Fang Zhaoling est l’une des rares artistes chinoises à s’être fait un nom au XXe siècle. L’Asia Society Hong Kong consacre une exposition à cette calligraphe d’exception, à ses 50 ans de carrière, 50 ans de paysages naïfs et intimistes, d’optimisme et de couleurs.
Veuve jeune, mère de huit enfants, Fang Zhaoling (1914-2006) s’est imposée malgré tout (et malgré l’époque) comme l’une des figures de proue de la peinture chinoise. « Elle est l’une des artistes les plus originales du XXe siècle. Elle avait une ouverture d’esprit remarquable. Toute sa carrière a été marquée par sa vie personnelle, une vie de féministe avant l’heure », explique Julia F. Andrews, l’une des commissaires de l’exposition présentée jusqu'en décembre. Disciple des plus grands maîtres, elle a peint toute sa vie ou presque, une œuvre prolifique qui toujours porte en elle la Chine et les réminiscences de ses paysages grandioses.
Née en Chine, Fang Zhaoling est dès l’adolescence une calligraphe talentueuse. Elle part à l’étranger se former, notamment en Grande-Bretagne où elle rencontrera son mari. Quand la guerre civile éclate en Chine, elle immigre avec lui à Hong Kong. S’en suivent des voyages, les Alpes suisses, Vichy en 1937, une exposition au Japon, puis la fuite de Hong Kong à l’arrivée des Japonais en 41. Ce sera ensuite le départ pour les Etats-Unis.
L’exposition retrace les différentes périodes de sa carrière. Il y a d’abord les oiseaux et paysages traditionnels hérités de l’école de Lingnan. Puis le travail inspiré dans les 1950 par son maître Zhang Daqian, artiste canonique de la peinture à l’encre. L’exposition montre aussi comment Fang Zhaoling s’oriente dans les années 1960 vers la naïveté et la simplicité de Qi Baishi, tout en bousculant les codes, en introduisant des images intimes et personnelles, en approfondissant des techniques de peinture différentes.
Puis Fang Zhaoling introduit plus d’abstraction dans ses œuvres, avant dans les années 70 d’étendre encore la couleur. Elle approfondit dans le même temps la calligraphie, qu’elle incorpore très souvent dans ses toiles.
C’est ensuite l’ouverture de la Chine et Fang Zhaoling peut retourner sur sa terre natale. Elle y multipliera les voyages qui marqueront son style. Elle y retrouvera les paysages grandioses qui l’exaltent et illuminent sa peinture, explique la commissaire d’exposition.
Fang Zhaoling continue d’explorer de nouvelles techniques, de nouveaux pigments. Elle passe à une œuvre « plus monumentale et puissante », avec des couleurs plus excentriques, de grandes montagnes et des maisons troglodytiques symboles pour elle de paix et d’harmonie. Les souvenirs de Chine se mêlent aux paysages de Californie.
Elle est encore plus désinhibée à la fin de sa carrière, plus exubérante dans les couleurs, son optimisme et sa joie. Elle peint en 1996 une œuvre intitulée « A smooth transition » autour de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, tout en couleurs, en messages positifs, en espoirs, à l’image de ces milliers de cerisiers japonais en fleur qui illuminent ses dernières toiles.
PAINTING HER WAY, exposition dédiée à Fang Zhaoling du 27 septembre au 31 décembre 2017.
Première exposition d’une série consacrée aux femmes
Ouvert du mardi au dimanche de 11 h à 18 h, nocturne jusqu’à 20h le dernier jeudi de chaque mois - Entrée gratuite
Série de conférences et d’ateliers autour de l’artiste et autour de la place des femmes dans l’art et la société. Programme complet à http://cfa.asiasociety.org.hk/en/ganfzhaoling
Chantal Miller Gallery - Asia Society Hong Kong Center - 9 Justice Drive Admiralty
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