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L'histoire passionante des entreprises familiales en Afrique du Sud

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Écrit par Lepetitjournal Johannesbourg
Publié le 21 novembre 2017, mis à jour le 21 novembre 2017

Le saviez-vous ? 80% des entreprises sud-africaines sont possédées et/ou gérées par des familles. Deux françaises, Amandine Robin et Dora Jurd de Girancourt ont parcouru le pays pour aller interviewer une trentaine de familles à la tête d'entreprises et ont recueilli leurs témoignages. Elles présentent l’aboutissement de leur recherches dans "Embracing paradoxes in South African family businesses", un livre de 90 pages contenant une collection d’histoires et de témoignages avec analyse et illustrés avec des photos. Rencontre avec les auteures.

 

Pourquoi se pencher sur ce sujet et d’où est né le projet ?

 

L’idée nous est venue de par notre activité professionnelle, nous avons monté Matters Ltd un cabinet de conseil en innovation ici à Joburg. Lors de nos prospections, nous nous sommes rendues compte que la majorité des entreprises sud-africaines étaient possédées et/ou gérées par des familles. C’est une tendance qu’on retrouve dans de nombreux pays. Cependant nous étions curieuses d’explorer ce sujet en Afrique du Sud et d’exposer nos recherches aux Sud-Africains et aux membres de la communauté d’expatriés en Afrique du Sud. Ceci explique d’ailleurs pourquoi nous avons choisi d’écrire le livre en anglais. Il y a un réel désir de toucher le public local.

 

Le sujet nous était familier puisque Dora avait co-écrit un livre avec son père en 2002 portant sur les entreprises familiales en France avec un angle marketing, et plus précisément sur les marques patronymiques.

 

Dans le cadre de "Embracing paradoxes in South African family businesses", tout a commencé en 2015 lorsque nous avons mené des interviews et commencé l’écriture. L’année suivante, nous nous sommes attelées à la recherche d’un éditeur, ainsi qu’à l’étape cruciale des corrections et échanges avec les familles. Nous avons choisi Porcupine Press, un éditeur qui s’intéresse aux auteurs locaux ou internationaux qui se penche sur le pays, avec un fort engagement pour développer la lecture en Afrique du Sud. Finalement en 2017, nous avons pu nous concentrer sur la mise en page et passer à l’impression. Fin septembre, nous avions le livre en main !

 

De plus ce projet nous a permis de rencontrer des hommes et femmes d’affaires sud-africains et de se créer du réseau dans le cadre de Matters Ltd !

 

Quelle a été votre approche ? Parlez-nous des différentes expériences durant vos recherches ?

 

Par le biais d’enquêtes ouvertes, et non directives, nous avons pu faire parler nos interlocuteurs sans biaiser les interviews. Très vite, nous avons remarqué une certaine redondance de thèmes qui ressortaient dans nos échanges. Tout naturellement, nous avons construit le livre autour de ces thèmes qui constituent chaque chapitre du livre. Ces thèmes sont intrinsèques à tous les family business du monde, mis à part quelques points qui sont très nettement différents. Il existe des paradoxes émotionnels et rationnels, ainsi que dans le court terme ou le long terme.

 

Chaque chapitre est basé sur un paradoxe avec un ou plusieurs portraits de famille pour illustrer le thème abordé. Tous les chapitres sont communs aux différentes familles interviewées mais certains aspects sont plus marqués chez celles qui sont mises en vitrine dans les portraits.

 

Le livre dévoile une facette de l’histoire de l’Afrique du Sud. Le format aéré et le style simple du livre le rend facile à lire, les sujets abordés sont entre le business et l’histoire.

 

Comment avez-vous orienté votre choix des business et des familles ?

 

Nous avons rencontré 35 familles au total, et ce pour toucher un large éventail représentatif de l’Afrique du Sud afin que notre sélection soit représentative par origine, par secteur, et par nombre de générations. Nous avons rencontré des familles zouloues avec les Kunene dans la distribution, des familles anglo-saxonnes avec Thrupps qui a monté le magasin alimentaire delicatessen à Illovo, Charles Greig les bijoutiers, Everard Read le galeriste, des familles afrikaners avec les trains Rovos, des familles juives avec Norman Goodfellow qui a monté le magasin d’alcool, d’autres commerçants comme Hirsch et Ackermans, ainsi que des Indiens musulmans avec les bijoutiers Bellagio et Motani marchands de meubles.

 

Quand on se penche sur l’aspect « générations », il est intéressant de voir de quand date la formation de ces business multigénérationnels et à quelle période de l’histoire cela correspond, par exemple on remarque que certaines campagnes d’immigration ont attiré différentes communautés à différents moments. Nous avons aussi remarqué une vraie différence entre la création de business post apartheid et pre-apartheid.

 

Quels sont les faits intéressants ?

 

Malgré la diversité des origines et des secteurs, il existe beaucoup de points communs entre toutes ces organisations, notamment dans la façon de conserver le business dans la famille ; les relations avec le personnel avec la notion de famille étendue qui est proéminente ici, beaucoup plus qu’en Europe d’ailleurs ; la notion du « family business » ; le caractère innovant de la plupart de ces business tout en conservant les valeurs familiales. Ces familles sont venues en Afrique du Sud avec leur expertise internationale pour saisir des opportunités professionnelles qui se présentaient et sont restées. Les business évoluent pour s’inscrire dans le temps, capter l’air du temps : leur capacité d’adaptation est énorme. Les familles reconnaissent la valeur très forte du business familial et se soutiennent mutuellement, que ce soit en tant que client ou fournisseur.

 

Les moments sympas et plus durs du processus de la publication du livre ?

 

La découverte d’un univers et de ses coulisses à travers les interviews, l’écriture, et le défrichage post interview, était vraiment sympa et intéressante. Il y a eu de vrais moments de partage avec les familles qui nous ont raconté leur histoire dans la confidence -  les gens aiment bien ça en fait ! Cependant certains de nos interlocuteurs étaient parfois méfiants mais aussi perturbés que des Françaises se penchent sur le sujet. Des publications ont vu le jour mais plutôt en lien avec les aspects juridiques et financiers des entreprises familiales sud-africaines, pas du point de vue recherche. Ils avaient une certaine méfiance sur le produit fini, mais en même temps nous avons eu l’impression qu’ils se sentaient plus libres de parler à des étrangères ! Les familles se sont tout de suite appropriées le projet et ont déjà acheté des livres qu’ils donneront à leurs employés.

 

Par contre il a été difficile de trouver un éditeur. Le marché littéraire sud-africain est assez limité. La deuxième partie du processus a été longue avec la mise en page et les corrections.

 

Le sujet est vraiment passionnant : la culture entrepreneuriale remonte et est très ancrée dans la société, c’est un pays d’opportunité depuis plus d’un siècle. De par leurs témoignages, ces familles nous ont permis de présenter une facette de l’histoire sud-africaine.

lepetitjournal.com johannesbourg
Publié le 21 novembre 2017, mis à jour le 21 novembre 2017

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