

Le 52ème Salon International de l'Aéronautique et de l'Espace, plus souvent connu sous l'appellation Salon du Bourget s'ouvrira en juin 2017. Une fois tous les deux ans, durant sept jours, cette manifestation mondiale considérée comme la première du genre réunit toutes les dernières innovations au sein d'un seul et même lieu. La dernière édition avait vu plus de 2.300 entreprises exposantes, ainsi qu'une affluence et un montant de contrats records. Derrière cet évènement qui attire professionnels et grand public, on retrouve le SIAE, filiale du GIFAS, l'organe professionnel qui représente et fait la promotion de l'industrie aéronautique et spatiale tout au long de l'année.
Le Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales (GIFAS) regroupe 364 sociétés, depuis les grands maîtres d'?uvre et systémiers, jusqu'aux PME. Elles constituent une filière cohérente, solidaire et dynamique de haute technologie. Elle est spécialisée dans l'étude, le développement, la réalisation, la commercialisation et la maintenance de tous programmes et matériels aéronautiques et spatiaux, civils et militaires, ainsi que des systèmes de défense et de sécurité : avions, hélicoptères, moteurs, engins et missiles, satellites et lanceurs spatiaux, grands systèmes et équipements, systèmes de défense et de sécurité, sous-ensembles et logiciels associés. Le GIFAS représente une profession dynamique, au potentiel de développement important, tant en termes de valeur que d'emplois. Son chiffre d'affaires s'élève à près de 58.3 milliards d'euros, elle exporte 83% de sa production, emploie directement 185.000 personnes, dégage un excédent commercial de 22.2 milliards d'euros, et consacre chaque année plus de 14% de son chiffre d'affaires à la Recherche & Développement.
Le 1er septembre 2015, le GIFAS lançait en Malaisie un réseau accompagnant les sociétés françaises souhaitant se développer dans la zone, le SEAFAN (South East Asia French Aerospace Network). Rencontre avec Simon Graber, son représentant sur place, qui revient pour nous sur les enjeux et les objectifs visés, ainsi que sur le bilan de ces premiers mois dans le Sud-Est asiatique.
Lepetitjournal.com Kuala Lumpur : Pouvez-vous revenir sur votre parcours professionnel? Pourquoi vous être orienté vers l'aéronautique ?
Simon Graber : Diplômé de l'ESTACA (École Supérieure des Techniques Aéronautiques et de Construction Automobile), j'anime le SEAFAN depuis début septembre 2015. J'étais précédemment en poste chez un industriel indonésien pour THALES, puis en mission auprès de SAFRAN Aircraft Engines, afin d'accompagner des fournisseurs dédiés au programme d'export du Rafale en Inde. J'ai aussi travaillé chez Aerobay, une start-up du secteur aéronautique où j'ai développé l'offre commerciale.
Je me suis orienté vers l'aéronautique car c'est un secteur en croissance constante. Selon le bilan du Groupement des industries françaises aéronautiques, spatiales et de défense, le chiffre d'affaires du secteur est en progression pour la sixième année consécutive. Le marché aéronautique est de surcroît un formidable générateur d'emplois : 11.000 recrutements ont été réalisés pour l'année 2015, c'est plus que prévu. La profession accueille à bras ouverts les jeunes diplômés, et leur promet également de belles perspectives d'évolution de carrière.
L'Asie et plus particulièrement la Malaisie, qu'est-ce qui a poussé le GIFAS à s'implanter dans cette région du monde ? Quelle est l'importance de l'aéronautique localement, et d'une façon plus large dans l'ASEAN pour la France ?
La région Asie-Pacifique va continuer de tirer le marché aéronautique mondial pour les deux décennies à venir. John Leahy, directeur commercial d'Airbus, a déclaré lors du salon aéronautique de Singapour 2016 que la région conservera le plus fort taux de croissance mondial pendant 20 ans. Ces prévisions sont partagées par les principaux constructeurs d'avions de la planète. Les données suivantes, issues des prévisions d'Airbus, sont inédites dans l'histoire du transport aérien et permettent de mieux appréhender les besoins colossaux de la région Asie-Pacifique.
