Dans la perspective des prochaines élections législatives (à partir du 27 mai en ligne et du 5 et 19 juin 2022 pour la 11e circonscription), lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats dans chaque circonscription des Français de l’étranger. Christine Vial Kayser, candidate de l’Union des centristes et écologistes à la 11e circonscription, a répondu à nos questions.
Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives ?
Je suis candidate pour porter une voix écologiste pragmatique à l’Assemblée nationale en soutien à la Majorité Présidentielle, avec la volonté d’accélérer le changement de nos modes de consommation comme de production, en France, dans la 11e circonscription des Français de l’Etranger, en Europe, dans le monde.
L’urgence est là devant nous. Qu’il s’agisse de la montée des eaux qui menace les Maldives, l’Indonésie, le Vanuatu, comme la côte atlantique française ; de la pollution plastique qui submerge les plages de Thaïlande comme de Corse, du manque d’eau en Inde, en Australie, en Californie comme en Provence, de la perte de la biodiversité partout.
Il est encore possible d’éviter la catastrophe mais pour cela il faut informer, former, convaincre, contraindre. Il faut rechercher des solutions techniques, scientifiques et sociales. L’écologie cela veut dire la connaissance de l’habitat (oîkos). Pour moi cela signifie prendre soin du lieu où nous vivons, que ce soit le corps, la maison, le quartier, le pays, la planète. Tout ce qui nous est indispensable pour vivre. Prendre soin par la connaissance, et l’action.
Cette écologie politique c’est un projet global, structurant qui nous permettra de nous adapter aux bouleversements que nous subissons, qui fera de ces risques la possibilité de réinventer la vie. Les jeunes l’ont compris. Il faut les écouter, les accompagner.
Dans une économie globale les actions d’un pays affectent les autres. Le réchauffement climatique entraîne des mouvements migratoires d’une ampleur jamais vue qui eux-mêmes nous obligent à imaginer en France, des solutions d’accueil, d’insertion, de logement, de santé, d’éducation, dont l’enjeu pour ces élections est également majeur.
Comment maintenir notre système éducatif, notre système hospitalier, notre politique du logement dans ce contexte ? En France comme à l’étranger, il faut développer l’e-medecine, les partenariats public-privé ; l’accréditation de professionnels étrangers compétents, la formation. Il faut favoriser un développement local et aider à endiguer la natalité là où elle dépasse les ressources disponibles par de l’aide sur le terrain pour changer les pratiques de mariage des très jeunes filles, de polygamie, permettre l’accès à l’école pour les filles qui en sont privées très souvent.
Pour imaginer et mettre en œuvre ces mesures, il faut un État fort et efficace, favorisant l’innovation verte et une économie décarbonnée, par des investissements, des mesures douanières et l’Aide au développement. Il faut s’appuyer sur l’entreprenariat en limitant la pression fiscale tout en aidant les plus démunis à reprendre pied. Les défis sont immenses à l’heure de la reprise de l’inflation, de notre endettement. Il faudra plus que cinq ans pour y parvenir mais il faut s’y mettre tout de suite !
- Quel est votre rapport avec cette circonscription ?
J’ai vécu de nombreuses années en Asie, Chine et Inde. C’est le centre de mes activités professionnelles, mon domaine d’étude étant l’histoire de l’art de l’Asie, tout particulièrement le rapport entre tradition et modernité. Je préside l’Association Asie-Sorbonne, un groupe de recherche consacré aux humanités de l’Asie, de la Russie à l’Océanie et je me déplace dans ces pays pour enseigner, participer à des groupes de travail, rencontrer des artistes. J’ai aussi un lien affectif et familial puisque mon père a été élevé à Bangkok, où ma grand-mère est enterrée, puis à Saigon (Hô Chi Minh-Ville). Mon suppléant, Sylvain Chazal a également une pratique de terrain de ces pays ainsi qu’une expertise des questions hospitalières et du grand-âge.
- En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français de l'étranger ?
