Les street surfers sont ces personnes qui circulent à pied, tôt le matin, en tirant leurs « trolleys », sorte de charrette basse et plate, dans les rues de Johannesburg. Ils devancent les camions-poubelles pour ramasser les déchets recyclables et récupérables. Ils les trient et les revendent pour en tirer un maigre revenu.
Des tonnes de déchets recyclés grâce aux street surfers
Ils arpentent tous les jours les rues et les faubourgs de Johannesburg. Tout le monde les a croisés, tirant leur charrette remplie de déchets recyclables ou dévalant les rues en pente, juchés comme des acrobates sur leur "trolley".
Ils ne sont pas reconnus ni intégrés dans les circuits officiels du traitement des déchets, ils restent marginalisés, parfois méprisés ou accusés de tous les maux. Piocher dans les ordures pour y trouver quelques trésors à valoriser peut sembler dégradant.
Pourtant, ce sont des travailleurs acharnés, collectant, triant, nettoyant et revendant à bas prix les déchets recyclables. Pour quelques dizaines de rands par jour. Et leur rôle au sein de la cité est important.
« Plus de 54 millions de tonnes de déchets sont générés par an en Afrique du Sud, dont seulement 10 % sont recyclés ou récupérés pour d’autres utilisations. » Selon la FAAPA, Fédération Atlantique des Agences de Presse Africaines,
Les 90 % restant sont enfouis dans des décharges publiques qui commencent à être saturées. Les street surfers collectent à eux seuls 80 à 90 % des papiers et emballages qui sont recyclés dans le pays. Pour cela, ils arpentent des dizaines de kilomètres chaque jour, pour récolter un gain minime.
Leur travail est donc essentiel, mais ils restent confinés dans le monde de l’informel alors qu’ils sont les acteurs-clés de cette économie circulaire. Combien de surfaces d’enfouissement supplémentaires seraient nécessaires pour absorber les volumes qu’ils contribuent à recycler ? Etonnamment, c’est la seule technique de collecte pour le recyclage des déchets récupérables qui existe actuellement dans le pays.
Qui sont les street surfers ?
On en dénombre environ 80 000, pour ceux qui étaient recensés. Le plus souvent, ce sont des hommes, bien qu’il soit possible de voir des femmes exercer cette activité informelle. Elles sont par exemple trois femmes, sur les 45 qui sont soutenus par l’équipe. Ils sont souvent dépenaillés, amaigris, avec des vêtements ayant déjà vécu mille vies, tirant ou poussant une charrette basse, déglinguée et surchargée de bouteilles vides, de cannettes, de bidons, de cartons récupérés. Au premier abord, ils peuvent faire peur ou faire pitié, et la tendance générale est plutôt de les voir de loin, sans vraiment s'en approcher.
Mais leur acharnement à ce pénible travail est exemplaire. Ils sont à pied d’œuvre chaque matin. A la longue, on les reconnaît, on discute un peu.
Beaucoup viennent d’ailleurs, du Lesotho, du Zimbabwe, de Soweto, de la campagne Sud Africaine… Mais ici, dans la grande ville qu’est Johannesburg, la vie est dure aussi.
Ils vivent dans des abris de fortune, "installés" dans les quartiers, dans les parcs, au bord d’une rivière, comme au Field and Study Park ou au Zoolake, dans des terrains vagues ou dans des camps de fortune que les forces de l’ordre évacuent de temps en temps. Les street surfers qui squattaient un ancien terrain de sport vers Parkhurst ont vu il y a quelques jours leur campement détruit et rasé, leurs petites masures faites de bric et de broc démontées en pleine saison des pluies, et leurs quelques affaires personnelles éparpillées et mises au rebut.
Ils se sont retrouvés rejetés dans les recoins ou sous les arbres du quartier.
Des bénévoles qui s’investissent pour supporter les street surfers
Voici leurs principales actions, au profit d’environ 45 street surfers du quartier proche de l’école française :
- Distribution de lunch bags tous les mardis matin. Ils y trouvent chaque semaine sept produits : trois fruits, un paquet de biscuits, un jus, un œuf et un cheese roll,
- Distribution d'une boisson chaude pour adoucir le froid ressenti,
- Participation aux marchés de JO’BOURG ACCUEIL et de l’Ecole Française JULES VERNES pour récolter les dons qui seront offerts pour Noël et au mois de juin, au coeur de l'hiver. Pour la distribution de Noël qui aura lieu prochainement, l’opération porte le nom imagé de « Santa Shoes Box ». Les street surfers y retrouveront des petits cadeaux festifs, des produits d’hygiène, des vêtements et des équipements pour rendre moins pénible leur collecte, comme des gants ou un poncho. Et, pendant l’hiver, quelques habits et équipements de protection contre le froid: des gants ou un bonnet, une polaire ou des couvertures.
Avec quel financement ?
Pour financer ces diverses actions, le groupe de bénévoles participe personnellement à l’achat des produits contenus dans les lunch-bags. Les produits supplémentaires distribués en hiver et pour Noël sont achetés avec les fonds récupérés pendant les marchés, grâce à la vente des produits ou des vêtements donnés par la communauté. L’équipe y tient un stand vide-grenier.
Toutes les contributions sont donc bienvenues pour poursuivre et amplifier le support aux street surfers bénéficiaires: contacter Virginie BUSQUET par un message whatsap écrit au +27 76 474-2165
Un appel à dons vient d’ailleurs d’être lancé pour le Noël qui approche et pour réussir la distribution des « Santa Shoes Boxes ».
Contribution document et photos: Virginie BUSQUET
Pour nous suivre sur Facebook : https://www.facebook.com/LPJJohannesburg
Pour l'actualité, bons plans, reportages et évènements : https://lepetitjournal.com/johannesburg
Pour nous contacter : philippe.petit@lepetitjournal.com