- 12.800 nouveaux appareils pour une valeur de 2.000 milliards de dollars
- Une croissance du trafic passager de 5.6% contre 4.6% dans le reste du monde
- 5.600 appareils opérés aujourd'hui contre 14.000 dans 20 ans
Ce carnet d'ordres record dans la région va nécessairement impliquer une augmentation des cadences de production d'avions et densifier les prises de commande auprès de la sous-traitance, conduisant les donneurs d'ordres à diversifier leurs sources d'approvisionnement. De ce point de vue, l'Asie présente les qualités qui lui permettront de devenir un comptoir important pour fournir toute l'industrie aéronautique mondiale. D'autre part, un avion est conçu pour voler 30 ans. Donc toute la flotte asiatique nécessitera des ressources en matière de maintenance. Il sera nécessaire de multiplier les stations d'entretien et de réparation en Asie. Or, la France possède des entreprises reconnues mondialement en la matière. Partant de ce constat, la commission internationale du GIFAS a décidé l'ouverture d'un bureau du GIFAS à Kuala Lumpur agissant comme une tête de pont afin d'identifier les besoins et les opportunités en Asie du Sud-Est. La volonté d'installer une antenne du GIFAS en Malaisie est liée aux multiples atouts de ce pays en plein développement. L'État fédéral est au c?ur de cette région très dynamique. Le pays est un client très important pour notre industrie. Dans le domaine civil, la compagnie à bas coût AirAsia opère 170 avions, exclusivement des modèles Airbus (familles A320 et A330) et de manière plus générale, l'ensemble des avions civils exploités dans la région embarquent des systèmes et équipements français. En ce qui concerne le domaine de la défense, la Malaisie constitue le second partenaire des industries françaises en Asie et s'est hissé au rang de 8ème client mondial de la France entre 2010 et 2014. Notre gouvernement et les entreprises françaises sont d'ailleurs engagés auprès de la Malaisie pour apporter leur soutien dans ses grands projets industriels et de développement de son infrastructure. La Malaisie est donc un partenaire clé et incontournable pour la France, offrant un climat d'affaires convivial pour nos entreprises.
En quoi consiste le réseau SEAFAN et comment est-il mis à l'?uvre ici ?
Le SEAFAN est un réseau d'entraide réunissant des entreprises françaises membres du GIFAS, implantées, exportant, prospectant ou recherchant des partenaires en Asie du Sud-Est. La création du SEAFAN s'est faite dans la continuité du réseau NAFAN (North American French Aerospace Network), ou encore du réseau existant au Japon.
Depuis son lancement en octobre 2015, le réseau du GIFAS en ASEAN compte 259 personnes réparties dans 89 entreprises, implantées en France et/ou en Asie du Sud-Est, parmi lesquelles :
- 4 constructeurs d'aéronefs
- 25 équipementiers
- 60 PME
Le SEAFAN compte également parmi ses membres des organismes de recherche et développement, de promotion de la formation aéronautique. Le réseau est également en contact avec des agences de soutien à l'investissement, ainsi qu'avec les services économiques et les missions de défense des ambassades françaises des pays de l'ASEAN.
Comment se sont déroulés les premiers mois d'animation du réseau ?
Ils ont été denses. La région est très active et de nombreux acteurs aéronautiques ont des opérations en cours ou y prospectent. En arrivant, j'avais dans mes valises les demandes d'une trentaine d'entreprises souhaitant obtenir des informations spécifiques sur le marché aéronautique en ASEAN. Depuis, j'ai coordonné des projets d'industrialisation, développé une base de prospects, et identifié des contacts de distributeurs, dans le domaine civil comme de la défense.
