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POLEMIQUE - Touche pas à ma vuvuzela !

Écrit par Lepetitjournal Johannesbourg
Publié le 21 juin 2010, mis à jour le 13 novembre 2012

Si la semaine a été animée sur les terrains d'Afrique du Sud pour ces 10 premiers jours de compétition, la polémique n'a cessé de retentir dans les tribunes. La faute à cet instrument que le monde a découvert : la vuvuzela. Entre arguments contre la nuisance qu'il provoque et déclarations aux relents colonialistes, l'objet ne laisse pas indifférent. Quitte à en oublier parfois l'essentiel ?

Les supporters Sud Africains sont fiers d'encourager leur équipe au stade comme devant les écrans avec leurs vuvuzelas (crédit photo : Alexandre Capron)

"On n'est pas habitué à ce son insupportable qui nous empêche de nous concentrer" disait déjà le milieu de terrain espagnol Xabi Alonso à la fin de la Coupe des Confédérations en juillet 2009.  "Dans de nombreuses parties du jeu, cela peut un peu vous ennuyer parce que vous ne pouvez rien communiquer à un coéquipier qui se trouve à plus de dix mètres de vous" a surenchérit David Villa à la sortie de la défaite 1-0 de l'Espagne contre la Suisse. Et les joueurs ne sont pas les seuls à pester contre la trompette sud africaine : sur Facebook, les groupes anti-vuvuzela fleurissent, comme le groupe "Si tu continues avec ta vuvuzela, elle va finir dans ton cul" qui a déjà rassemblé 330.000 personnes. Par ailleurs, le site www.antivuvuzela.org souhaite prochainement faire parvenir une pétition en 5 langues à la FIFA pour bannir l'objet des stades, pendant que Canal+ a décidé de diffuser les matchs en filtrant les sons des vuvuzelas.

La zizanie vient elle de la trompette ?

Toutes sortes de réactions, plutôt négatives, ont suivi de la part de téléspectateurs se plaignant des retransmissions bruyantes en passant par des journalistes au stade expliquant qu'ils ne pouvaient pas travailler correctement. Certains ont même parlé d'un regain "néo-colonialiste", d'autres n'hésitant pas à affirmer "que la vuvuzela est de gauche. En effet, la détester et le dire est du racisme [?] selon un certain nombre de bobos de gauche. Et bien sûr, être raciste est forcément de droite [?]."

Plus que du bruit, c'est un festival de couleur qu'offrent les milliers de vuvuzelas (crédit photo : Alexandre Capron)

Au-delà des grands mots et des allusions politiques inappropriées, il s'agit avant tout de comprendre que la vuvuzela n'est pas une tradition récente, popularisée dans les années 1990 par la commercialisation du produit comme beaucoup de médias ont essayé de l'expliquer. La vuvuzela est un symbole beaucoup plus fort remontant aux cornes de koudous utilisées par les guerriers des tribus africaines pour sonner la révolte et appeler à l'aide auprès des tribus voisines en cas d'attaque ennemie, l'instrument s'appelle alors une kuduzela. Mais l'héritage ne s'arrête pas là : depuis les années 1970, les populations noires l'utilisent comme un symbole euphémisé pour partir "à la guerre" et encourager son équipe. L'objet eut d'autant plus une fonction symbolique forte du temps de l'apartheid où les populations noires n'avaient pas la parole. Faire du bruit était dans ce contexte la seule façon de se faire entendre, même s'ils ne s'agissait que de matchs de football.

Respect maestro

Défendre sa culture, c'est le credo principal du comité d'organisation par la voix de Rich Mkhondo : "En tant qu'invités, embrassez notre culture, embrassez la façon dont nous célébrons. Vous aimez [les vuvuzelas] ou vous les détestez. Nous, en Afrique du Sud, nous les aimons". Un point de vue repris par Sepp Blatter, ardent défenseur des vuvuzelas : "J'ai toujours dit qu'en allant en Afrique du Sud, on allait en Afrique. Ici, ce n'est pas l'Europe ! Les interdire serait de la discrimination pure et simple."

Petits ou grands, ils sont tous fans des vuvuzelas ! (crédit photo : Alexandre Capron)

L'argument principal du bruit reste un cache misère. "Les gens disent que ça rend sourd quand on souffle dans l'oreille d'un autre (NDLR : 130 décibels à pleine puissance), mais personne ne fait ca, c'est ridicule ! On souffle en l'air !" explique Major, supporter sud africain. D'autres affirment même que les vuvuzelas peuvent être harmonieuse, en  témoigne le Vuvuzela Orchestra, groupe d'artistes animant certaines fêtes et événements sportifs. "Les vuvuzelas permettent de jouer les rythmes africains et peuvent aussi être utilisées pour accompagner les supporters lorsqu'ils chantent dans les stades, explique son  fondateur, Pedro Espi-Sanchis.  Depuis trois ans, nous avons créé un orchestre de vuvuzelas et  les instruments ont été rallongés ou raccourcis en fonction du son désiré. Nous pouvons obtenir jusqu'à sept sons différents ! Nous appliquons le principe démocratique d'une personne, une note." Un objet créateur d'ambiance et créateur de lien social en somme. Et pour preuve : l'ironie de l'histoire, c'est que l'objet est devenu tellement célèbre que tous les touristes en achètent, et que les vuvuzelas seront présents fin juillet aux quatre coins du globe !

Alors qu'est ce qui dérange avec ces vuvuzelas ? Les bourdonnements ? Le fait que les matchs soient moins spectaculaires car les joueurs peuvent toujours utiliser l'argument du bruit pour justifier leurs piètres prestations ? S'il est exact de regretter que seuls les vuvuzelas animent parfois les stades et que l'on puisse déplorer l'absence de chants de supporters, il est temps d'accepter que le pays hôte célèbre son événement de la manière dont il l'entend. Alors vive les vuvuzelas et vive l'Afrique du Sud !

Alexandre Capron ? (www.lepetitjournal.com/johannesbourg.html) ? lundi 21 juin 2010

Lire aussi note article : Vuvuzelas - Sortez les dolipranes !

lepetitjournal.com johannesbourg
Publié le 21 juin 2010, mis à jour le 13 novembre 2012

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