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HUCKLE - La communauté malaisienne dans le déni après une importante affaire de pédophilie

Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 1 février 2017, mis à jour le 1 février 2017

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Britannique Richard Huckle est vu après son arrestation pour des faits multiples d'abus sexuels sur des enfants, sur une photo divulguée par l'Agence Nationale Britannique contre le Crime, 2 juin 2016. NCA/Polycopiée via Reuters

KUALA LUMPUR (Reuters) -  

Plus de six mois après que Richard Huckle ait été condamné à la prison à perpétuité pour avoir abusé sexuellement de dizaines d'enfants, la plupart des familles des communautés malaisiennes où il vivait déclinent tout soutien et autres formes d'aide, rapporte la police. 

Huckle s'est fait connaître comme photographe pigiste, professeur d'anglais et philanthrope occidental durant la dernière décennie afin d'accéder principalement aux communautés pauvres de Kuala Lumpur, où les tabous à propos des abus sexuels envers des enfants empêchent souvent les familles d'en parler. 

La police s'est adressée à 320 adultes et 101 enfants de deux communautés touchées par Huckle, a déclaré dans une interview Ong Chin Lan, chef de la Division de la police nationale malaisienne des enquêtes sur les abus sexuels envers les femmes et les enfants.

« Nous avons identifié plusieurs victimes. Nous avons essayé d'identifier les communautés », a déclaré Ong. « Mais nous respectons les points de vue des parents et des tuteurs sur le sujet. Ils ne veulent pas déposer plainte auprès de la Police par honte et fierté. » 

Ong a déclaré que la police, avec le ministère des Femmes et des organisations non gouvernementales, avait mené des programmes visant à apporter soutien et thérapies pour les victimes et leurs familles. Sans préciser combien avaient participé.

« Ils (les communautés) demeurent dans le déni », confie Ong. « Je crois que certains parents ne savent même pas que leurs enfants ont été abusés sexuellement. Ils demandent de laisser leur enfant tranquille. Laissez mon enfant vivre une vie paisible à partir de maintenant ».

Les groupes à but non lucratif qui essaient de travailler avec les victimes disent, eux aussi, qu'ils éprouvent des difficultés à voir les victimes se manifester. 

Des ateliers de prévention

Dans le centre ville de Kuala Lumpur où il résidait, selon le chef de la communauté, les résidents  évitent de discuter de l'affaire.

Selon les habitants, durant près de deux ans, Huckle a parcouru les rues de ce quartier avec une caméra, en participant aux fêtes religieuses et autres événements sportifs du quartier hindou.

La communauté, que Reuters ne nomme pas pour protéger l'identité des enfants de celle-ci, a été informée des crimes de Huckle par la police britannique et les ONG au début 2016.

La possibilité que Huckle ait abusé d'enfants a incité plusieurs réunions de village et de tables rondes pour en discuter, déclare le chef de communauté. 

Mais une fois que l'affaire est devenue publique en juin, l'attention des médias a suscité une méfiance des habitants. 

« Nous avons tous été secoués durant deux à trois semaines mais désormais nous n'en parlons plus », dit le chef de la communauté.  

Il insiste sur le fait qu'il n'y a eu aucune victime dans sa communauté, malgré les informations diffusées par les médias. 

Le seul souvenir qui reste désormais de Huckle sont les ateliers de prévention menés par la Protection et la Préservation des Enfants (PSC), une ONG qui est en contact avec la communauté depuis le début de l'année dernière. 

PSC organise des ateliers pour apprendre aux enfants les bons et mauvais gestes, en espérant que les victimes de Huckle se manifesteront afin qu'elles puissent recevoir le soutien nécessaire. 

Seulement une vingtaine des 70 enfants de la communauté indienne se sont présentés aux ateliers. 

Une faible protection 

Huckle a été arrêté à Londres en 2014 après qu'une unité d'investigation australienne ait découvert ses activités sur un forum de discussion du « Darknet » où les membres s'échangeaient des images d'abus sexuels sur des enfants ainsi que des conseils. 

Il a été condamné à 22 peines d'emprisonnement à perpétuité devant un tribunal de Londres en juin, après avoir reconnu 71 chefs d'accusation d'abus sexuels commis envers des enfants en Malaisie et au Cambodge, âgés de six mois à 12 ans.

L'affaire a choqué les Malaisiens qui ont soulevé des questions sur les réseaux sociaux quant à l'efficacité des lois de protection de l'enfance et leur application.

Reuters a rapporté en novembre que la plupart des plaintes d'abus sexuels d'enfants en Malaisie n'aboutissent pas, en grande partie en raison des faiblesses du système judiciaire pénale dans le pays.

La plupart des données portant sur l'abus sexuel des enfants ne sont pas divulguées parce qu'elles relèvent de la Loi sur les secrets officiels de la Malaisie.

L'affaire Huckle a incité la Malaisie à chercher à renforcer ses lois. À la fin de l'année dernière, le Cabinet a approuvé un projet de loi qui élargirait la définition des crimes sexuels impliquant des enfants pour y inclure les abus sur internet et créer un tribunal spécial pour traiter rapidement de tels cas. 

Le projet de loi devrait être présenté au Parlement en mars. 

De A. Ananthalakshmi

(Rapporté par A. Ananthalakshmi / Edition :  Bill Tarrant) 

 

Traduction Guillaume Asmanoff (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) jeudi 2 février 2017

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Publié le 1 février 2017, mis à jour le 1 février 2017

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