Hong Kong a interdit l’importation de poisson en provenance de dix préféctures japonaises après la décision de Tokyo de déverser les eaux radioactives de la centrale nucléaire de Fukushima dans l’océan. Trois semaines après cette décision, les restaurateurs hongkongais sont en difficulté.


Dix préfectures japonaises rayées des importations, et des poissons passés sous contrôle de radioactivité : telles sont les mesures prises par Hong Kong ces trois dernières semaines "par précaution sanitaire". Le 23 août, Tokyo a enclenché son opération de déversement des eaux traitées de la centrale nucléaire de Fukushima sur 30 ans. Craignant une trop forte concentration en tritium, élément radioactif mortel, les autorités chinoises ont décidé de couper net à l'importation de poisson japonais. Cependant, d'après l'Agence Internationale de l'Energie Atomique, organisme international de l'ONU, les concentrations en tritium seraient largement en dessous des seuils limites et les rejets ne constitueraient pas un danger ni pour la faune et la flore locale, ni pour la santé publique.
Des pertes pour les restaurateurs hongkongais
Quel est l'impact sur les restaurateurs hongkongais concernés ? Début septembre, le président de la Hong Kong Federation of Restaurants and Related Trade Simon Wong prédisait une baisse de 20 % à 30 % du chiffre d’affaires de ces derniers. En effet, de nombreux restaurants japonais à Hong Kong importaient leur poisson directement du Japon, et notamment des dix préfectures visées par l'interdiction.
Si l'une des craintes principales étaient initialement la question de la chaîne d'approvisionnement, il semblerait que le problème viendrait aujourd'hui des consommateurs eux-mêmes. Selon un sondage réalisé par la Hong Kong Research Association, près de 60% des sondés ont déclaré vouloir réduire leur consommation de poisson japonais.
« Les clients ont pris peur et ne viennent plus », déclare le patron de Wako Sake Sushi. Ce restaurant de Sheung Wan a vu son chiffre d’affaires chuté de 50% depuis le début de l'arrêt des importations.
D’autres restaurateurs racontent ne pas subir des pertes aussi importantes, même s’ils font l’objet de questions nouvelles de la part de leur clientèle. Tous sont, cependant, unis sur un sujet : leurs nouveaux contrats d’approvisionnement en produits de mer chinois, parfois russes, ou même venant de préfectures japonaises non concernées par l'interdiction, ont toute chance de s’installer dans la durée.
Une crise géopolitique entre le Japon et la Chine
Cette réorientation ne manque pas de frapper de plein fouet la filière des produits de mer japonais : selon les statistiques du gouvernement japonais, la Chine et Hong Kong représentent plus de 50 % des exportations du secteur. Le Premier Ministre japonais Fumio Kishida annonçait début septembre un plan d’urgence de 20 milliards de yen pour secourir les entreprises touchées.
L’interdiction des importations n’a pas manqué de révéler l’état des relations diplomatiques entre la Chine et le Japon. Les relations entre les deux grandes puissances de l'Asie-Pacifique n'ont cessé de croître au fil des ans, sur fond de tensions géopolitiques avec Washington. Pékin parlait fin août d’une mesure « irresponsable et égoïste », tandis que Tokyo dénonçait une interdiction des importations « politique et sans fondement scientifique ». Une plainte auprès de l'Organisation Mondiale du Commerce, évoquée par Fumio Kishida début septembre, pourrait être déposée... Sans signe de changement de position de la part des deux partis.
Sur le même sujet
