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SORTIE – Jouer les hommes préhistoriques aux grottes de Niah

Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 10 juillet 2014, mis à jour le 10 juillet 2014

 

Vous avez toujours pensé que visiter une grotte n'avait rien de bien passionnant ? Les cavernes de Niah vous détromperont surement.  Ces grottes de « lascaux » version malaisienne abritent les plus anciennes traces de vie humaine d'Asie du Sud-Est : 40,000 ans. A une heure de Miri, leur immensité et leur obscurité feront froid dans le dos même aux plus courageux. Poursuivi par des centaines de milliers de chauves-souris, serez-vous prêt à voyager au centre de la Terre ?

Se perdre et s'effrayer dans la Great Cave

Difficile décrire le paysage à l'intérieur des grottes qui n'est comparable à aucun autre. Des stalactites et stalagmites. Des grands rochers et des cratères. Le vert de la mousse et le marron de la terre.  Devant ces décors inconnus, chacun se raccroche à ce qu'il peut pour expliquer.

Certains parlent des reliefs de la Lune qu'ils n'ont bien entendu jamais vus de près. D'autres, évoquent les grottes de Lascaux. Un touriste un peu geek s'en amuse même en comparant l'endroit au film du Seigneur des Anneaux: "On dirait les Mines de la Moria un peu ces grottes. Nos pas raisonnent et on s'attend à tout moment à voir surgir un monstre des ténèbres".

La visite commence par la "Traders Cave" et ses nids d'oiseaux. Elle faisait la richesse des marchands de guano, d'où son nom évocateur de la bonne fortune de ceux qui vivent des déjections d' oiseaux. Puis, c'est la "Great Cave" qui impressionne par ses proportions immenses: 250 m de largeur et 60 m de hauteur. Nul doute que le touriste se sent tout petit devant ces profondeurs. Ce n'est véritablement qu'après avoir fait le tour complet de la grotte qu'il réalisera combien l'endroit est vaste.

Entre frayeur et excitation, le visiteur se promène dans une quasi-obscurité. La plupart du temps, ce sont de glissantes marches dont il ne voit pas exactement jusqu'où ces chemins traitres plongent sous ses pieds. Les plus braves tenteront de prendre les tunnels plongés dans le noir complet. Les pas raisonnent dans ces dédales donnant à la ballade des allures de film d'horreur. Et que dire des 470,000 chauves-souris et 4 millions de salanganes (petits oiseaux) qui seront aussi de la visite ?

De temps en temps, un rayon de lumière vient rompre l'obscurité par une minuscule trouée dans le plafond de la grotte. Le Lonely Planet se veut poétique et parle même de la "Voix de Dieu".

Que les plus peureux se rassurent, nul besoin d'être spéléologue pour arpenter les grottes. Tous les chemins se rejoignent. Ouf !

Ne vous inquiétez pas non plus, si vous apercevez de drôles d'ombres se promener le long des parois. Ce ne sont que des marchands de guano qui collectent les fientes des différents volatiles pour les vendre en tant que fertilisant.Toutefois, ce ne sont pas les seuls à vivre des grottes. Beaucoup de locaux vont également au péril de leur vie décrocher les nids d'oiseaux. Ceux-ci une fois lavés sont considérés en soupe par les chinois comme l'équivalent du caviar. Les nids de meilleure qualité peuvent valoir jusqu'à 1.000RM le kilo, d'où les vocations qui se multiplient. Néanmoins, vous n'êtes pas certains de voir ces drôles de funambules car le gouvernement empêche souvent leur venue pour permettre aux oiseaux de se reproduire.

Découvrir les religions primitives de Bornéo dans la Painted Cave


Avant d'atteindre cette seconde grotte, il vous faudra encore marcher  1,4 km dans la forêt et réhabituer vos yeux à la lumière du jour. C'est dans la fameuse « Painted cave » que l'on peut apercevoir quelques-unes des peintures de grottes les plus célèbres d'Asie. Mais, prenez garde, les minuscules figures rouges se situent à 30m de distance. Emporter une paire de jumelles est donc un choix  judicieux.

