plus sur le plan européen. 

A combien de ressortissants est estimée la présence belge en Malaisie?

A peu près 500 personnes, dont environ 400 enregistrées à l'Ambassade. D'une année à l'autre cela est assez stable, mais il y a eu une expansion continue, il y a quelques années cela tournait autour de 200-300 citoyens. On note une augmentation à la fois pour des raisons économiques, mais aussi parce que l'on retrouve des retraités au travers de MM2H. Mais le profil type des Belges ici reste des cadres d'entreprises autour de la quarantaine, venus avec leur famille.

Quelles sont les relations économiques qui lient la Belgique et la Malaisie ?

Nous avons des exportations qui sont en augmentation avec bien entendu des fluctuations. En 2015, nous enregistrions 545 millions d'euros d'exportations et 910 millions d'euros d'importations. Nos exportations sont assez diversifiées, mais en général les produits chimiques sont le principal secteur (35 %), suivent les machines et appareils, une catégorie assez diversifiée pour la Belgique qui est un pays industriel. Nous produisons différents types d'équipements qui servent à la production en Malaisie, (20%). On retrouve les matières plastiques (14 %), et les produits alimentaires (6 %) qui représentent un peu notre vitrine. Si vous allez dans un café ou un bar ici, vous trouverez facilement les fameuses bières belges, qui sont je dois dire en développement partout dans le monde. Le chocolat aussi, car c'est à travers ces produits que les Malaisiens nous connaissent. Ils connaissent aussi souvent nos footballeurs. 

Nous avons d'autre part quelques investissements importants en Malaisie. Bekaert, leader mondial dans les produits à base d'acier. Mais aussi dans la finance ou le médical, comme AGFA, ou encore dans la production de chaux. Lorsque l'on parle d'entreprises belges, c'est une notion à prendre au sens large. Parfois il peut s'agir d' entreprises qui ne sont établies qu'en Malaisie mais fondées et gérées par un Belge et qui souvent importe des produits de Belgique. Nous avons des sociétés qui sont des filiales belges, et puis vous avez aussi des représentants ou distributeurs de sociétés belges qui peuvent être Malaisiens. Nous répertorions une cinquantaine d'investissements belges ici. A titre d'exemple, SWIFT, une société  importante dans le domaine bancaire et basée près de Bruxelles, a inauguré son centre régional asiatique à Kuala Lumpur  en 2014, et compte aujourd'hui plus de 300 employés dont 18 Belges. Biotec est elle, spécialisée dans la production d'énergie à base de résidus de l'industrie de l'huile de palme, un domaine en pleine croissance en Malaisie et favorable à l'environnement. Biotec vient de se voir attribuée le design et la construction d'une nouvelle unité de production d'une capacité de 2MW près de Penang. Autre exemple, mais bien différent : Jean-Michel Gathy est un architecte belge réputé, installé en Malaisie de longue date. Sa société Denniston est leader dans son domaine, spécialisée dans le design des resorts et hôtels de luxe partout dans le monde. Il emploie près de 150 personnes en Malaisie.

Aviez-vous des missions spécifiques à mener en arrivant en Malaisie ?

Oui, d'accueillir en novembre 2014, juste après mon arrivée, une mission économique princière préparée en collaboration avec différents acteurs belges. Quelque 300 participants sont venus de Belgique dont 200 représentants d'entreprises, ce qui représentait un défi logistique pour cette Ambassade aux moyens limités. D'une manière générale, ma première mission est de développer les relations bilatérales, surtout sur le plan économique. Cela étant, en novembre nous profitons de la Fête du Roi pour organiser des ?Belgium days" qui offrent l'occasion de présenter certains aspects de notre culture. En 2015, une écrivaine belge est venue donner une conférence et nous aurons en novembre prochain un jazzman connu, Jef Nève, qui donnera un ou deux concerts. En parallèle, ma mission est d'assurer un suivi quotidien et d'être assez multifonctionnel dans la manière d'approcher les choses. Mais la priorité reste la bilatéralité économique, donc soutenir les entreprises belges qui s'intéressent au marché malaisien, ou celles qui sont installées ici pour les soutenir dans leurs actions. 

On tend par ailleurs à promouvoir la Belgique comme ?hub? en Europe, puisque nous sommes le centre de l'UE mais aussi un pays central, qui permet de voyager facilement au sein de cette zone. C'est un peu notre cheval de bataille, l'objectif est de présenter la Belgique comme lieu idéal d'investissement avec son port d'Anvers et nos autoroutes assez développées. Bruxelles est surtout un lieu de tourisme d'affaires comme centre international européen, même si maintenant il y a un tourisme de particuliers qui s'est bien développé. 

Sait-on quantifier le nombre de francophones belges présents sur le territoire malaisien ?

Nous évitons de faire des statistiques par langue. En Belgique votre langue dépend de votre région, mais ici à l'étranger, chaque Belge peut choisir sa langue de préférence pour les formalités administratives. Je dirais qu'il y a probablement un peu plus de néerlandophones et 35 à 40 % de francophones, mais cela ne repose sur aucun calcul précis. C'est à peu près similaire à la Belgique, où l'on trouve 55 % de néerlandophones et 45 % de francophones

Et puis il y a la francophonie. En Belgique la communauté néerlandophone s'intéresse souvent aux aspects culturels francophones et vice versa. Nous restons un pays bilingue et portons ainsi toujours un intérêt à ce qu'il se passe dans l'autre communauté. 

 

Alexandra Le Vaillant (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) mercredi 15 juin 2016

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Publié le 14 juin 2016, mis à jour le 14 juin 2016

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