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PASSEUR D'HISTOIRE - Geneviève Fauconnier, Soeur, Femme et Ecrivaine

Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 16 janvier 2017, mis à jour le 16 janvier 2017

 

2016 a été l'année du frère, et en novembre encore, nous évoquions ses aventures dans ces colonnes. Restons dans la famille, après le Goncourt, voici le Fémina, et commençons le nouvel an avec l'une de ses s?urs.

S?ur, c'est pour ça qu'elle est venue en Malaisie

Nous sommes en 1909, voila quatre ans  qu'Henri Fauconnier est venu faire fortune en Malaisie. Le succès est au rendez-vous. Les cours du caoutchouc flambent, il est temps d'inviter la famille en vacances. Mélanie, la mère et ses deux s?urs, Geneviève et Marie débarquent à Singapour en février 1910. Les deux jeunes femmes se promènent dans un rêve éveillé où tout les émerveille. Le bungalow avec ses grandes chambres sans plafond, la rivière Selangor que l'on traverse en barque au milieu des crocodiles pour aller visiter la plantation. 

On se promène à pied sur la colline qui domine Kuala Selangor au milieu des palmes et des vieux canons. On déjeune à la Resthouse avec vue sur la mer et ses jonques, tout en savourant de gros dourians. Geneviève se souvient des semnopithèques à coiffe et de leurs petits de couleur orange. Mais le coup de foudre est la Colline de la Puce, sur la route du Pahang. Geneviève écrit : « Ce séjour à la montagne reste comme un souvenir de rêve. Bukit Kutu, c'est l'Orient et c'est l'Occident dans toutes leurs beautés confondues? » 

En mai, lorsqu'elles repartent, les trois femmes visitent Singapour en compagnie d'un Français qui demande Marie en mariage. C'est pour cette raison qu'en janvier 1911 la famille est de retour. Mais à l'arrivée Marie tombe gravement malade. Après une longue période de convalescence à Singapour, les trois femmes viennent passer le mois de septembre avec Henri avant de rentrer en France. Elles reviennent en janvier 1914, pour célébrer le mariage. 

Femme, c'est pour ça qu'elle y a vécu

Août 1914, la guerre éclate, les hommes rentrent faire leur devoir. Les femmes restent en Malaisie. Le 20 mai 1915 Geneviève épouse René Van den Berg à Kuala Lumpur. C'est un neveu d'Adrien Hallet, agronome et banquier belge, devenu le mentor d'Henri Fauconnier. Parce que la retraite favorite de Geneviève, Bukit Kutu affiche complet, c'est à Jeram, la plage des planteurs du district de Kuala Selangor que notre jeune couple passe sa lune de miel. Une cabane posée sur la plage au milieu des cocotiers, la journée s'écoule en sarong, avec la mer et les couchers de soleil. Geneviève apprend à tisser des nattes de pandanus avec les femmes du village malais pendant que René chasse le crocodile sur la Sungei Buloh (rivière aux bambous). Jeram c'est les canards, les jonques et les pêcheurs, la boue, les hérons et les aigles et surtout de magnifiques couchers de soleil.

Le jeune couple s'installe dans une nouvelle plantation, Alagoo Malai (aujourd'hui Myniak Estate). René finit par s'engager dans l'armée belge, il embarque pour Marseille avec Geneviève le 6 septembre. Après la guerre René retourne sur la plantation de Sungei Rambai, d'abord seul, puis Geneviève et leurs trois enfants doivent venir le rejoindre. Mais en 1920 les cours du caoutchouc s'effondrent, René abandonne le métier de planteur pour rentrer définitivement en France en 1922.  

Ecrivaine, et c'est pour ça qu'elle est connue

La famille s'installe à Fontenay-aux-Roses au sud-ouest de Paris. Si son mari apprécie la vie intellectuelle parisienne et les surréalistes qu'il accueille dans sa librairie au 120 du boulevard Montparnasse, Geneviève préfère la campagne. En 1926 elle se retire sur les terres familiales du Crû à Saint-Palais-de-Négrignac en Charente-Maritime. Elle commence par écrire pour les enfants, Les trois petits enfants bleus (la découverte de la campagne par des petits citadins) et Micheline à bord du Nibong, qui nous raconte la traversée d'une famille française vers la Malaisie. Une mère et ses trois jeunes enfants vont rejoindre le père qui est planteur. Roman qu'elle a écrit dès son retour de Malaisie en 1910, mais qui n'est publié qu'en 1932. Son premier roman Claude, qui évoque une enfance provinciale au début du siècle est couronné par le prix Femina en 1933. Suivront quatre autres romans et des nouvelles. Son dernier livre en 1960, un recueil de 10 nouvelles, Evocations est largement un retour sur les jeunes années où l'on retrouve le voyage en Malaisie dans Printemps au pays sans printemps, Péninsule et Traversées. Geneviève Fauconnier s'est éteinte en 1969. 

Si vous cherchez un nom pour l'école primaire française de Kuala Lumpur, ne cherchez pas plus loin. Parce qu'elle est venue en Malaisie, l'a aimée et nous l'a racontée, parce qu'elle a aimé les enfants et parce qu'elle a écrit pour eux, vous aurez du mal à trouver mieux : Geneviève Fauconnier !

 

Serge Jardin (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) mardi 17 janvier 2017

Retrouvez Serge Jardin à travers son ouvrage le plus récent, Malacca Style, ou la série d'articles Passeurs d'Histoire

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Publié le 16 janvier 2017, mis à jour le 16 janvier 2017

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