J’ai passé 15 ans de ma vie d’adulte en expatriation, au Belize, Mexique, Etats-Unis, Angleterre, Chine, Inde… Parfois pour suivre mon conjoint, d’autres fois, c’est lui qui m’a suivie. Aujourd’hui mes propres enfants vivent à l’étranger. Ces expatriations sont une chance et une source de découvertes mais elles peuvent créer des difficultés professionnelles, personnelles, pour l’éducation des enfants, pour les liens avec les parents. Je connais pour l’avoir vécu la nécessité d’accompagner les familles (souvent les femmes) dans ces parcours. Les associations de Français de l’Étranger, les Accueils des Français jouent un rôle important mais les consulats, les établissements d’enseignement —lycée, Alliance française, Réseau FLAM— sont de la responsabilité de l’État et doivent servir au mieux les Français qui en ont besoin : être ouverts quand c’est nécessaire, être réactifs en ligne ou par téléphone, être empathiques. C’est indispensable en temps de crise. On l’a vu lors de l’évacuation de nos compatriotes d’Afghanistan, d’Ukraine, et de Russie ; pendant le confinement, en Australie, à Hong-Kong et Shanghai en particulier. Le Centre de Crise et de soutien joue un rôle essentiel, qui doit être mieux connu, mais on entend l’insatisfaction récurrente des Français expatriés, concernant l’accès aux guichets consulaires, et plus largement l’exigence d’être écouté, assisté, accueilli, protégé, de sentir que l’on compte. J’ai aussi vécu les problèmes de l’enseignement français pour mes enfants, à Hong-Kong, Shanghai, Pékin, Londres, Chicago. Je sais que les parents ont un rôle crucial et ne sont pas toujours écoutés ; que le CNED n’est possible qu’avec des relais locaux ou des tutorats. Pour l’un de mes fils en classe de seconde, j’ai dû assurer seule son enseignement par le CNED, alors qu’il était élève dans une école américaine. Cela a été très difficile pour lui comme pour moi ! Dans les zones éloignées des grands centres, ou en temps de pandémie, il faut créer des e-campus. La fermeture des établissements pendant de longs mois en Chine, à Hong-Kong, en Australie en montre l’urgence.
- Comment voyez-vous le mandat de député ?
C’est un mandat central à la démocratie, issu de la Révolution, qui permet à chaque groupe de citoyens de porter ses revendications locales au niveau national, par le vote de lois, mais je dirais aussi pour déconstruire les lois, pour simplifier, donner du pouvoir local aux élus, entrepreneurs, parents d’élèves, directeurs d’établissements, associations. Je suis convaincue de la nécessité et des bénéfices de libérer les forces de terrain, liberté qui va avec responsabilité.
Pour cela il faut les écouter, travailler sur la recherche de solution avec une vision politique globale, donc écologique. J’ai la pratique du débat politique, de la maîtrise rapide des dossiers, des échanges interculturels. Comme Sylvain Chazal, responsable de plusieurs organisations syndicales d’entreprises de santé, j’ai l’expérience de la négociation sociale (je suis conseillère Prud’hommale). Cette expérience multiple me permettra de réussir.
- Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français de votre circonscription ?
Cette circonscription si vaste n’est pas homogène en termes de défis locaux, ni de présence française. Mais ces territoires ont en commun l’exigence de l’accès à l’enseignement, à la protection consulaire et la protection des libertés fondamentales. Il faut faciliter le retour en France, en cas de maladie ou de risque pour leurs vies. Informer sur les droits ouverts en France par la CFE ; valoriser les acquis de l’expérience d’expatrié, revoir la fiscalité et les retraites et mettre en place un guichet unique des droits sociaux et fiscaux. Au-delà des aspects pratiques et financiers, j’entends le besoin de considération. La demande d’être accueilli non comme un étranger, mais comme un membre de la nation. La fermeture brutale du système bancaire en Russie a ainsi plongé nos compatriotes dans une grande détresse alors qu’ils devaient s’organiser pour partir.