Ne vous réjouissez pas trop vite, les peintures ne datent que de 1400 ans ! L'originalité du lieu est ailleurs. La Painted Cave n'est pas qu'une simple grotte mais surtout un cimetière témoin de pratiques religieuses de Bornéo quasi évanouies. Relaxante et tranquille, il est aisé de comprendre pourquoi les ancêtres des Malaisiens ont choisi cette petite caverne pour faire reposer leurs proches.

Bien sûr, les archéologues y ont retrouvé urnes, tombes et objets de défunts. Mais, le spectaculaire est ailleurs ! Un indice ? Regardez les murs. Certaines peintures représentent en effet des bateaux emportant les Ames des Malaisiens dans un dangereux voyage vers le pays des morts. Figurez-vous que certains de ces bateaux de la mort ont été retrouvés dans les grottes de Niah ! De quoi donner un peu de magie à l'endroit même si malheureusement vous n'apercevrez pas les embarcations transférées au Musée du Sarawak. Les autres peintures représentent des hommes-aigles surement à la gloire de guerriers ou de chasseurs ainsi que d'autres animaux du foret. La grotte est, on l'imagine bien, un témoignage essentiel pour comprendre les religions primitives de Bornéo.

Le meilleur moment pour visiter le parc national de Niah? Sans nul doute lors de la relève de la garde ! Les oiseaux rentrent au nid tandis que les chauves-souris partent chasser, tout ça dans une cacophonie ambiante. Accroché solidement au bras de votre voisin, on vous promet un vrai décor de film d'épouvante! Alors prêt pour l'aventure ?

Comment y aller ?

L'idéal reste de loger à Miri, ville du Sarawak, situé au milieu des côtes de la partie malaisienne de Bornéo. Deux choix s'offrent ensuite pour parcourir les 102km qui vous séparent du lieu de l'excursion.

  • Le Bus : solution aussi peu chère que peu pratique. A seulement 10 RM, vous devrez encore trouver un taxi à l'arrêt de la ville de Niah pour atteindre les grottes. L'opération peut se révéler longue.
  • Le Taxi : A condition de ne pas être seul dans la voiture, l'affaire est rentable. Comptez 100-150 RM pour vous rendre aux grottes.

Il vous faudra d'abord vous acquitter d'un droit d'entrée de 20RM avant d'entrer dans le Parc National de Niah (Lundi au Vendredi, de 8h à 17h) . Surtout, ne faites pas les braves en refusant de louer une lampe de poche à 5RM au comptoir. Vous n'avez pas la vision nocturne d'un chat et les cavernes où vous vous rendez font déjà assez peur comme ça pour vous retrouver en plus dans un tunnel dans le noir complet. Après l'entrée, la deuxième étape consiste à prendre un petit bateau (1RM par personne) pour passer d'un bord à l'autre de la rivière.

Vous n'êtes pas encore arrivé. Les grottes de Niah ne se livrent pas facilement. Il faudra encore longer un chemin de 3,1 km soit 45 minutes à travers la forêt vierge. Le silence est complet, la nature est sauvage et les passants pourront bénéficier de panneaux explicatifs tout au long de la ballade. "C'est donc ça du calcaire ! Passionnant !". Nulle inquiétude de se perdre en forêt ! Comme souvent en Malaisie, les infrastructures sont impeccables. Un chemin de bois à la fois suspendu et ombragé, fend la forêt. On déconseille peut être d'amener les enfants de moins de 12 ans, à moins d'avoir des petits sportifs. La visite au total nécessite pas moins de 5 heures de marche.

Enfin, les touristes épuisés par leur labeur s'apercevront que le chemin débouche sur un embranchement. A droite, un village de longue-houses modernes, sans vraiment de charme, accessible à environ 1km à pied. Il est possible d'y loger pour vivre pleinement l'expérience "Parc national de Niah". A gauche, les fameuses grottes. Les visiteurs vérifient quatre fois que lampes de poches et lampes frontales fonctionnent bien. Et c'est parti !

http://www.sarawakforestry.com/htm/snp-np-niah.html

 

Texte et photos de Marion Le Texier (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) vendredi 11 juillet 2014

Rediffusion du Jeudi 6 Juin 2013

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Publié le 10 juillet 2014, mis à jour le 10 juillet 2014

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