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L'été dernier il nous régalait avec une exposition mettant en valeur sa collection d'illustrés homonymes du Petit Journal, il revient en ce début d'année 2014 avec une actualité plus personnelle, Hong Kong Trilogy, son nouveau livre lancé samedi 22 février dans son studio de Chai Wan. L'occasion pour lepetitjournal.com d'évoquer avec lui son parcours et sa vision de Hong Kong ?
Fiche signalétique
Nom : Michael Wolf
Métier : Photographe de presse devenu artiste-photographe
Trait particulier : Collectionneur
Fil conducteur : "Life in cities" (la vie dans les villes)
Son antre : Studio de Michael Wolf, Kailey Industrial Building à Chai Wan
Repères chronologiques : 40 ans de carrière, depuis 20 ans à Hong Kong, 10 ans de créations personnelles ?
Un site : http://photomichaelwolf.com/
Son dernier livre : Hong Kong Trilogy
Photographe de presse
Michael Wolf commence sa carrière dans les années 1970 en Europe, comme photographe de presse pour des magazines allemands et internationaux après une formation à la Volkwang School : "C'était une profession incroyable : je pouvais faire quelque chose que j'aimais et en vivre. Le photojournalisme connaissait un âge d'or, l'Allemagne était à la pointe et quiconque sortait de la Volkwang School avec une bonne thèse était sûr d'avoir un travail. C'est comme ça que j'ai démarré, en voyageant pour couvrir des reportages?
Collection « Architecture of density » © Michael Wolf
Dans les années 1970 en Europe, la seconde guerre mondiale était déjà loin mais il restait encore beaucoup de cicatrices, c'était une époque encore un peu chaotique et intéressante professionnellement : la bande à Baader, les terroristes, la guerre froide, l'armée rouge ... mais au début des années 1990, j'ai commencé à m'ennuyer. L'Europe avait changé, en particulier l'Allemagne, tout s'était lissé et commençait à se ressembler quel que soit l'endroit où vous alliez ; je suis devenu cynique, il n'y avait plus rien de positif pour moi et il me fallait partir ailleurs."
L'intuition de Hong Kong
"Je n'avais alors pas d'attaches et j'aurais pu aller n'importe où. Je suis venu à Hong Kong par accident, en regardant un globe. Dans ma tête j'envisageais toutes les destinations possibles, Moscou, Buenos Aires, et je m'écoutais. Mais à chaque fois, ça ne résonnait pas en moi, jusqu'à ce que j'arrive sur Hong Kong et sur une impression. Instinctivement, j'ai alors véritablement senti que c'était l'endroit où aller." Michael Wolf s'installe sur le territoire en 1994, un contrat free-lance en poche signé avec le magazine Stern intéressé par l'aventure. Le contexte est favorable car la Chine est alors un vaste "trou noir" qui intrigue le monde et la rétrocession de Hong Kong approche. Correspondant pour l'Asie, le photographe sillonne le continent et passe 6 mois par an de l'autre côté de la frontière.

Collection « Hong Kong Back door » © Michael Wolf
Le SRAS, le déclencheur
Avec cette rupture, Michael Wolf décide de réaliser ses propres projets, se donne deux ans « pour essayer » sans vraiment savoir encore comment cela se fera : il n'a alors dans son portfolio, qu'une collection de "bastard chairs" commencée dans les années 1990, des photographies de chaises rafistolées qu'il ramène de chacun de ses voyages en Chine. Mais la conjoncture va une nouvelle fois guider le photographe. "Au moment où j'ai quitté le journalisme en 2003, il régnait à Hong Kong une atmosphère de fin du monde à cause du SRAS. Comme beaucoup d'étrangers, ma femme et mon fils sont partis à Noël et je ne savais pas moi-même si je resterais. J'ai réalisé alors que je n'avais jamais fait de vrai travail sur Hong Kong où je vivais depuis 8 ans, une sorte de crime en photographie, une immense opportunité manquée. Je me suis donc mis au travail et suis sorti presque tous les jours pendant 6 semaines pour prendre des photos qui sont à la base de mon projet 'Architecture of density', "Density and the back door'."
Dehors, dedans, l'oeil sur la vie de la cité
Avec "Density", il photographie la ville comme jamais auparavant : des façades d'immeubles, géométriques, sans limite, sans ciel, ni sol, illustrant parfaitement la densité de la cité. Le concept séduit un galeriste qui emmène quelques épreuves à Chicago et à partir de là, l'artiste prend définitivement 
Collection « Hong Kong night » © Michael Wolf
Artiste photographe, collectionneur obsessionnel
Les projets, les expositions et bientôt les publications s'enchainent. Le photographe est représenté par plusieurs galeries à travers le monde et en quelques années, la réputation de Michael Wolf n'est plus à faire, il est un incontournable du monde visuel hongkongais mais aussi du monde visuel urbain, notamment avec son "Tokyo Compression", un peu dérangeant mais très fort, qui fixe les gens au travers des masses qui transitent par le métro à Tokyo. Son travail ressemble à son parcours : sans plans ni préconceptions, le photographe suit tout simplement ses intuitions et sa collectionnite : "Je fais des photos tous les jours. Je me promène et je prends des photos, sur toutes sortes de sujets. Je suis un collectionneur. Ca pourrait être un mauvais trait de caractère mais pas pour l'art parce que cette obsession donne la volonté d'aller au bout et c'est là que ça devient intéressant, quand une trame commence à se dessiner. Mon premier projet par exemple, les 'bastard chairs', je ne savais pas d'avance que ça deviendrait un sujet aussi important. J'étais juste fasciné par ces chaises que j'aime ; je trouve que ce sont de beaux objets mais ce n'est qu'après leur accumulation et avoir terminé que j'ai compris qu'elles étaient une métaphore de la Chine ; ces chaises ont leur propre esthétique qui relèvent du design alors qu'elles n'en ont pas."
La beauté des petites choses, la référence à Hong Kong

Collection « Hong Kong Corner houses » © Michael Wolf
Plus qu'un studio, un "Wunderkabinett", lieu de partage
Depuis l'année dernière, l'artiste-photographe s'est ancré un peu plus à Hong Kong en installant son propre studio à Chai Wan, un endroit ouvert au public sur rendez-vous, véritable lieu de rencontre et de découvertes. "J'ai été très productif ces 10 dernières années et j'en ai eu assez de ne voir le résultat de mon travail que sur mon écran d'ordinateur. J'ai pensé qu'il était temps d'avoir mon propre studio. Et comme je n'ai pas de galerie me représentant ici à Hong Kong, j'ai pensé que je pourrais en faire une salle d'exposition, une plateforme pour mon travail et mes collections ... Car en plus de mes photos, j'ai amassé au cours de ma vie une énorme collection de toutes sortes d'objets. C'est un peu l'idée du ?Wunderkabinett' (cabinet de curiosités) dont chaque chose a une histoire prête à être racontée, une autre forme de communication."
C'est dans cet antre que le photographe vient de lancer son nouveau livre et l'endroit où vous pourrez le rencontrer si l'envie vous prend et nul doute qu'avec un peu de curiosité, les sujets de dialogues ne manqueront pas.
Sophie Mabru (www.lepetitjournal.com/hong-kong) mercredi 26 mars 2014
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Infos pratiques:
Hong Kong Trilogy Michael Wolf's studio : Kailey Ind'l Building, Block A, 5/F, unit4, 12 Fung Yip Street, Chai Wan, Hong Kong Contact: Sarah Greene, sarah@bluelotus-consultancy.com, + 852 6100 1295 |