L’autre facteur commun aux pays de cette zone est malheureusement la destruction de l’environnement qui menace la vie à moyen terme. Qu’on soit en Russie, en Ukraine ou au Japon, en Chine ou en Australie la radioactivité, la pollution de l’air représentent des enjeux graves. Et les solutions ne sont pas simples, nous le vivons avec la crise ukrainienne… On doit être à la fois pragmatique, imaginatif et juste pour accompagner le changement et nos compatriotes dans l’urgence mais aussi dans le temps long par des mesures législatives, administratives, diplomatiques, scientifiques.
- Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?
Ma campagne est courte, n’ayant été investie que depuis quelques semaines. J’ai pu compter sur la direction de campagne de l’Union des Centristes et Écologistes, et sur mes relais amicaux et professionnels en Asie. Les réseaux sociaux me permettent de compenser la distance mais au second tour je serai sur le terrain. J’invite tous les lecteurs à consulter mon site de campagne (écologistesMajoFDE.fr), à m’écrire sur Twitter, LinkedIn ou encore sur mon adresse mail de campagne cvialkayser_leg.22@yahoo.com. J’organise une réunion sur Zoom samedi 28 mai de 9h à 10h30 (Heure de Paris). Le lien est disponible Ici
- Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élue ?
Les priorités de nos compatriotes sont l’enseignement, l’accès aux soins en France et localement, la protection consulaire, La question des retraites est également cruciale : comment la rendre juste et finançable. J’ai moi-même cotisé à la CFE, des cotisations élevées pour un apport limité. Nous devons favoriser la capitalisation, comme c’est déjà possible pour les fonctionnaires. Ce doit l’être pour les salariés du privé. Une majorité de Français y est favorable. En outre je m’attacherai à la réforme de l’enseignement en France comme à l’étranger. En France notre niveau scolaire se dégrade dangereusement. Nous perdons des places dans les classements internationaux. Les causes sont multiples et les solutions complexes mais c’est essentiel. Pour l’enseignement français à l’étranger j’ai vécu la réforme de Nicolas Sarkozy de 2007 donnant la gratuité pour tous au lycée puis celle François Hollande de 2012 qui a remis en cause cette gratuité, je n’ai compris ni l’une ni l’autre. La PEC totale a été un effet d’aubaine pour les grandes entreprises. Son annulation supposait que tous les expatriés étaient des cadres de haut niveau. Il faut rendre l’enseignement accessible, sans peser excessivement sur le budget de l’État. Il faut garantir la gratuité aux enseignants, c’est un facteur d’attractivité. Il faut moduler les bourses financées par l’État, selon les pays. Il faut développer encore le mécénat d’entreprise et de particuliers par le biais des déductions fiscales pour ceux qui paient l’impôt en France. En outre il faut valoriser le travail des lycéens sur le terrain, comme bénévole ou salariés, pour les préparer à un nouveau rapport au travail et promouvoir le VIE. On doit aussi développer le repérage des handicaps de type DYS et former les professionnels à ces formes d’apprentissage différentes qui concernent 15% des enfants ! Ils sont souvent mal pris en charge.
- Quel bilan dressez-vous du mandat du député sortant ?
Anne Genetet a produit beaucoup de travail parlementaire avec des succès et parfois des échecs, comme celui de la réforme de la CSG-CRDS. Je note que son manque de disponibilité sur le terrain pour recevoir les Français ou répondre à leurs mails est souligné par beaucoup. Le sentiment d’éloignement avec la France s’en trouve aiguisé. C’est pourquoi je créerai une permanence parlementaire mensuelle pour chaque région, à la fois humaine et virtuelle, avec des entretiens en visioconférence. Je travaillerai étroitement avec les délégués et conseillers consulaires qui connaissent le terrain pour renforcer ce maillage. L’action de Mme Genetet sur l’écologie, la violence intrafamiliale, la protection de l’enfance, le handicap, la santé mentale est peu visible. Ces problèmes sont d’autant plus aigus à l’étranger que les personnes sont isolées, les parents parfois séparés par des milliers de kilomètres. La création d’un réseau d’alerte et de soutien est important. Enfin, Anne Genetet appartient au parti présidentiel, Renaissance. Je porterai la voix de l’Union des Centristes et des écologistes, en soutien critique et vigilant à la Majorité.