En Afrique du Sud, le nouveau variant inquiète. Le monde entier a les yeux rivés sur l’évolution de cette mutation qui met en péril les espoirs d’immunité collective.
Une situation hors de contrôle en Afrique du Sud
« Les hôpitaux sont pleins à craquer, beaucoup de services sont convertis en unité Covid-19, c’est extrêmement difficile pour le personnel en première ligne », a confié au journal Le Monde le professeur Richard Lessells, spécialiste des maladies infectieuses. Depuis sa découverte le 18 décembre, le nouveau variant originaire d’Afrique du Sud s’est répandu à travers le pays, devenant la souche dominante. En 10 jours, plus de 4000 décès ont été enregistrés, faisant grimper à près de 41000 morts le nombre de décès depuis le début de l’épidémie. Les chiffres de contaminations sont les plus hauts de tout le continent africain, avec 1 412 000 cas depuis le début de l’épidémie.
Les médias sur place témoignent d’une situation extrêmement préoccupante: des hôpitaux saturés, des malades se faisant soigner sur des parkings, des patients qui meurent faute de prise en charge, des soignants qui n’ont pas de protections adéquates… La situation du pays est inquiétante d’autant plus que certaines régions et quartiers sont touchés par une forte précarité. Pour certains, acheter un masque (environ 1 euro pièce) est trop cher, l’accès aux hôpitaux n’est pas forcément possible… Depuis le 11 janvier, le pays est entré en confinement de niveau 3. Couvre-feu instauré de 21h à 5h, fermeture des lieux recevant du public à 20h, rassemblements et vente d’alcool interdits et port du masque obligatoire.
« Variant », nouveau vocabulaire technique de l’épidémie
Pour comprendre ce qu’est un variant, il faut s’intéresser à l’ARN, ces molécules qui portent l’information contenue dans l’ADN. Les « virus à ARN », dont font partie les coronavirus, transportent un petit bout de cette molécule. Chaque fois que le virus infecte un organisme, il se duplique de nombreuses fois, environ 100 fois en 48h soit 10 fois plus rapidement que les autres virus. Lors de chaque duplication l’ARN est copié et il arrive que des erreurs viennent se glisser dans le message entrainant une mutation du virus.
Lorsque la nouvelle mutation inactive le virus ou le rend moins efficace, celui-ci disparait de lui-même ou ne se reproduit pas. Mais il arrive parfois que la mutation rende le virus plus efficace que sa forme initiale : en augmentant la contagiosité ou la transmissibilité par exemple… C’est alors qu’agit la sélection naturelle. Le virus muté, plus efficace, prend le dessus sur le virus traditionnel.
Les variants qui ont émergé récemment, se sont développés dans l’organisme de patients immuno-deprimés infectés par le Covid-19. En manque de défenses immunitaires, les patients ne se sont pas débarrassés du virus qui est resté pendant plusieurs mois dans le même corps. Un véritable laboratoire, dans lequel le virus a pu se dupliquer et se redupliquer multipliant le risque d’erreur. Le hasard a fait le reste et des mutations plus performantes ont émergé.
Le variant sud-africain, résistant aux anticorps
Le variant sud-africain porte la mutation 501Y.V2. Si elle préoccupe autant, c’est parce qu’elle rend le virus indétectable par les anti-corps. L’immunité acquise lors d’une première infection ou lors de la vaccination n’est pas efficace contre cette forme du virus. Quelqu’un qui aura déjà attrapé le virus ou qui aura été vacciné pourra quand même attrapé la maladie transmise par le virus muté. Ce nouveau variant vient troubler l’espoir d’atteindre une immunité collective grâce au vaccin.
Les scientifiques se veulent tout de même rassurants. Les vaccins à ARN (nouvelle forme de vaccin actuellement développée dans les vaccins contre le Covid-19) sont très facilement modifiables pour s’adapter à une nouvelle forme de virus. Selon les scientifiques, il faudrait 6 semaines pour recréer un vaccin adapté aux nouveaux variants. L L’entreprise Moderna, qui a développé le second vaccin contre le Covid-19 a avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché de la part de l’Union Européenne, a dévoilé lundi 25 janvier les résultats de ses premières analyses sur le variant sud-africain. L’entreprise a indiqué que son vaccin restait actif sur la souche du variant sud-africain, malgré une grande diminution de la création d’anticorps qui pourrait en réduire l’efficacité. Ils ont indiqué travailler dès à présent sur un nouveau vaccin de rappel.
Les différents variants qui inquiètent
Aux dernières nouvelles, le variant sud-africain serait présent dans 23 pays dans le monde. En France, plusieurs cas d’infections ont déjà été découverts sans pour l’instant indiquer que le virus muté circulerait sur le territoire. Ce variant n’est pas le seul qui préoccupe les scientifiques. Les variants britanniques et japonais, sont d’avantage contagieux, c’est à dire qu’ils s’implantent plus facilement dans un organisme. Cependant ces deux variants restent vulnérables aux anticorps et sensibles aux vaccins actuels. Le variant brésilien, lui, possède la même mutation que le sud-africain.
Il est très probable que ces variants ne soient pas les derniers. Plus le virus infecte d'organismes, plus les erreurs dans la duplication de l’ARN peuvent être nombreuses pouvant entrainer l’émergence de nouveaux variants.