Édition internationale

Johannesburg: ALAIN SAMY, engagé de longue date pour la communauté française

Alain Samy est sans doute l’un des Français les plus connus en Afrique du Sud. Il est d’ailleurs bien souvent le premier que l’on rencontre à Johannesburg. Il est né au Viet-Nam, il y a soixante ans. C’était le point de départ pour un parcours très international, qui l’a mené dans plusieurs continents. Lepetitjournal.com/Johannesburg s’est entretenu avec lui au Tyger’s Milk de Bryanston, son célèbre QG, où il rassemble les amateurs de sport lors des soirées de matchs réunissant les Frenchies de Johannesburg.

Alain Samy en Safari en Afrique du SudAlain Samy en Safari en Afrique du Sud
Écrit par Philippe Petit
Publié le 7 octobre 2025, mis à jour le 10 octobre 2025

Propos recueillis par : Philippe PETIT

Photos  non créditées : courtoisie Alain SAMY

 

L’arrière-grand-père d’Alain Samy, originaire de Pondichéry, un comptoir français en Inde, a choisi d’émigrer en 1880 en Indochine, le pays qui est devenu le Viêt-Nam, pour travailler dans l’administration française ; il a obtenu la nationalité française en 1884.

A partir de l’âge de deux ans, avec sa famille, Alain Samy a suivi son père diplomate dans ses affectations multiples autour du monde.

Devenu adulte, il a décidé de poser ses valises en Afrique du Sud où il vit depuis 2006.

 

Lepetitjournal.com : De Da-Nang à Johannesburg, votre parcours a semble-t-il été riche en destinations variées, rencontres multiples, et découvertes. Où avez-vous bourlingué avant de vous installer ici ?

Alain Samy :  La profession de mon père, diplomate français dont la carrière a débuté au Viet-Nam, a fait de moi un enfant expatrié depuis ma petite enfance jusqu’à mon bac.

J’avais deux ans quand nous sommes partis en Haïti, « la perle des Antilles » où nous sommes restés dix ans. C’est pour moi l’expatriation la plus marquante car ces années ont forgé mon enfance. J’ai pu observer avec mon regard d’enfant, les diverses époques politiques déjà mouvementées de ce pays si attachant. Haïti reste encore aujourd’hui mon pays de cœur. La première langue que j'ai parlée fut d’ailleurs le créole Haïtien, et certaines expressions en cette langue me reviennent encore aujourd’hui.

 

Palis national Port au Prince
Le Palais National de Port au Prince , aujourd'hui disparu Photo Internet.

 

Nous sommes ensuite partis au Congo. Mon père avait été affecté à Pointe-Noire, sur la côte Atlantique. Et nous allions régulièrement au port, pour partager le déjeuner à la table du commandant des navires français qui accostaient.

C’est là que ma décision de travailler un jour dans le commerce maritime a pris naissance. Cette volonté ne m’a jamais quittée.

J’ai fréquenté le lycée Français Charlemagne durant quatre années.

 

Gare de Pointe Noire
La Gare de Pointe Noire- Photo: Philippe PETIT

 

J’ai terminé mes études secondaires à Yaoundé, lieu d’affectation de mon père pendant deux ans, et j’y ai passé le bac avant de partir en France pour poursuivre mes études, en 1983. Pour compléter mon budget d'étudiant, je travaillais pendant mes temps libres dans une société de location de véhicules en transit temporaire, ... pour des expatriés.

Diplômé dans la branche que j’avais choisie - le commerce international- je suis parti aux Etats-Unis pour améliorer mon niveau d’anglais. J’en ai profité pour apprendre aussi  l’espagnol !

De retour en France, où je suis resté dix-sept ans, j’ai d’abord travaillé dans le domaine du transport terrestre jusqu’au jour où j’ai trouvé un poste dans une compagnie maritime canadienne.

Puis chez MSC, dans leur branche de transport par containers, avec beaucoup de liens avec l’Afrique du Sud et d’allers-retours dans ce pays que j’ai commencé à apprécier. C’est avec MSC que je suis arrivé en Afrique du Sud, la destination que je souhaitais. Les conditions de ce contrat local n’étaient pas mirobolantes, mais j’étais dans le pays où je voulais être.

