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MALAISIE - 1MDB, le plus gros scandale financier de la planète ? 

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Najib Razak, @AFP
Écrit par Adrien Filoche
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 24 mai 2018

Najib Razak, ancien Premier ministre malaisien, est accusé depuis 2015 d’avoir détourné plusieurs milliards de dollars de fonds publics. Une récente perquisition à son domicile a révélé qu’il conservait chez lui 72 mallettes de billets, ainsi qu’une importante collection de sacs de luxe. Najib Razak est aujourd’hui interdit de quitter le territoire. 

Cité à comparaitre mardi 22 mai devant le MACC, la Commission Anti-Corruption de Malaisie, Najib Razak, Premier ministre jusqu’en mai dernier, était invité à répondre à une délicate question : comment plusieurs millions de dollars de fonds gouvernementaux, provenant de l’entreprise SRC International Bhd, avaient terminé dans son portefeuille ? Une occasion en or pour réouvrir l’épineux dossier 1MDB. [NDLR : L’entreprise SRC est une ancienne filiale de 1Malaysia Development Berhad, entreprise publique au cœur d’un scandale de détournements de plus de 4,5 milliards de fonds publics.] 

‘’L’objectif était de l’interroger, pas de l’arrêter. Si nous sommes satisfaits de ses réponses, nous pouvons le laisser partir. S’il faut le réinterroger, nous le rappellerons,’’ explique Mohd Shukri Abdull, patron de la Commission Anti-Corruption de Malaisie (MACC). Durant une conférence de presse, l’enquêteur en a profité pour accuser son prédécesseur Tan Sri Dzulkifli Ahmad d’avoir couvert les faits. 

 

C’est l’affaire de quelque 4,5 milliards de dollars

Rembobinons un peu. En juillet 2015, des médias révèlent que près de 700 millions de dollars de la firme 1Malaysia Development Bhd (1MDB), une entreprise fondée par l’État malaisien, avaient été extorqués par Najib Razak, Premier ministre de l’époque, au pouvoir depuis 2009. L’homme ne se démonte pas. Accusé de toute part, il nie publiquement les faits. Selon plusieurs témoignages, bon nombre d’opposants auraient reçu des menaces de mort, dont Mohd Shukri Abdull. Quelques morts suspectes semblent confirmer que ces menaces ont parfois été mises à exécution. 

L’affaire est rapidement confirmée par le département de justice des Etats-Unis. Le Premier ministre malaisien se retrouve englué dans l’un des plus gros scandales financiers de la planète. Les autorités américaines évaluent à 4,5 milliards de dollars les détournements au détriment de 1MDB. Environ 700 millions de dollars auraient atterri sur les comptes personnels de Najib Razak. 

La gigantesque enquête n’empêche pas le Premier ministre de poursuivre son mandat jusqu’en mai dernier, où un ras-le-bol général le pousse finalement vers la sortie. Selon les autorités, les élections législatives du 9 mai ont été marquées par des tentatives de triche de la part de la coalition au pouvoir, affirmant que des millions d’électeurs sans adresse et même des personnes décédées sont apparus sur les listes électorales. Étonnant ? Pas tellement. 

Conscient de sa perte d’immunité, Najib Razak décide le 12 mai de prendre un aller simple pour l’Indonésie avec sa femme. Cette fois-ci, il ne glissera pas entre les mailles du filet. Le Premier ministre sortant est retenu à l’aéroport, avant d’être raccompagné à son domicile. Il a désormais interdiction de quitter le territoire. "Il est vrai que j'ai empêché Najib de quitter le pays", a reconnu pendant une conférence de presse Mahathir Mohamad, nouveau Premier ministre malaisien, revenu au pouvoir quinze ans après l'avoir quitté.

 

Le 16 et 17 mai 2018, des fouilles policières sont menées au domicile de Najib Razak. Les trouvailles sont… intéressantes : 248 cartons contenant des sacs de grandes marques, Vuitton ou Hermès (modèle Birkin), 72 valises de cash, de bijoux, et de montres de luxe. 

 

 

La Malaisie, vers une longue reconstruction 

Mahathir Mohamad, Premier ministre fraîchement élu âgé de 92 ans, a assuré qu’il n’y aura pas d’accord pour Najib Razak et qu’il devra faire face aux conséquences s’il est jugé coupable. Faire oublier le scandale 1MDB, voilà l’un des principaux objectifs du nouveau gouvernement en place. ‘’C’est certain, l’ancien gouvernement a trompé le peuple malaisien, et est même allé jusqu’à déformer les faits devant le Parlement’’, a déclaré Lim Guan Eng, nouveau ministre des finances. Commandes en main, il poursuit en précisant avoir découvert que le pays avait renfloué les caisses de 1MDB depuis avril 2017. Cependant, la situation financière est vraisemblablement plus complexe, compte tenu de nombreux «dossiers rouges», encore inaccessibles. 

En plus de Lim Guan Eng aux Finances, plusieurs autres nominations, dont celles de Muhyiddin Yassin à l'Intérieur et Mohamad Sabu à la Défense vont tenter de faire oublier cette sombre période. D’un autre côté, Mahathir Mohamad a laissé entendre que le procureur général Mohamed Apandi Ali, qui a disculpé Najib Razak dans l'affaire 1MDB et mis fin à des enquêtes, allait être remplacé. 

Le nouveau dirigeant a aussi promis de céder la place à son ex-ennemi juré, l'ancien dirigeant de l'opposition Anwar Ibrahim. Gracié par le roi Muhammad Faris Petra après trois années passées en prison, l’ex-dirigeant du Pakatan Rakyat (PR, « Alliance du peuple », opposition) a été libéré mercredi 16 mai. Anwar Ibrahim, aujourd'hui âgé de 70 ans, est l’ancien le bras droit de Mahathir Mohamad. Limogé en 1998 en raison de divergences politiques, il est passé du côté de l'opposition, avant d’être condamné et incarcéré au terme d'un procès controversé. Avant les dernières élections, les deux hommes se sont réconciliés en vue de pousser Najib Razak vers la sortie. Maintenant libérée de « Najib », la reconstruction de la Malaisie ne fait que commencer.
 

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Publié le 24 mai 2018, mis à jour le 24 mai 2018

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