

Dans la rubrique "Cultural Impact", Lepetitjournal.com explore avec Marie Tseng la force et la dimension du réseau relationnel en Malaisie. Pourquoi construire, appartenir et s'appuyer sur un réseau? Ou de l'importance de qui, vous connaissez.
Qui connaissez-vous?
En Malaisie, 70% des utilisateurs d'Internet ont un compte Facebook. Les Malaisiens ont adopté les médias sociaux comme un moyen de plus pour se créer des réseaux.
Il n'est pas rare d'entendre en Malaisie "ce n'est pas ce que vous savez mais qui vous connaissez? qui importe. Certains expatriés qui cherchent du travail en Malaisie ont été incapables de trouver un poste en dépit de leurs qualifications très adéquates et des nombreuses lettres qu'ils ont envoyées; tandis que d'autres, en s'appuyant sur leur réseau ont pu trouver un emploi beaucoup plus rapidement.
Comprendre l'importance du relationnel et des réseaux est essentiel pour fonctionner efficacement dans ce pays comme dans beaucoup de pays d'Asie.
Pourquoi est-ce ainsi ?
Les cultures asiatiques tendent à donner plus d'importance au groupe qu'à l'individu. Dans ces cultures, il est difficile de fonctionner de façon indépendante. On ne peut agir correctement et être efficace qu'en tenant compte des autres. Il y a également un plus grand confort à travailler en groupe plutôt que de façon autonome, par conséquent, les rapports s'établissent plus facilement lorsqu'on appartient à des réseaux communs.
Les anciens royaumes malaisiens constituaient une société féodale dans laquelle la noblesse et le ?rakyat? (le peuple) attachés aux Sultans étaient plus important que le territoire de ce dernier. Plus ses sujets étaient nombreux, plus le Sultan était respecté. De même, la noblesse et le ?Rakyat? gagnaient en statut social grâce à la protection de leur Sultan. Cette relation réciproque essentielle, basée sur un sens de la communauté très prononcé, était la base d'une société harmonieuse et paisible.
D'une certaine manière les politiques coloniales britanniques mises en place en Malaisie ont renforcé ce sentiment communautaire. Lorsque les populations indiennes et chinoises se sont installées en Malaisie pour contribuer respectivement à l'essor des industries du caoutchouc et de l'étain, chacune de ces communautés a pu s'organiser en maintenant ses propres valeurs et habitudes, conservant ainsi une identité culturelle très forte. Cela a naturellement favorisé les échanges intracommunautaires, plutôt qu'un syncrétisme.
Parmi les Orang Asli et Orang Ulu (ou Dayaks ), bien qu'il y ait une grande diversité culturelle et bien que le mode de vie traditionnel tende à disparaître, chaque groupe a toujours un fort sentiment d'identité culturelle spécifique et distincte des autres.
Comment cela se traduit-il dans la vie quotidienne ?
Lorsque l'on fait une nouvelle rencontre, il est toujours utile d'identifier des connexions communes : école, amis, réseaux professionnels, religions, associations, etc... Ceci cimente rapidement des relations solides et pérennes. De tels liens ouvrent immédiatement des portes : on devient alors membre du groupe et non plus un outsider.
Bien que les clubs sociaux soient un héritage des Britanniques en Malaisie , ils offrent un lieu supplémentaire pour rencontrer des gens ayant des intérêts communs et donc construire ainsi une histoire collective qui durera durant des générations. Rejoindre des groupes et associations en Malaisie est aussi un moyen très efficace de nouer des amitiés durables et une bonne façon de se rapprocher des Malaisiens.
D'un point de vue plus pragmatique, il est préférable de faire appel à des artisans qui ont été recommandés par un ami. Ils tendront à être plus motivés et à faire leur travail de façon plus appliquée car ils tiendront compte de leurs relations et de leur réputation.
Comment cela se traduit-il au travail?
La part du relationnel dans les relations professionnelles est un élément essentiel de réussite. Comprendre les rapports en jeu est déterminant pour la conclusion d'un accord ou pour embaucher la bonne personne.
Beaucoup d'entreprises en Malaisie sont des entreprises familiales. Il semble alors normal que les patrons d'entreprises s'appuient sur des liens familiaux pour trouver des collaborateurs. Mais ces stratégies sont également utilisées par les grands groupes qui demandent de l'aide à leurs salariés pour embaucher de nouveaux employés comme le montre le slogan ?Great people know great people : refer a friend and reap the rewards!? Dans un marché où on atteint presque le plein emploi et où recruter des talents peut s'avérer difficile, l'utilisation des réseaux peut être une stratégie efficace. Cela permet non seulement de recruter de bons candidats, mais de plus leur loyauté envers leur nouvel employeur seront renforcés par leur relation à un membre de la famille ou un ami déjà dans l'entreprise.
Dans les relations commerciales, il est important créer des liens avec ses clients avant d'aborder les questions purement commerciales et techniques. Il n'y a rien de mieux que d'être introduit par une connaissance commune. Lors d'une première rencontre, il n'est pas rare de passer un certain temps à jauger son interlocuteur. Ensuite, il sera important d'identifier des intérêts ou contacts partagés. Ces connexions peuvent faire la différence entre vous et vos concurrents.
En conclusion
En Malaisie, il ne s'agit pas seulement d'être le plus compétent ou le plus qualifié. Les relations personnelles et l'appartenance à certains cercles sociaux auront aussi un impact considérable sur les performances et l'efficacité au travail. C'est pourquoi ici, il est essentiel de consacrer suffisamment de temps à comprendre les connections de votre environnement. Prenez le temps de bien apprendre à connaître les gens pour développer des relations solides et sincères. Pour être performant en Malaisie, il faut appartenir... à une équipe, un groupe, un réseau. Alors préparez-vous et connectez-vous !
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Marie Tseng (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) mardi 10 décembre 2013
Photo Fotolia
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