 

Transport Maritime
Transport Maritime .  photo Internet

 

J’ai poursuivi dans la même branche jusqu’en 2015, dans d’autres entreprises, comme SCHENKER et GEFCO, jusqu’à mes 50 ans. Un « plan de restructuration » de la dernière entreprise m’a forcé à trouver une autre activité.

Je me suis retrouvé sans emploi dans mon domaine, avec un avenir sombre.

Je ne suis pas un entrepreneur dans l’âme, mais la situation et les hasards de la vie m’ont finalement conduit à me lancer dans une activité de travailleur indépendant : depuis 2017, je propose des services de « relocation » destinés à des expatriés pour faciliter leur installation et depuis 2018 j'organise des tours privés à la carte pour les touristes plutôt francophones, mais pas seulement. 

 

LPJ :  Qu’est-ce qui vous a marqué au cours de ces expatriations successives ? Quel est votre meilleur souvenir ?

AS : Ce que je garde de ces expatriations successives, c’est que malgré la nécessité de s’intégrer à son pays d’accueil, on ressent toujours à un moment donné le besoin de s’attacher à sa communauté d’origine. Ici, comme ailleurs, j’ai entretenu un lien fort et constant avec les membres de la communauté française.

Toutes les expatriations sont différentes et c’est pourquoi je ne peux pas dire s’il y en une qui a été meilleure qu’une autre. Chacune d’entre elle a constitué des épisodes différents de ma vie, sur le plan familial ou professionnel.

 

Il est clair que je ne serai pas qui je suis aujourd’hui si je n’avais pas vécu ça. 

 

LPJ : Pourquoi avez-vous choisi de vous poser en Afrique du Sud ? Qu’est-ce qui vous retient ici ?

AS : Comme je l’ai dit, j’ai travaillé 25 ans dans le secteur du shipping et j’ai eu l’occasion   - tout en étant basé à Paris - de venir de nombreuses fois en Afrique du Sud pour mon travail, le première étant en 2001.

J’ai été très vite conquis par ce pays aux mille facettes qui par certains côtés me rappelait mon enfance caraïbéenne et africaine. J’ai donc demandé à mon employeur d’y être transféré. Je suis arrivé à Jobourg en juillet 2006, avec un contrat local.

Je savais dès le départ que je resterai longtemps ici.

 

Skyline Joburg
Skyline Johannesburg - Photo : Etienne Chapon

 

La qualité de vie -notamment à Jobourg-, la diversité du pays, la sensation de vivre et de participer à sa construction m’ont enraciné en Afrique du Sud.

Mes années passées ici ont été intenses. J’ai passé beaucoup de temps dans des activités en relation avec les membres de la communauté française :

  • des entrepreneurs, lorsque j’étais membre du board de la Chambre de Commerce Franco-Sud-Africaine  (FSACCI);
  • des citoyens lorsque j’ai mené en 2009 la campagne des élections des Conseillers des Français de l'Etranger, avec Sophie Ferrand Hazard. J'ai pu ainsi rencontrer, écouter ou partager avec de nombreux Français, dans tout le pays ;
  • des compatriotes en difficulté, lorsque j’ai relancé et présidé la Société Française de Bienfaisance de Johannesburg ;
  • des associations, et notamment « Les Frenchies » que j’ai créé en 2009.

Mon parcours ici a toujours été guidé par l’envie de servir ma communauté économique et sociale, sûrement quelque part du fait d’une fibre patriotique héritée de mon père. 

 

Alain Samy en découverte

 

LPJ : Il est vrai qu’on vous retrouve à la plupart des événements ou manifestations de la communauté française. Vous partagez largement vos connaissances pointues de ce pays, vous prodiguez des conseils utiles. Quelle est la raison de votre attachement à cette communauté ?

AS : Cet attachement à la communauté, je le tiens pour partie aux expériences de ma vie d’enfant d’expatrié. Pour l’avoir vécu, je sais combien il est important de pouvoir se sentir accueilli, guidé, rassuré tout simplement.

