A peine plus d'un an après le crash du vol MH17, Moscou a décidé de faire pression pour que l'ONU fasse preuve d'un rôle impartial dans l'enquête sur les causes de l'incident. Vladimir Poutine a rejeté les propositions malaisienne, australienne, néerlandaise, belge et ukrainienne, en faveur de la création d'un tribunal pénal international dirigé par le Conseil de sécurité de l'ONU, jugeant ce projet ?contre-productif et prématuré?.
Sous la houlette de la Hollande, les pays cités en faveur du projet mènent déjà une enquête criminelle sur les responsabilités la compagnie Malaysia Airlines.
La Russie a fait part de son propre projet de résolution auprès de l'ONU, demandant à ce que ?les auteurs de l'accident aérien soient traduits en justice?. Ce lundi, les 15 membres du conseil de sécurité ont examiné les deux projets de résolution rivaux.
Gerard van Bohemen, représentant permanent de la Nouvelle-Zélande au sein de l'ONU, désigné président du conseil de sécurité pour le mois de juillet, a parlé d'un ?dialogue très positif, ce malgré les blocages qui demeuraient sur le principal point litigieux : la création d'un tribunal international. Il a néanmoins affirmé que les positions en faveur de la création d'un tribunal étaient clairement dominantes.
Vitaly Churkin, son homologue pour la Russie a déclaré quant à lui que Moscou s'y opposait car ce projet de création d'un tribunal n'était pas ?conforme aux dispositions de la Charte des Nations Unies?, ajoutant que ?le Conseil de sécurité des Nations Unies n'était pas censé faire face à de telles situations?. Pour la Malaisie, l'Australie, les Pays-Bas, la Belgique et l'Ukraine les enquêtes menées respectent les normes internationales.
La Commission de sécurité de Hollande doit rendre un rapport final sur la cause de l'accident qui a causé la mort de 298 personnes dont deux tiers de ses ressortissants, en octobre prochain. Il est conduit indépendamment de l'enquête criminelle, menée en parallèle.
Selon l'agence de presse canadienne Reuters, le projet russe consiste à exhorter Ban Ki-moon à élaborer un rapport sur "les mesures qui permettraient d'améliorer le rôle de l'ONU dans l'enquête" et à nommer un envoyé spécial qui soit en charge du dossier. A ce sujet, l'ambassadeur Britannique à l'ONU, Matthew Rycroft bénéficiant également d'un droit de veto, a déclaré ce lundi: "nous ne soutenons pas le projet russe?.
Le projet de résolution russe demande à tous les pays impliqués dans le dossier de tenir le Conseil de l'ONU pleinement informé de l'évolution des enquêtes. Toutefois, une déclaration commune a stipulé que l'enquête criminelle resterait confidentielle afin de ne pas compromettre de potentielles poursuites futures. Cette même déclaration stipule que pour le Conseil de sécurité, il est crucial, d'une part, de prendre des mesures claires et fermes contre les responsables de l'attentat contre MH17 et d'autre part, de montrer aux acteurs non étatiques de plus en plus nombreux, qu'elle ne ferait preuve d'aucune tolérance envers les attaques d'avions commerciaux.
Les pays en faveur du projet de résolution pour un tribunal espèrent soumettre leur projet à un vote ce mois-ci.
Laura Cappai (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) jeudi 23 juillet 2015
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