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EXPERIENCE - Etudiant français en Malaisie

Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 5 novembre 2012, mis à jour le 8 septembre 2017

Alors que beaucoup d'étudiants rêvent de partir faire leurs études aux Etats-Unis, certains ont choisi la Malaisie. Deux cultures bien différentes? Le Petit Journal a rencontré Florine, Solène et Guillaume, des étudiants français en école de commerce qui participent à un programme d'échange universitaire à l'université Tun Abdul Razak (UniRazak).  Ils nous racontent la vie d'un étudiant étranger en Malaisie.

 

"No stress"

De l'avis de tous, la grande différence entre les deux pays semble être la décontraction générale, finalement à l'image de la société malaisienne. Les Français assurent que jamais ils ne voient leurs camarades malaisiens stressés. D'après eux, ces derniers font "tout au dernier moment". Soit, mais est-ce vraiment différent de la France ? "Ici, ils font vraiment toujours tout à l'arrache" affirme Solène. "Lorsqu'on a rendez-vous pour un travail de groupe, sur cinq élèves, deux seulement viennent et encore ils n'ont pas fait leur part du travail !" raconte-t-elle. Arriver en retard, pour les étudiants comme les professeurs n'est pas rare, c'est même plutôt la norme. "Ce qui est surprenant, c'est de les voir à l'heure !" s'exclame Guillaume. De même, il est normal de décrocher son téléphone pendant les cours, de discuter, de faire des allées et venues. "Ce qui est très étonnant, c'est qu'être sur Skype ou Facebook pendant les cours n'est pas perçu comme un signe de non-respect" continue Guillaume.

Cette attitude décontractée est également valable pour les professeurs. Ils font leurs cours avec beaucoup d'humour, donnent de nombreux exemples et montrent des vidéos. L'un d'entre eux a même passé à la classe la version anglaise de l'émission "Juste pour rire" ! Les deux Françaises expliquent que le plus sérieux est le professeur Néo-Zélandais, le seul occidental parmi le corps enseignant. "On sent vraiment la différence dans la façon d'enseigner" précisent-elles.

 

Des Malaisiens moins expérimentés et hétérogènes

 

En commerce, les étudiants ont l'habitude des travaux de groupe mais Florine et Solène confessent qu'il n'est pas toujours évident de travailler avec les Malaisiens qui ?uvrent beaucoup "chacun dans leur coin"  Ici, un travail censé être collectif est surtout "une répartition des tâches" explique Solène, "il n'y a pas de véritable coordination". Cela vient aussi très certainement de l'inexpérience des Malaisiens. Ces derniers n'ont pour la plupart jamais travaillé et sont étonnés et impressionnés que leurs camarades européens aient déjà plusieurs stages à leur actif. De manière générale, les étudiants français, qui ont ainsi plus de facilités que les locaux, estiment que le niveau global comme la charge de travail sont moins élevés qu'en France.

L'autre difficulté à travailler en groupe est l'hétérogénéité des étudiants. En France déjà, chacun a ses propres préoccupations mais imaginez dans une classe où l'âge des étudiants varie de 18 ans à la trentaine voire la quarantaine ! Florine raconte qu'elle est avec une femme enceinte dans son groupe de travail:"Forcément, elle a d'autres soucis en tête !".

L'hétérogénéité des étudiants et le peu de temps passé à l'université rendent également le tissage de liens difficiles. Florine et Solène ont 16 heures de cours par semaine pour 4 matières seulement. Leur emploi du temps est clairsemé ; elles sont très peu à l'université. De plus, elles sont mélangées à différentes promos. Certains de leurs cours sont des cours de première année, d'autres de deuxième ou de troisième année. Elles l'avouent, leurs cours, elles les ont choisi en fonction des horaires et de leur emploi du temps. Celui qui leur était proposé au début comprenait des cours le samedi et le dimanche ! Et oui, dans cette université Malaisienne, pas de week-end ! Les deux amies ont alors demandé l'emploi du temps de toute l'université et ont réussi à se débrouiller pour avoir un week-end de 3 jours. "Après tout, on est là aussi pour profiter du pays !'" s'exclament-elles.

 

Stars de l'université ou "produits marketing" ?

Découvrir la Malaisie, même si pour cela il faut de temps en temps sécher les cours, le Directeur de l'université n'y voit pas d'inconvénient. Ce dernier a convoqué au début de l'année les quelques étudiants en échange pour leur souhaiter la bienvenue et s'assurer qu'ils ne manquaient de rien. Il les a ainsi explicitement autorisé à sécher les cours s'ils devaient partir en vacances. En plus de cette réunion très VIP avec le directeur, nos Français "chouchoutés" ont eu droit à deux shootings photo durant lesquels ils ont largement été surreprésentés par rapport aux autres étudiants. L'un a même duré près de sept heures ! Des vêtements pour le shooting ainsi que des repas leur ont même été offerts tout au long de cette journée éprouvante. Ils sont maintenant partout sur le site de l'université, sa page Facebook et ses brochures.

En voulant à tout prix montrer qu'elle accueille des étudiants étrangers, l'université oublierait presque les étudiants locaux. Florine et Solène s'interrogent sur cette image d'ouverture et de mixité que veut se donner l'université en mettant en avant une petite minorité qui n'est pas représentative de l'ensemble des étudiants. D'ailleurs, notent-elles, le professeur qui a été choisi pour le shooting photo en classe est le seul professeur occidental ; un Néo-Zélandais. Guillaume le confirme, "être l'un des seuls étudiants étrangers, c'est être la proie du service marketing de l'école". "Au début c'est amusant puis ça devient vite usant" poursuit-il. Florine estime qu'ils sont "un produit marketing" pour l'université. Si Florine et Solène reconnaissent être "couvées" par l'université, elles ne sont pas dupes: "Nous sommes favorisés de la sorte par Unirazak parce qu'elle ne veut pas perdre son partenariat avec notre école".

Si l'université est "aux petits soins" pour ses petits protégés, ces derniers attirent également l'attention de leurs camarades malaisiens, très curieux. Les professeurs aiment faire parler les expatriés pour donner des exemples ou faire des comparaisons. Bien souvent, leur prise de parole suscite l'étonnement des Malaisiens ; tantôt admiratifs, tantôt plutôt outrés. Lorsque les Français indiquent que la norme est de se marier entre 25 et 30 ans en France, les Malaisiens expliquent que ne pas être marié à cet âge, c'est plutôt une honte pour la famille.

Chaque semaine, les étudiants français ont la confirmation qu'eux et leurs camarades malaisiens vivent dans "deux mondes à part", sentiment réciproque. Partant de là, il est difficile de nouer des liens ; "Nous avons des vies tellement différentes" conclut Solène.

 

Camille Bondu (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) Mardi 7 Novembre 2012

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Publié le 5 novembre 2012, mis à jour le 8 septembre 2017

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