Mon engagement dans la communauté -à plusieurs niveaux – ne date pas d’hier et ne sert pas une ambition personnelle. J’ai toujours essayé de servir humblement et, étant installé ici depuis près de 20 ans, je pense qu’il est de mon devoir d’avoir cet engagement.

Mon but a toujours été d’écouter et de servir la communauté des Français et francophones installés en Afrique du Sud, et en Afrique australe.

Et si j’ai commencé l’activité de relocation en 2017, c’est grâce à cette écoute et cette volonté d’être utile.

C’était au départ juste pour rendre service à un couple qui venait s’installer pour le travail à Johannesburg. Je les ai aidés à trouver leur logement ici. Finalement, j’ai aidé près de  200 familles à s'installer comme elles le souhaitaient.

 

Alain Samy A la carte Afrique du Sud

 

Pour les touristes qui viennent visiter le pays,  TOURS A LA CARTE est basé sur le même principe : pour ceux qui font appel à moi, je veux leur concocter le programme sur mesure dont ils rêvent, leur offrir le service qu’ils attendent. La majorité est constituée de visiteurs francophones. Ils viennent pour des safaris, des road trips, des visites à la journée.

Je crée des voyages à thème, personnalisés, spécialement élaborés pour des voyageurs comme le circuit « Plantes et fleurs » qui a duré deux semaines, et un circuit « Mandela », trois semaines à suivre les traces du grand homme.  

 

LPJ : Au-delà de vos activités professionnelles, vous avez aussi des engagements forts dans des associations locales

SA : Oui, ce sont aussi ces aspects de ma vie qui me permettent d’avancer.

A mes yeux, « l’Equipe France » en Afrique du Sud, c’est toute la communauté qui est sur le terrain et qui a besoin des coachs que sont les autorités administratives notamment l’Ambassade et le Consulat, mais aussi de leaders pour la sécuriser, l’aider, la conseiller, la divertir.

C’est ce qui m’a conduit en 2009 à raviver la SFBJ (Société Française de Bienfaisance de Johannesburg) qui offre son assistance aux Français en difficulté, et à créer en novembre 2009 « Les Frenchies de Johannesburg », une association qui a pour objectif de réunir la communauté française et de partager notre culture. L’évènement phare est le « Secret Dinner » mensuel qui nous permet de découvrir de bonnes tables hors des sentiers battus et de découvrir des quartiers différents. Et nous suivons avec passion les matchs des équipes de France de football et de rugby, ici même, au Tiger’s Milk. Nous avons vécu dans ce lieu de grands moments comme la finale de la Coupe du Monde de football en 2018. Je fêtais la victoire debout sur une table, dans une ambiance euphorique.

 

Victoire equipe de France 2018

 

Notre prochain rendez-vous est le match de rugby France / Afrique du Sud, le 8 novembre.

Info/inscriptions : email: lesfrenchiesjobourg@gmail.com

Lien : Les frenchies de Johannesburg

 

Les frenchies

 

LPJ : Vous êtes l’un des meilleurs connaisseurs français de l’Afrique du Sud. Vous êtes une sorte de référence.  Vous êtes l’un des rédacteurs du guide « Le Petit Futé » concernant ce pays. Vous reste-t’il des choses ou des endroits à découvrir ?

AS : Il y a toujours quelque chose à découvrir ou redécouvrir.

C’est un peu comme un safari, on voit toujours les mêmes animaux mais sous des jours différents à chaque fois et on est sans cesse émerveillé.

Il y a tant de coups de cœur pour ce pays. Je dirais le sens de l’accueil de ses citoyens, l’immense diversité de paysages qu’il propose et l’extrême fierté de son peuple - qui peut parfois friser l’arrogance - mais qui traduit sa soif de reconnaissance après tant d’années de mise au banc.

Et ce qui m’anime, c’est de partager ces découvertes et mes connaissances pour faciliter le séjour de ceux qui viennent ici pour s’y installer ou y séjourner.

 

Lepetitjournal.com / Johannesburg

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