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Jason Dembski : “ Le festival HKwalls existe depuis plus de 10 ans”

A l’occasion du lancement prochain de l'édition 2024 du festival d’art urbain HKwalls à Hong Kong, nous avons voulu échanger avec son fondateur Jason Dembski. Découvrez les arcanes de cette initiative qui a définitivement changé la face de Hong Kong.

jason dembskijason dembski
@ Daniel Murray Studio
Écrit par Didier Pujol
Publié le 21 février 2024, mis à jour le 22 février 2024

Je suis tombé amoureux de Hong Kong

Parlez-nous de vous et de la façon dont vous êtes venu à vous intéresser au street art.

Je suis américain de Columbus Ohio et j’ai suivi des études d’architecture à l’université du Michigan. C’est durant mes études entre 2007 et 2009 que j’ai pris l’habitude d'aller à Detroit à la découverte des graffitis qui fleurissaient dans cette ville des États-Unis particulièrement touchée par la crise, ainsi d'ailleurs que de nombreux artistes de rue qui y faisaient des "spraycations". J’ai alors constitué un album photos en ligne de mes trouvailles. Mon intérêt pour l’Asie a émergé en 2008 lors de mon séjour d’échanges d’été à Pékin et de mes visites en Asie à cette occasion. Lorsque mes études ont été terminées, c’est à Hong Kong que j’ai travaillé en bureau d’architecte grâce à deux de mes professeurs qui y ont relocalisé leur bureau depuis Los Angeles pour profiter du marché asiatique.

Trouver des espaces pour les artistes urbains à Hong Kong

Qu’est ce que HKwalls et depuis combien de temps existe ce festival ?

A l’époque où je suis arrivé, la plupart des graffitis en ville étaient illégaux, fruit à la fois d’artistes internationaux et locaux, et largement en dessous du niveau de villes de tailles comparables dans le monde. J’ai repris ma passion pour la photo en partageant mes clichés d’art de rue sur Facebook, Trumbl et Instagram dans un blog intitulé « HK Street Art ». Progressivement l’idée a germé de cherche des endroits pour que les graffeurs puissent s’exprimer. C’est le début du premier festival HKwalls de 2014, un collectif que j’ai formé avec Stan et Maria, ma compagne aujourd’hui. Nous avons cherché des propriétaires volontaires pour proposer un mur à l’art urbain. Nous avons vraiment commencé sans budget et avec des amis artistes que nous connaissions déjà. Cette première édition a permis de récupérer une quinzaine d’endroits, les murs anciens et non maintenus étant relativement nombreux alors. Nous avons bénéficié de donations en nature comme des boissons ou des prestations gratuites de DJs. L’année suivante nous avons eu la chance de bénéficier de l’anniversaire de la marque Agnès B qui a financé le festival, nous lançant sur un modèle plus professionnel. Depuis nous avons travaillé plusieurs années avec la marque Van’s et surtout avec les consulats ou institutions culturelles de plusieurs pays à Hong Kong qui prennent en charge les frais de venue des artistes internationaux.

2023 hk walls
HKwalls 2023 @HKwalls

Nous avons décoré un immeuble de 7 étages

Quel est votre souvenir le plus marquant du Festival ?

En fait, l’année du Covid a été un peu spéciale pour nous dans la mesure où aucun artiste n’a pu venir depuis l’étranger. Du coup nous avons travaillé qu’avec des graffeurs de Hong Kong, dans une ambiance intimiste très particulière qui a tissé des liens très forts. Cette année-là, nous sommes allés à Sai Kung, transformant le paysage urbain de cette petite station balnéaire pour toujours. Les hébergements abordables étant limités, il a fallu beaucoup d’énergie et de déplacements depuis le centre de Hong Kong mais l‘atmosphère était exceptionnelle. En 2016, la couverture des 7 étages d’un bâtiment de Sham Shui Po marque aussi une étape, la taille du projet obligeant à mobiliser une surface d’échafaudage encore inédite. Le temps d’obtenir les autorisations, l’artiste espagnol Okuda avait déjà pris de cours tout le monde, en entamant son travail 3 jours avant le lancement du Festival, suite à une erreur de communication. Le succès des premières photos sur les réseaux sociaux a créé un vrai enthousiasme et le Festival a finalement démarré de lui-même grâce au buzz généré. Aujourd’hui la difficulté principale du Festival est de trouver de nouveaux espaces. Nous avons commencé à recouvrir chaque année les œuvres des années précédentes, renouant finalement avec les origines de cet art éphémère et incitant chacun à suivre la nouvelle saison pour découvrir les nouvelles couleurs de la ville.

maye et hera
Oeuvres des artistes français Maye et allemande Hera Courtesy of HKwalls

Une programmation locale et internationale

Parlez-nous de la programmation 2024

Aujourd’hui nous avons décidé de nous replier sur les districts Western et Central afin de simplifier la logistique de l’événement et de tenir compte des ressources financières limitées du festival. Notre idée est de focaliser sur la variété, l’originalité et non sur la taille, ce qui est conforme à l’esprit initial du street art. Il devient par ailleurs compliqué d’obtenir des surfaces neuves, non pas que les règles esthétiques soient plus contraignantes mais parce que le niveau d’exigence des propriétaires quant aux contenus des œuvres a suivi la période de l’expression libre. Nous devons aussi veiller à respecter les lois de Sécurité Nationale et à demander aux artistes de se conformer à la loi. Cette année, nous bénéficions du soutien des institutions européennes et américaines pour faire venir une nouvelle sélection inédite d’artistes. Pour les Français, on peut citer Maye. Côté Allemand nous avons Hera, pour les Belges Jaune, l’Irlande avec Aches et ce n’est pas fini puisque le programme complet est encore en confirmation. Signalons le programme de tutoring déjà engagé par trois mentors (Kato, Graph Airlines et Parents Parents) qui se tient près de la HK Observation Wheel. La collaboration avec Hong Kong Baptist University dont les élèves vont assister les artistes dans leur travail et où se tiendront des ateliers.

etudiants hk walls

Comment le public, les citoyens ou les artistes peuvent-ils participer ?

Bien entendu, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. Notre premier besoin est celui d’espaces à décorer, ce qui conditionne le nombre d’artistes participant. Les habitants de Hong Kong peuvent participer aux ateliers et aux séances de tutoring et bien sûr faire connaître les artistes et les œuvres par leurs photos durant le festival du 23 au 31 mars 2024. Notre site permet à chacun de proposer sa participation, artistique, matérielle ou financière.

Site de HKwalls

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