Le Kathak est une forme de danse classique indienne ancienne du nord et du nord-ouest de l'Inde, symbiose entre les cultures hindoues et musulmanes de l'Inde.
Mais pas besoin d'aller si loin pour la découvrir, sachez qu'à Mumbai le National Centre for the Performing Arts (NCPA) et le Nita Mukesh Ambani Cultural Centre proposent régulièrement des spectacles de Kathak. À Delhi, il existe même un Institut National de la Danse Kathak. Et pour ceux qui ont eu la chance d'assister à un spectacle de Kathakali dans le Kerala, nous vous précisons que le Kathakali n'est pas le Kathak, ce sont deux danses d'origine différente.
Le Khatak serait vraisemblablement né à Bénarès mais tirerait son nom des Kathakars (conteurs) de l'Inde du Nord. Ces bardes itinérants racontaient des histoires légendaires via la musique et les chants accompagnés de mouvements rythmés des pieds, des gestes des mains, des expressions faciales et un travail des yeux. Cet art du spectacle qui incorpore des légendes de la mythologie ancienne et de grandes épopées indiennes est devenu très populaire dans les cours royales du nord du pays. Les écoles de Jaipur, Bénarès et Lucknow sont les plus renommées, et diffèrent principalement par l'accent mis sur le jeu de jambes par rapport au jeu d'acteur.
Petite histoire du Kathak :
Cette danse aurait été évoquée pour la 1ère fois dans un texte hindou sanscrit sur les arts du spectacle appelé ''Natya Shastra'' du dramaturge indien Bharata Muni (IIe siècle av. J.-C).
Mais la véritable impulsion aurait été donnée par Ishwari Prasad, un adepte du mouvement Bhakti à qui le Seigneur Krishna serait apparu en rêves pour lui demander de développer ''la danse comme forme de culte''. Le développement du Kathak s'est alors principalement concentré sur les légendes du Seigneur Krishna et de son amour éternel Radha (symbole de l'amour entre l'âme intérieure et l'âme cosmique). Les compositions et chorégraphies se transmirent oralement de génération en génération avant d'être formalisées par des écoles. Par ailleurs, du statut d'art dévotionnel, le Kathak devint progressivement une danse de cour pratiquée dans les somptueux palais des maharajas hindous.
À partir du 16e siècle, le Kathak entre également à la cour des Empereurs Moghols. Il s'enrichit alors considérablement de la culture persane évoluant ainsi en accord avec l'esthétique de la culture musulmane. Les performances se firent plus sensuelles, les thèmes d'Asie centrale et de Perse sont intégrés à son répertoire, le voile transparent rappelant celui des danseurs de harem qui tourbillonnaient comme dans la danse soufie a été ajouté au costume des danseuses, etc. Le Kathak devint progressivement une fusion d'anciennes formes de danse classique indienne et de formes de danse persane asiatique centrale.
Mais l'arrivée au 18ème siècle des fonctionnaires coloniaux européens, est synonyme de déclin pour le Kathak. Les missionnaires anglicans étaient critiques à l'égard de l'hindouisme, et le révérend James Long alla jusqu'à suggérer que les artistes Kathak devraient embrasser les légendes et les contes européens associés au christianisme et se débarrasser des légendes indiennes et hindoues.
Les missionnaires chrétiens ont lancé un mouvement antidanse en 1892 pour mettre fin à cette pratique. La stigmatisation sociale associée aux danseuses par les missionnaires chrétiens et les responsables britanniques qui les considéraient comme des prostituées, ont discrédité le Kathak. Les danseuses ont non seulement été déshonorées mais ont été également réprimées économiquement par le régime colonial qui faisait pression sur leurs clients pour qu'ils cessent leur soutien financier. À Madras, malgré la désapprobation de la communauté indienne, la coutume de danser dans les temples hindous fut interdite en 1910. Malgré tout, pour empêcher cette forme de danse ancienne de disparaître, les familles indiennes ont continué à l'enseigner, notamment en formant des garçons.
Au début du 20e siècle, et afin de ressusciter l'essence même de la nation, un effort a été fait pour faire revivre la culture et la tradition nationales et redécouvrir la riche histoire de l'Inde. Le mouvement de renaissance du Kathak s'est traduit par la multiplication des écoles de danse et son enseignement fait même partie du programme de certaines universités. À noter que le Kathak n'est pas réservé aux femmes et des danseurs peuvent participer à la danse. De nos jours, le Kathak est la seule forme de danse classique indienne qui présente une forte symbiose entre les cultures hindoues et musulmanes.
Petit guide du spectacle Kathak ''pour les nuls'' :
Avant d'assister à une danse Khatak il faut avoir quelques éléments en tête pour mieux comprendre ce que l'on va voir. Le Khatak peut s'exécuter en solo, duo ou groupe et s'organise en 3 parties :
- L' “Invocation'' où la danseuse part un gracieux mouvement des mains marque le respect à son gourou et aux musiciens sur scène, et invoque les dieux et déesses hindous (ou Allah pour les Kathak musulmans).
- Le ''Nrita'' qui représente la danse véritable. La danseuse exécute une première séquence de mouvements élégants et lents des sourcils, du cou et des poignets, après quoi elle augmente lentement sa vitesse pour terminer une séquence de tourbillons.
- Le ''Nritya'' où la danseuse communique une histoire, des thèmes spirituels, un message ou des sentiments à travers des gestes expressifs et des mouvements corporels plus lents harmonisés avec des notes de musique et des voix. Pendant la représentation, un ou plusieurs artistes Kathak peuvent interagir avec le public, expliquer quelque chose, raconter une anecdote ou réciter une chanson.
Les robes varient selon que le Kathak soit de culture hindoue ou musulmane. Les danseuses hindoues portent un sari ou une jupe longue avec un chemisier alors que les danseuses musulmanes portent un pantalon sous leur jupe et parfois un long manteau couvrant les mains et le haut du corps. Ces tenues sont complétées par un voile, des bijoux et un maquillage plus ou moins important.
Une performance Kathak inclut un petit groupe de musiciens rassemblés sur une estrade placée sur un côté ou au fond de la scène. Une douzaine d'instruments classiques peuvent être utilisés dont les plus fréquents sont le tabla (petit tambour), le manjira (cymbales à main), le sarangi (vièle à archet) et l'harmonium.
Bon spectacle !