De plus, j'ai développé un site Internet afin de cartographier la base industrielle aéronautique de l'ASEAN. En parallèle, afin de consolider le réseau, des comités GIFAS locaux ont été créés en Malaisie et à Singapour. L'organisation du salon aérien de Singapour de février 2016 a été coordonnée par l'intermédiaire de ces comités. Le salon aérien a d'ailleurs été un immense succès pour la France, avec la participation de plus de 50 sociétés exposant sur le pavillon GIFAS, un record!
Lorsque l'on souhaite promouvoir la coopération entre entreprises françaises et asiatiques dans la région, quels sont les défis à relever ?
La vocation du SEAFAN est d'aider les PME membres du GIFAS à pénétrer les marchés d'Asie du Sud Est. Pour atteindre cet objectif, le SEAFAN fournit d'une part de l'information en continue sur les marchés aéronautiques de l'ASEAN. D'autre part, le bureau du GIFAS en Asie du Sud-Est analyse les correspondances entre les entreprises asiatiques et françaises puis met en relation les entreprises identifiées comme ayant des potentiels de développements commerciaux communs. Le GIFAS accentue donc l'aide et le soutien à destination de ses PME, et leur permet de gagner un temps considérable par son travail amont d'identification du marché.
Le SEAFAN a aussi un rôle institutionnel, dont l'objectif est de promouvoir la relation bilatérale entre la France et les pays de l'ASEAN. En Malaisie, des travaux en ce sens sont en cours comme par exemple le soutien au développement de la nouvelle association des industries aéronautiques malaisiennes, MAIA. Le pays bénéficie d'un écosystème favorable au développement d'activité de production aéronautique. L'État fédéral possède des infrastructures de communication et d'acheminement de l'énergie moderne, ainsi qu'une main-d'?uvre anglophone qualifiée, ce qui contribue à renforcer la confiance quant à l'implantation d'unité de production aéronautique. Pour preuve, SAFRAN Landings Systems possède une usine au sud de l'aéroport international de Kuala Lumpur.
L'industrie du pays, principalement basée sur l'automobile, le pétrole, les semi-conducteurs et le médical, est en pleine mutation. L'Aerospace Blue Print 2030 est un plan sur 15 ans du gouvernement malaisien qui doit permettre de faire du pays un leader de l'aéronautique. La MAIA aura pour rôle d'organiser et de coordonner des actions afin d'implémenter ce plan de développement. Le GIFAS épaule la MAIA afin de relever ces nouveaux challenges.
À Singapour et en Indonésie, des événements communs ont été organisés avec les organismes homologues du GIFAS, AAIS, IAMSA et INACOM. De futurs événements sont en préparation pour la fin de l'année 2016.
Il est important de rappeler que ce travail de promotion et de rapprochement entre les industries de l'aéronautique françaises et asiatiques s'appuie sur les acteurs industriels français implantés (principalement des grands groupes), ainsi que le réseau des ambassades de France dans la région.
Quels étaient les objectifs définis pour cette première année en Malaisie?
Après la production et la vente, l'opération des avions implique :
- Un renforcement des capacités aéroportuaires en modernisant les infrastructures existantes et en construisant de nouveaux aéroports
- Une augmentation des besoins en MRO (Maintenance Repair and Overhaul)
- Le déploiement des systèmes de contrôle et gestion du trafic aérien
La France possède des entreprises avec des compétences de pointe permettant de relever ces défis. La plupart sont membres du GIFAS. Le SEAFAN leur permet, premièrement de mieux comprendre les enjeux du marché sud-est asiatique. Deuxièmement les membres du réseau SEAFAN peuvent venir puiser des informations essentielles afin de s'orienter vers les acteurs locaux pertinents et donc faire aboutir leurs projets. L'objectif confié au SEAFAN est de tout mettre en ?uvre pour donner les clés du succès aux entreprises du GIFAS sur les marchés de l'ASEAN.
Alexandra Le Vaillant (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) mardi 21 juin 2016
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